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Nuit abominable. J’ai essayé de lire Tatler, pour m’endormir, et, pour couronner le tout, je suis tombée sur une photo de ce putain de Mark Darcy, qui figure parmi les cinquante célibataires les plus enviables du moment, avec commentaires soulignant combien il est riche et merveilleux. Beuh. Ça n’a réussi qu’à me déprimer davantage. Bon. Je vais arrêter de pleurnicher sur mon sort et passer la matinée à apprendre les journaux par cœur.
Midi. Rebecca vient d’appeler, pour savoir si j’allais «bien». J’ai supposé qu’elle pensait à ma rupture avec Daniel.
– Couci-couça! Tu sais, ça fait un choc!
– Et comment! Ma pauvre chérie! J’ai vu Peter hier soir… (Quoi? Où ça? Pourquoi n’ai-je pas été invitée?)… et il m’a dit que ça t’avait fait un sale coup qu’il se marie. Il a raison: comme il le dit, avecl’âge, les femmes supportent très mal la solitude…
À l’heure du déjeuner, je n’en pouvais plus de faire comme si c’était un dimanche normal. J’ai appelé Jude pour lui parler de Willy, de Rebecca, de l’entretien à la télé, de maman, de Daniel et du malheur en général. On a pris rendez-vous à deux heures, pour boire un Bloody Mary au Jimmy’s.
18: 00. Par chance, Jude venait de lire un bouquin génial, Toute femme est une déesse. D’après ce livre, il y a des phases, dans la vie, où tout va mal, où l’on ne sait plus à quel saint se vouer, où l’on a l’impression d’être bloquée derrière des portes en acier qui se referment sur nous l’une après l’autre, comme dans Star Trek. C’est là qu’il faut être héroïque et tenir le coup sans chercher refuge dans l’alcool ni auto-apitoiement. Tout s’arrange toujours. Il n’y a qu’à lire la mythologie grecque, ou réfléchir aux films qui ont du succès: les êtres humains affrontent de terribles épreuves, mais ils s’en sortent parce qu’ils font face, la tête haute.
Ils disent aussi, dans le livre, que pendant les moments les plus difficiles on ressemble à une spirale en forme de coquille conique. Il y a un point douloureux a chaque tour, chacun le sien. Quand on est au plus étroit, au plus pointu de la spirale, on repasse très souvent par ce point douloureux, car les rotations sont très courtes. Au fur et à mesure qu’on s’en éloigne, on s’y frotte de moins en moins souvent, mais chaque tour nous y ramène quand même, ce qui ne signifie pas qu’on soit revenu à la case départ.
Le problème, maintenant que j’ai dessoûlé, c’est que je ne suis pas sûre d’avoir tout compris.
Maman a téléphoné. J’ai essayé de lui parler de l’injustice de la condition féminine, et de la date de péremption qui guette notre capacité de reproduction contrairement aux hommes. Voilà ce qu’elle m’a répondu:
– Vraiment, ma chérie! Vous, les filles d’aujourd’hui vous êtes incroyablement difficiles et romantiques. Votre problème, c’est que vous avez le choix. Trop de choix. Je ne prétends pas que je n’aimais pas ton père, mais n’oublie jamais ce qu’on nous disait, à nous, les femmes de ma génération: «N’espérez pas grand-chose, pardonnez beaucoup.» Tu sais, franchement, avoir des enfants n’est pas la panacée. Ne te vexe pas, surtout, je ne dis pas ça pour toi, mais si on me redonnait le choix, je ne suis pas convaincue…
Juste ciel! Ma propre mère regrette de m’avoir mise au monde!
Дата добавления: 2015-10-31; просмотров: 135 | Нарушение авторских прав
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