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Le siècle des grammairiens

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  1. XVIII e siècle.

1. François de Malherbe (1555 – 1628) et la «pureté» de la langue

Le premier grammairien de ce siècle s’étant opposé à la liberté illimitée de la Pléiade quant à la création des mots nouveaux et la syntaxe latinisante, fut François de Malherbe. («Enfin Malherbe vint» Boileau, le théoricien du classicisme salua ainsi, à la fin du XVIII e s., dans son Art poétique, l’arrivée de Malherbe sur la scène littéraire). Contrairement à la conception d’une «langue nationale composite» propre à P. Ronsard, Malherbe désire une langue conforme à un usage qui serait compris à la fois des grands seigneurs et des «crocheteurs du Port-au-Foin».

En recommandant la rigueur et l’ordre, en ne faisant appel ni à l’imagination ni à l’émotion, et en prescrivant le respect de l’usage courant, Malherbe contribua à épurer la langue foisonnante du XVIe s. cherchant ainsi à «discipliner» la langue littéraire.

Les idées philosophiques de Descartes ont servi de base à sa théorie lexicologique. Le rationalisme de Descartes veut que tout dans la langue soit régi par la raison, donc, il faut rejeter le superflu, l’incorrection, l’artificiel, tout ce qui n’est pas clair. Malherbe se prononça pour une écriture plus naterelle, plus simple et plus concise. Selon lui, une oeuvre littéraire doit être logiquement pensée, doit se reposer sur la raison, doit exlure l’incohérence. L’expression ne doit laisser place à aucune ambuguïté. Malherbe estimait qu’il fallait chasser de la «haute poésie» les latinismes, les mots provinciaux (maint et maint, avoir deuil – gascon), poursuivre les archaïsmes (ardre, bienheurer, chef = tête, etc.), débusquer les termes techniques, éviter les néologismes, exterminer les mots grossiers, qualifiés de «sales» ou «bas» (barbier, estomac, poitrine, cadavre, etc.), tous les mots qui peuvent être ambigus. Clarté et sobriété sont selon lui les deux critères à privilégier pour s’exprimer: les images exagérées, les métaphores inexactes sont à écarter. D’après Malherbe, ces mots empêchent de comprendre les pensées du poète, tandis que la langue doit être pur, clair et précis.

F. Malherbe excelle surtout dans la lexicologie, il détermine la signification des mots, précise les nuances de sens, les règles des agencements et des acceptions des synonymes. Soucieux du langage poétique, il fixe les règles de l’accord, de l’emploi des articles, des temps et des modes, de l’ordre des mots, etc. Fin connaisseur du français, F. Malherbe a montré que les constructions latines jugées trop «lourdes» ne conviennent pas à la structure syntaxique de la langue française. Un certain côté puriste chez F. Malherbe est en rapport avec les exigences de son époque: ce qui importe, c’est un choix rigoureux de mots et d’expression aptes à rendre la pensée avec exactitude et précision. Victor Hugo lui reprochera même d’avoir parqué les mots en castes: les mots «nobles» et les mots «plébés». Il importe de préciser que la doctrine de F. Malherbe vise la langue poétique en premier lieu, tandis que les disciples ont appliqué ses principes à l’usage commun du français, au vocabulaire du français tout entier. Cette pratique est à l’origine du purisme – souci exagéré de la pureté de la langue.

Mais, il convient de le souligner, l’exubérence baroque, malgré les efforts de Malherbe, domine toujours durant cette période.

F. Malherbe est considéré comme précurceur du classicisme ayant jeté les bases de la nouvelle théorie linguistique qui s’installe définitivement avec les Remarques sur la langue français de Vaugelas.

2. Claude Fabre de Vaugelas (1585 – 1650)

Dans le travail, en quelque sorte préparatoire, de réforme de la langue française, le grammairien Claude Fabre de Vaugelas joue un rôle important et continue la tâche entreprise par Malherbe. Ses Rémarques sur la langue française publiées en 1647, précisent ses objectifs et sa méthode. Frappé par luxuriance à laquelle aboutirent notamment les efforts de la Pléiade, il est partisan d’une épuration destinée à forger de la langue française un outil simple, précis, efficace. Pour parvenir à ce résultat, il s’appuie sur l’usage: la référence, pour lui, est constituée par les gens de la cour, garants du bon goût et du bien parler.

Raisonner sur la langue n’est pas l’objectif des Remarques, il s’agit simplement de décider au nom du bon usage: si tel mot, telle expression, tel tour est correct.

Cette affirmation a rendu célèbre C. Vaugelas: «Le mauvais se forme du plus grand nombre de personnes, qui presque en toutes choses n’est pas le meilleur, et le bon au contraire est composé non pas de la pluralité, mais de l’élite des voix, et c’est véritablement celui que l’on nomme le maître des langues. Voici donc comment on définit le bon usage: c’est la façon de parler de la plus saine partie de la Cour, conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des Auteurs du temps». La doctrine de C. Vaugelas, comme celle de F. Malherbe, est en rapport avec l’ordre des choses au XVII e s. où le pouvoir absolu du roi et de la cour est dans l’esprit général de l’époque.

Pour fixer et régler la langue, il s’agit d’après Vaugelas, de tenir compte de tous les facteurs: d’une part, il faut prendre en considération les règles de grammaires, d’autre part, s’appuyer sur l’usage du langage dans la société. En cas de doute, Vaugelas recommande de consulter les bons auteurs classiques. Tous les faits nouveaux de la langue doivent être créés conformément aux règles de la grammaire et à l’usage du langage de la Cour ou se crée par analogie. Les particuliers n’ont pas le pouvoir de faire de mots nouveaux: ils les recoivent de la langue.

Préoccupés d’«épurer» la langue par crainte d’une «corruption» éventuelle, les disciples de Vaugelas proscrivirent les italianismes, les archaïsmes, les provincialismes, les termes techniques et savants, bref les mots «bas». Voici comment Nicolas Faret (1600-1646), un ami poète de Vaugelas, décrivait l’oeuvre de son maître dans L’Honnête Homme ou l’art de plaire à la Cour (1630): «M. de Vaugelas s’était appliqué dans ses Remarques à nettoyer la Langue des ordures qu’elle avait contractées ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du palais, et dans les impuretés de la chicane, ou par le mauvais usage des Courtisans ignorants, ou par l’abus de ceux qui disent bien dans les chaires ce qu’il faut, mais autrement qu’il ne faut»

Les adversaires de la doctrine du purisme jugé excessif proclamée par Cl. Vaugelas estiment qu’une langue ne peut et ne doit pas être fixée, que la langue des nobles est loin de pouvoir servir d’exemple, car les courtisans sont pour la plupart des gens «sans littérature». Aux partisans du libéralisme linguistique la réponse de Vaugelas fut: «Ciceron a-t-il esté moins estimé pour avoir eu un soin extraordinaire de la pureté du langage».

Les idées puristes de Vaugelas sont soutenues par l’Académie française. Lui-même, soucieux d’une langue exacte et pure, éloignée de l’ambiguïté et guidée par la raison, il devient une référence particulièrement suivie de la langue classique.


Дата добавления: 2015-08-03; просмотров: 103 | Нарушение авторских прав


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