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1. Le français a éliminé définitivement les diphtongues.
La dernière des diphtongues eò (< [ eau ]) se réduit en [ o ] en français littéraire, tandis que le langage populaire connaît deux prononciations – [ o ] et [ io ] (dans l’orthographe biau, morciau, etc.)
2. Un autre phénomène intéressant concerne la prononciation de l’ancienne diphtongue oi; l’usage littéraire en connaît deux variétés:
A. oi > [ wε ]: croire [ krwεr ], boire [ bwεr ], moi [ mwε ], toi [ twε ], roi [ rwε ], François [ franswε ], etc. Le langage populaire oppose à la prononciation littéraire [ wε ] la forme [ wa ] condamnée par l’usage du XVII e s. Ce n’est qu’à la fin du XVIII e s. que [ wa ] va gagner la norme, rejetant [ wε ] comme archaïque. La prononciation [ wε ] se retrouve parfois encore jusqu’au XIX e s. dans les milieux aristocratiques qui conservaient la prononciation traditionnelle de la cour. Fait curieux: un professeur à l’Université de Louvain, le baron de Béthune, restait fidèle à la prononciation [ wε ], par ex., dans le mot roi, qu’il prononçait [ rwε ] au début du XX e s. (cit. Phon. Hist. Borodina, p.69).
B. oi > [ ε ]:
– dans les désinences de l’imparfait (et du conditionnel) - ois [ ε ]
– dans quelques mots au radical - oi -: roide [ rεd ]
– dans quelques mots au suffixe - ois: françois [ fransε ]
Au XIX e s. dans les cas ci-dessus l’ancienne orthographe de cette diphtongue - oi - est remplacée par - ai -: je dorm oi s > je dorm ai s, etc.
C’est de là que proviennent les doublets Français et François:
Franç oi s [ wε ] > [ ε ] (remplacé dans l’orthograpge par ai) > Franç ai s (nom du peuple);
Franç oi s [ wε ] > [ wa ] (l’orthographe reste ancienne) > Franç oi s (nom propre)
3. L’usage normalisant garde les [ e ] dans les syllabes initiales et tend à les fermer sous l’influence de nombreux emrunts et les préfixes savants latins: b e nin > b é nin, pr e sent > pr é sent, d e sir > d é sir, etc. Certains mots ont perdu e à jamais: b e louse > blouse, etc.
4. L’hésitation entre la prononciation ouverte ([ o ]) et fermée ([ y ]) de ou est attestée au cours du XVII e s. Vers la fin du siècle la prononciation se stabilise: les mots tels que s ou ris, m ou lin, etc. choisissent la pronociation plus fermée, c.-à-d. [ u ], tandis que d’autres la pronociation plus ouverte [ o ]: col o nne, c o lorer, etc.
5. Comme le e final est sujet à l’amuïssement, l’accentuation française devient oxytonique par excellence à la fin du XVII e s. La langue a recours à l’accent paroxiton seulement à des fins rythmiques et stylistiques dans le langage littéraire en restituant le e final: un e barb e bleu e.
6. Le système des voyelles nasales s’est consitué définitivement vers le XVII e s. Cela est dû en partie à la dénasalisation complète des consonnes nasales en syllabe ouverte: pl ei n / pl ei ne. De la même époque date la dénasalisation des [ ã ] [ õ ] devant une consonne nasale: pays an n e [ pejz a n ], pers on n e [ pers o n ], h om m e [ o m ], etc.
7. La loi de position prend de l’ampleur, le timbre de certaines voyelles dépendant de plus en plus du caractère de la syllabe (ouverte/ fermée) et de l’accent (accentuée / non accentuée).
La voyelle fermée [ e ] ne fonctionne qu’en syllabe ouverte; respectivement, la voyelle ouverte [ ε ], ne fonctionne qu’en syllabe fermée: pére [ p e rэ ] > père [ p ε r ], etc.
Les voyelles labialisées ouvertes [ o ] et [ oe ] ne s’emploient pas en syllabe ouverte accentuée alternant en cette position avec les voyelles correspondantes fermées: s o tt e / s o t, p eu r / p eu, etc.
8. A la suite de la chute de s et de n devant consonne, de la réduction des hiatus et de l’amuïssement du e final après voyelle certaines voyelles ont acquis une nouvelle caractéristique – la longueur dite aujourd’hui historique: oste > hôte [o:t], eage > âge [a:g], joue > joue [gu:]. La disparition des consonnes est marquée dans la grapnie par l’accent circonflexe.
Дата добавления: 2015-08-03; просмотров: 123 | Нарушение авторских прав
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