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Mardi 21 novembre

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57,3 kg (l’énervement brûle les graisses), unités alcool: 9 (t. nul), cigarettes: 37 (t. t. nul), calories: 3 479 (et toutes répugnantes).

9: 30. Viens de soulever le couvercle de la casserole. En fait des huit litres tant espérés de fonds de sauce au goût explosif, dispose de carcasses de poulet calcinées en gelée. Les oranges confites, elles, ont l’air sublimes, exactement comme sur la photo, en un peu plus foncé. Je pars au bureau. Je rentrerai vers seize heures, pour résoudre le problème de la soupe.

17: 00. Oh, Seigneur! Quelle journée de cauchemar! À la réunion, ce matin, Richard Finch m’a secoué les puces devant tout le monde.

– Bridget, je t’en prie, range ce livre de cuisine. Je pense enfants brûlés par des feux d’artifice ou des pétards. Je pense joyeuses fêtes familiales qui tournent à la tragédie. Je pense sur vingt ans. Que devient le gamin qui a eu le pénis brûlé par les pétards qu’il avait en poche dans les années soixante? Où est-il, aujourd’hui? Bridget, trouve-moi ce gamin qui n’a plus de pénis. Trouve-moi une innocente victime de Guy Fawkes des années soixante.

Bon. Je passais mon quarante-huitième coup de fil pour dénicher une quelconque association de victimes de brûlures au pénis quand mon téléphone a sonné.

– Bonjour, chérie, c’est maman. Elle avait une voix bizarrement haut perchée, à la limite de l’hystérie.

– Bonjour, maman.

– Je voulais juste te dire au revoir avant de partir, chérie.

– Partir? Mais tu vas où?

– Oh! Ahahahaha. Je te l’ai déjà dit, Julio et moi, nous faisons un saut au Portugal: deux petites semaines, pour voir sa famille et se faire bronzer un peu avant Noël.

– Tu ne me l’avais pas dit.

– Bien sûr que si, chérie! Si tu m’écoutais quand je te parle… Bon. Sois sage, d’accord?

– Oui, maman.

– Oh, ma chérie, j’ai un petit service à te demander.

– Quoi?

– J’ai été si bousculée que je n’ai pas eu le temps de commander des chèques de voyage à ma banque.

– Ne t’inquiète pas. On t’en donnera à l’aéroport.

– Mais le problème, chérie, c’est que j’ai aussi oublié ma carte de crédit, et je suis en route pour l’aéroport.

Ça commençait à devenir curieux!

– C’est tellement agaçant! Je me demandais si tu pourrais me prêter un peu de liquide. Pas beaucoup! Deux cents livres, pour que je puisse acheter mes chèques de voyage.

On aurait cru entendre un clochard aviné réclamer quelques sous pour s’offrir une tasse de thé!

– Je suis en plein boulot, maman. Julio ne peut pas te les prêter?

Elle l’a pris de haut.

– Vraiment, chérie, je n’en reviens pas! Avec tout ce que j’ai fait pour toi! Tu refuses de prêter quelques livres à ta mère, qui t’a donné la vie?

Mais maman, comment veux-tu que…? Va falloir que je descende au distributeur, que je confie l’argent à un coursier. Ensuite il sera volé, et on sera bien avancées. D’ailleurs, où es-tu?

– Tu vois comme le hasard fait bien les choses, chérie! Je suis à deux pas de ton bureau. Tu descends au distributeur de billets sur le trottoir d’en face et je t’y rejoins dans trois minutes. Génial! À tout de suite.

– Bridget! Qu’est-ce que tu fous, putain? a hurlé Richard en me voyant m’éclipser. Tu m’as trouvé ce foutu éclopé?

– Je suis sur une piste toute chaude! ai-je répondu en me tapotant le nez, et j’ai filé.

J’attendais que mes beaux billets tout neufs sortent du distributeur en me demandant comment ma mère allait se débrouiller pour passer deux semaines au Portugal avec deux cents livres quand elle est arrivée en toute hâte, lunettes de soleil sur le nez alors qu’il pleuvait comme vache qui pisse, en jetant des regards furtifs à droite et à gauche.

– Ah, te voilà, ma chérie! Mille mercis! Il faut que je me dépêche sinon je vais rater l’avion. À bientôt!

Elle m’a quasiment arraché les billets des mains.

– Mais qu’est-ce qui se passe, maman? Qu’est-ce que tu fais dans ce quartier? Ce n’est pas le chemin de l’aéroport! Comment vas-tu te débrouiller sans ta carte de crédit? Pourquoi Julio ne t’a-t-il pas prêté un peu d’argent? Hein? Tu joues à quoi, exactement?

