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57,3 kg (t. b., mais c’est parce que je me ronge), unités alcool: 2 (mais c’est le jour du Seigneur), cigarettes: 7, calories: 2 100.
Ai appelé ma mère pour lui jeter à la figure le vieux beau avec qui je l’avais vue après déjeuner.
– Oh! Tu parles de Julian? a-t-elle gazouillé.
Elle s’est trahie. Mes parents n’appellent jamais leurs amis par leurs prénoms. Ils disent Una Alconbury, Audrey Coles, Brian Enderby. «Tu connais David Ricketts, chérie, le mari d’Anthéo Ricketts, du Lifeboat Club?» Ils me prouvent ainsi qu’ils savent parfaitement que je n’ai pas la moindre idée de qui est Mavis Enderby, même s’ils vont me parler d’elle et de son mari pendant trois quarts d’heure d’horloge comme si j’avais sauté sur leurs genoux depuis l’âge de quatre ans.
J’ai tout de suite compris que ce Julian n’avait rien à voir avec les déjeuners du Lifeboat, et qu’il n’aurait pas d’épouse au Lifeboat, au Rotary ni aux Amis de Saint-George. Elle l’avait rencontré au Portugal, à coup sûr, et il devait sans doute s’appeler Julio plutôt que Julian. Mon père n’était pas au bout de ses peines.
Je lui ai exposé la gaffe qu’elle avait commise. Elle a nié. Elle m’a même inventé toute une histoire, très élaborée: «Julian» l’aurait bousculée au Marks et Spencer de Marble Arch, elle en aurait lâché une cocotte en fonte Le Creuset, qui lui était tombée sur le pied, et il l’aurait invitée à boire un café au Selfridges pour se faire pardonner. En aurait découlé une solide amitié, toute platonique, sur fond de cafétérias de grands magasins.
Pourquoi, quand on quitte son partenaire, s’obstine-t-on à nier que c’est pour quelqu’un d’autre? S’imagine-t-on que ça fera moins de peine à l’autre de croire qu’on s’en va parce qu’on ne peut plus le voir en peinture, et que c’est par le plus grand des hasards qu’on a rencontré, deux semaines après, un type style Omar Sharif, avec un sac à main, alors que l’autre en est encore à pleurer toutes les larmes de son corps en regardant le verre à dents? C’est comme ces gens qui racontent le premier mensonge venu plutôt que la vérité, même quand la vérité est plus agréable à entendre.
Mon copain Simon a un jour annulé un rendez-vous avec une fille qui lui plaisait beaucoup parce qu’il avait un bouton infecté sur l’aile du nez, qu’il était allé travailler avec une vieille veste années soixante-dix et pensait récupérer une veste correcte chez le teinturier à l’heure du déjeuner. Mais il y avait eu un problème de personnel et sa veste n’était pas prête.
Il préféra raconter à cette fille que sa sœur avait débarqué à l’improviste, qu’il fallait qu’il s’occupe d’elle pendant toute la soirée et qu’en prime, il devait visionner des cassettes pour le bureau avant le lendemain matin; à ce stade, la fille lui a rappelé qu’il lui avait dit qu’il était fils unique et lui a proposé de venir regarder les vidéos chez elle pendant qu’elle leur préparerait à dîner. Comme il n’avait pas la moindre cassette à exhiber, il s’est enferré dans de nouveaux mensonges. Moralité? La fille a cru qu’il sortait avec quelqu’un d’autre et l’a envoyé sur les roses. Pour de bon. Simon a passé la soirée tout seul, à se pinter, avec son bouton et son veston années soixante-dix.
J’ai essayé d’expliquer à maman que ce n’était pas la peine de mentir, mais elle baignait tellement dans la lubricité qu’elle avait perdu le sens des… qu’elle avait en lait perdu tout sens commun.
– Comme tu es devenue cynique et soupçonneuse, chérie! Julio, aha! ahahahahaha… comme tu dis, n’est qu’un excellent ami. Et j’ai besoin d’un peu d’espace vital.
Donc, ai-je fini par apprendre, pour lui rendre service, papa va prendre ses quartiers dans le studio de la défunte grand-mère des Alconbury, au fond de leur jardin.
Дата добавления: 2015-10-31; просмотров: 104 | Нарушение авторских прав
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