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Le XVII e s. se présente comme le siècle du classicisme.
Dans la littérature la première moitié du XVII e s. est celle de l’hésitation entre une manière marquée par l’excès, au sortie des guerres de religion, et une façon plus mesurée, moins désordonnée, une aspiration à l’ordre, mais à un ordre encore en voie de construction. Au milieu du siècle les écrivains, tout en continuant à être séduite par la diversité, sont davantage attirés par les normes et par la certitude, qu’ils se proposent comme un idéal difficile à atteindre, mais néanmoins accessible. Paul Scaron (1610 – 1660), inventeur d’un burlesque qui démonte les contradictions, René Descartes (1596 – 1650) ou Blaise Pascal (1623 – 1662), à la recherche passionnée de la vérité, le dramaturge Pierre Corneille (1606-1684), dont le théâtre consiste en une quête enthousiaste de l’honneur et de la domination de soi en sont les représentants les plus caractéristiques de la littérature du XVII e s.
La portée des idées des réformateurs (F. de Malherbe, C. Vaugelas et d’autres) n’est pas à sous-estimer. Ils ont accompli un travail énorme pour préciser les significations de beaucoup de mots français et accorder à chaque mot une place qui lui vient de droit afin que son emploi soit exact. Une minutieuse étude des mots a permis aux écrivains de l’époque de créer un style sobre, concis et clair, propre à la littérature classique dont la naissance date du milieu du XVII e s. Une autre tâche du français classique qui incombe à des grands maîtres de la prose du XVII e s. était de créer une syntaxe française (au XVI e s. la syntaxe de la phrase française était latinante par excellence). La nouvelle phrase française très claire et très agile serait, à son tour, l’instrument ordinaire des Encyclopédistes du XVIII e siècle.
Trois grands principes doivent s’imposer dans la littérature: celui d’une raison synonyme de bon sens; celui de la nature, qui exclut ce qui sort de l’ordinaire; celui d’une vérité donnée par l’expérience moyenne. L’expression doit elle aussi s’inspirer de cette recherche de la modération et de l’équilibre. L langue doit être respectée, la propriété des termes recherchée. L’ordre et la clarté doivent triopher, porteuses de concertation, de sobriété, de discrétion.
Le XVII e s., comme le XVI e s., éprouve une curiosité intense pour l’homme, qui demeure un objet privilégié d’analyse littéraire. Sous l’influence de la cour et de salon, une transformation radicale s’opère dans les formes utilisées. La seconde partie du XVII e s. voit l’éclosion de multiples manières destinées à exposer les idées de façon plaisante. Elle refoule hors du domaine littéraire les écrits scientifiques que le XVI e s. y intégrait et que le XVIII e s. y intégrera à nouveau. Ainsi se développe le genre de la lettre, avec Guez de Balzac (1505 – 1654), Cyrano de Bergerac (1619 – 1655) ou la marquise de Sévigné (1626 – 1693); les mémoires, avec le cardinal de Retz (1613 – 1679); l’art oratoire religieux, avec Bossuet (1627 – 1704) ou Fenelon (1651 – 1715); les maximes, avec La Rochefoucauld (1613 – 1680); le portrait, avec La Bruyère (1645 – 1696). Dans le même temps, poésie, roman et théâtre affichent, de façon particulièrement aiguë, le souci d’enseigner et de moraliser.
La littérature d’idées, durant le XVII e s., peut se répartir en trois grandes catégories: une littérature philosophique et religieuse, dont l’épanouissement s’explique par les conflits idéologiques qui se développent alors; une littérature d’analyse psychologique, marquée par l’inspiration mondaine; une littérature de la théorie littéraire et linguistique, dont le développement est dû aux efforts de la régularisation de la création.
L’honneur d’avoir créé une prose classique revient à B. Pascal (1623-1662) qui se distingue par la souplesse et la légèreté de son style. B. Pascal est aussi un éminent mathématicien et physicien.
Les écrivains s’alignèrent et se soumirent au conservatisme de la langue distinguée, sinon à cet «art de dire noblement des riens». En dépit de leurs qualités et du prestige dont ils jouissaient en France et à l’étranger, les écrivains du Grand Siècle, tels que Bossuet, Corneille, Racine, Boileau, Molière, La Fontaine, Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère, etc., ne créèrent pas eux-mêmes le français de leur temps, et n’essayèrent même pas d’imposer leur façon de voir. La langue littéraire de cette époque semblait moins une entreprise individuelle qu’une œuvre collective, amorcée par F. Malherbe, puis continuée par une élite aristocratique et bourgeoise au sein de laquelle les grammairiens eurent le premier rôle. Tous ces gens firent de la langue française une forme d’art qu’ils imposèrent à la société cultivée de Paris.
Placée entre les mains des habitués des salons et de la cour de Louis XIV, la langue littéraire finit par être celle du monde élégant et cultivé. Cela se reflète aussi sur les lettres: le parler quotidien est admis seulement dans les «bas genres» littéraires, tels que la comédie, le roman bourgeois, la farce, la fable.
Le style burlesque apparaît comme antagoniste du classicisme. Exploité notamment par Paul Scaron (1610 – 1660), il joue sur l’outrance et utilise les effets de contraste, d’opposition, se plaisant notamment à traiter des sujets sublimes, en utilisant un style bas. Il s’agit là d’une contestation des normes littéraires souvent pratiquée par des libertins qui en font un instrument de leur contestation morale, sociale et politique.
S’affirme une volonté d’assurer la prééminence de la littérature nationale. Certes, l’imitation est loin d’être exlue: l’Antiquité latine et grecque, l’Italie et l’Espagne contemporaines exercent une influence certaine sur l’écriture. Mais monte le désir d’interpréter, de façon originale, ces sources et de faire en sorte qu’à son tour la littérature française soit reconnue et imitée.
La composition sociale des écrivains subit elle aussi une certaine modification. La bourgeoisie «intellectuelle» et «parlementaire» continue à fournir les gros bataillons: voilà qui n’est pas surprenant, puisqu’il s’agit, en l’occurence, de la classe cultivée par excellence. Le peuple, marqué par un analphabétisme massif, est presque totalement exclu de la création. Au contraire, la noblesse, jusque-là peu représentée, se lance résolument dans l’écriture, d’autant plus facilement que, pour elle, les problèmes matériels ne se posent guère. Cette irruption peut être illustrée par des noms comme ceux de La Rochefoucauld (1613 – 1680), Saint-Evremond (1613? – 1703), Madame de Sévigné (1626 – 1696) ou Madame de la Fayette (1634 – 1693).
Дата добавления: 2015-08-03; просмотров: 150 | Нарушение авторских прав
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