Pendant une seconde, elle a eu l’air effrayée, on aurait dit qu’elle allait fondre en larmes; puis, le regard lointain, elle a pris son attitude regrettée princesse Diana blessée par la vie.

– Ça se passera très bien, chérie, a-t-elle dit en affichant son sourire «courageux», sois sage.

Sa voix s’est brisée; une étreinte rapide et elle a traversé la rue après avoir arrêté la circulation d’un geste impérieux.

19: 00. Viens de rentrer à la maison. Bon. Du calme. Du calme. Équilibre intérieur. La soupe sera parfaite. Je vais cuire et écraser les légumes comme c’est marqué dans la recette et, pour donner du goût, j’enlèverai les carcasses de poulet de la gelée bleue que je mettrai dans la soupe, avec de la crème.

20: 30. Tout se passe à merveille. Les invités sont dans le living. Mark est t. gentil: il m’a apporté du Champagne et des chocolats belges. Je n’ai pas encore préparé le plat de résistance, excepté les pommes de terre fondantes, mais je suis certaine que ce sera t. rapide. Bon. La soupe d’abord.

20: 35. Oh, Seigneur! Viens de soulever le couvercle, la soupe est bleu vif.

21: 00. Mes amis sont formidables. Beaux joueurs et même plus: Mark et Tom ont longuement développé une argumentation en faveur du bleu dans la cuisine, exclu selon eux en vertu de préjugés d’un autre âge. Pourquoi, après tout, a demandé Mark, devrait-on condamner une soupe bleue sous prétexte qu’il n’existe pas de légumes bleus dans la nature? Les bâtonnets de poisson seraient-ils naturellement orange, par hasard? (À vrai dire, malgré la sophistication de la préparation, ma soupe avait le goût de crème fraîche chaude et de rien d’autre, comme me l’a cruellement fait remarquer Richard le Cruel. C’est le moment qu’a choisi Mark pour lui demander ce qu’il faisait dans la vie, ce qui était t. savoureux vu qu’il a été viré la semaine dernière pour trafic de notes de frais.) Aucune importance. Le plat principal sera délicieux. Bon, autant me mettre à mon velouté de tomates-cerises.

21: 15. Oh! là! là! Il devait rester quelque chose dans le mixeur, genre Paic-citron, parce que la purée de tomates mousse et qu’elle a triplé de volume. Quant aux pommes de terre fondantes, qui devraient être cuites depuis dix minutes, elles sont dures comme du bois. Si je les passais au micro-ondes? Aargh. Aargh. Le thon n’est pas dans le frigo. Qu’est devenu le thon? Mais qu’est le thon devenu?

21: 30. Ouf! Jude et Mark sont venus à la cuisine, ils m’ont aidée à faire une grosse omelette, ils ont écrasé les pommes de terre fondantes à moitié cuites pour en faire des espèces de petites crêpes qu’ils ont mises à frire dans la poêle et ils ont posé le livre de cuisine ouvert à la bonne page sur la table pour que tout le monde regarde l’image et se fasse une idée de ce qu’aurait été le thon grillé. Enfin, les oranges confites, elles, elles seront bonnes. Ça a l’air sublime en tout cas. Tom m’a conseillé de ne pas me casser la tête avec la crème anglaise au Grand Marnier, il a dit qu’on n’avait qu’à boire le Grand Marnier, pour le goût.

22: 00. T. triste. Attendais, pleine d’espoir, les réactions de mes invités après leur première cuillerée d’oranges. Il y a eu un silence gêné.

– Qu’est-ce que c’est, trésor? a enfin demandé Tom. De la marmelade?

Frappée de terreur, j’ai goûté à mon tour. En effet, c’était de la marmelade. Bilan: tout ce travail, tous ces frais pour servir quoi à mes invités?

Une soupe bleue

Une omelette

De la marmelade d’oranges.

Je suis vraiment nulle. Moi, une «étoile» du Michelin? Plutôt la star du surgelé, oui!

Après la marmelade, il ne pouvait plus rien se passer de grave, j’allais pouvoir me détendre. On n’avait pas sitôt débarrassé la table que le téléphone a sonné. Heureusement, je suis allée répondre dans ma chambre. C’était papa.

– Tu es seule, Bridget?

– Non. Il y a tout le monde, Jude, etc. Pourquoi?

– Je… C’est bien qu’il y ait du monde avec toi. Je suis navré, Bridget. J’ai de mauvaises nouvelles à t’annoncer.

– Parle, papa, parle!

– Ta mère et Julio sont recherchés par la police.

