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57,3 kg, unités alcool: 5, cigarettes: 3 (pas étonnant), calories: 1 647.
11: 00. Seigneur, ils vont me tomber dessus tous les deux à la même heure. Un vrai vaudeville à la française. Et si mes parents souffraient d’une overdose de sitcoms? Cette histoire de déjeuner est peut-être une mauvaise plaisanterie. Maman va peut-être se pointer avec un saumon frétillant au bout de sa laisse et m’annoncer qu’elle quitte papa pour lui. Papa fera peut-être son apparition par la fenêtre, tête en bas, avec un nez de clown, entrera en cassant les vitres et se mettra à taper sur la tête de maman avec une vessie de mouton; à moins qu’il ne sorte tout d’un coup de l’armoire et ne tombe en avant, de tout son long, un couteau en plastique planté dans le dos? Une seule solution pour remettre la situation sur les rails: un Bloody Mary. Après tout, c’est presque l’après-midi.
12: 05. Maman vient d’appeler. «Bon. Qu ’il vienne! Qu’il n’en fasse qu’à sa satanée tête, comme d’habitude!» En général, ma mère ne jure pas. Elle dit des trucs comme «miel» ou «nom d’un petit bonhomme!» ou «miséricorde!» Elle a continué sur le même ton. «Je serais sacrément mieux toute seule. Je ferais le ménage, comme cette salope de Germaine Greer et la Femme invisible.» (Était-il envisageable qu’elle fût saoule? Ma mère n’a jamais touché à l’alcool de sa vie, sauf un malheureux sherry, un dimanche soir, en 1952, parce que la tête lui tournait un peu à cause du verre de cidre qu’elle avait bu à la santé de Mavis Enderby, pour ses vingt et un ans. Et elle n’a jamais cessé de nous le seriner depuis: «Il n’y a rien de plus atroce qu’une femme soûle, chérie!»)
– Maman. Écoute. Déjeunons plutôt tous les trois ensemble, pour discuter tranquillement de tout ça.
Ma parole! Je me croyais dans Insomnies à Seattle! Je les voyais déjà, après déjeuner, s’en aller main dans la main et moi faire un clin d’œil coquin à la caméra avant de repartir pour de nouvelles aventures.
– Tu ne perds rien pour attendre, dit-elle d’un air sombre. Tu découvriras bien assez tôt ce que valent vraiment les hommes!
– Mais, maman, j’ai déjà…
– Je sors, chérie. Je sors pour aller me faire baiser.
A quatorze heures, papa est arrivé, son Sunday Telegraph bien plié sous le bras. Comme il s’asseyait sur le canapé, son visage s’est décomposé, et il s’est mis à pleurer à chaudes larmes.
– Elle est comme ça depuis qu’elle est allée à Albufeira avec Una Alconbury et Audrey Coles.
Il sanglotait, s’essuyait les joues avec le dos de la main.
– Quand elle est rentrée, elle a commencé à dire qu’elle voulait recevoir un salaire pour le travail qu’elle faisait à la maison, qu’elle avait gâché sa vie à être notre esclave. (Notre esclave? Évidemment. C’est de ma faute. Si je m’étais mieux conduite, maman n’aurait pas cessé d’aimer papa.) Elle veut que j’aille m’installer ailleurs pendant quelque temps, elle dit… elle dit…
Il s’effondra en hoquetant.
– Elle dit quoi, papa?
– Elle dit que je crois que le clitoris est un spécimen de la collection de lépidoptères de Nigel Coles.
Дата добавления: 2015-10-31; просмотров: 129 | Нарушение авторских прав
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