2: 00. Northamptonshire. Dans le lit à une place de la chambre d’amis des Alconbury. Pouh… J’ai dû m’asseoir pour reprendre mon souffle. À l’autre bout du fil, papa répétait: «Bridget? Bridget? Bridget?» comme un perroquet.

– Qu’est-il arrivé? ai-je enfin réussi à articuler.

– Eh bien, on dirait qu’ils ont… enfin, qu’il a… je prie le bon Dieu pour que ta mère n’ait pas été au courant, qu’ils ont extorqué de grosses sommes d’argent à de très nombreuses personnes, moi et nos amis les plus proches compris. On ne connaît pas encore le montant exact de leurs malversations, mais il est possible, il est même probable qu’on mette ta mère en prison pendant un bon moment.

– Oh, mon Dieu! C’est donc pour ça qu’elle a filé au Portugal avec mes deux cents livres!

– Si ça se trouve, elle est déjà à l’autre bout du monde.

J’ai vu mon avenir se dérouler devant mes yeux, tel un épouvantable cauchemar: Richard Finch me surnommait: «La Fille de la Bagnarde de Soudain Seule» et m’obligeait à interviewer ma mère en direct, dans le parloir de la prison, juste avant que je sois Soudain Saquée à l’antenne.

– Qu’est-ce qu’ils ont fait?

– Julio semble s’être servi de ta mère pour extorquer à Geoffrey et Una, Nigel et Elizabeth, Malcolm et Elaine (oh, seigneur! les parents de Mark!) des dizaines de milliers de livres soi-disant destinées à acheter des appartements en multipropriété.

– Tu étais au courant?

– Non. Je suppose qu’ils étaient un peu gênés de faire des affaires avec le bellâtre gominé qui cocufiait l’un de leurs plus anciens amis. Ils ont soigneusement évité de m’en parler.

– Et alors?

– Alors ces fameux appartements n’existent pas. Il ne reste pas un centime de nos économies, à ta mère et à moi. Quant à la maison, comme j’ai commis l’imprudence de la laisser à son nom, elle l’a hypothéquée. Nous sommes ruinés, Bridget. Ruinés, et déconsidérés! Nous n’avons plus de toit. Et ta mère est une criminelle de droit commun.

Il s’est effondré. Una a pris le téléphone pour me rassurer: elle allait lui préparer une bonne Ovomaltine. Je lui ai dit que je serais là dans deux heures, mais elle m’a conseillé de ne pas me mettre en route avant de m’être remise du choc. Il n’y avait rien à faire. Selon elle, je pouvais attendre le lendemain matin.

J’ai raccroché, et je me suis appuyée contre le mur, en me maudissant d’avoir laissé mes cigarettes dans le living. Coup de pot, Jude est arrivée immédiatement, avec un verre de Grand Marnier.

– Qu’est-ce qui se passe?

Je lui ai tout raconté, en ingurgitant une longue rasade de Grand Marnier. Jude n’a rien dit. Elle est allée chercher Mark.

– Je m’en veux beaucoup, a-t-il déclaré en se passant la main dans les cheveux. J’aurais dû être plus explicite, à la soirée Catins et Pasteurs. Je le trouvais louche, ce Julio.

– Pourquoi?

– Je l’avais entendu parler dans son portable, au jardin. Il ne savait pas qu’on l’écoutait. Si j’avais pu imaginer que mes parents allaient être impliqués dans ses manigances… Pourtant, maintenant, je me rappelle que ma mère a fait allusion à quelque chose, mais le mot de multipropriété me donne des boutons, j’ai dû la faire taire illico. Où est votre mère, maintenant?

– Je ne sais pas. Au Portugal, à Rio de Janeiro. Chez le coiffeur?

Il a commencé à arpenter la pièce en posant des questions à jet continu, genre avocat au prétoire.

– Qu’a-t-on entrepris pour la retrouver? De quelles sommes s’agit-il? Comment a-t-on découvert le pot aux roses? La police est-elle mêlée à l’affaire? Qui est au courant? Où est votre père? Voulez-vous aller le rejoindre? Me permettez-vous de vous y conduire?

C’était super-sexy, c’est moi qui vous le dis!

Jude est revenue avec du café. Mark a estimé que la meilleure solution était que son chauffeur nous conduise, lui et moi, à Grafton Underwood. Pendant une fugitive seconde, j’ai éprouvé une sensation totalement inédite: de la reconnaissance pour ma mère.

Quand nous sommes arrivés chez Una et Geoffrey, c’est devenu encore plus excitant: il y avait des Enderby et des Alconbury partout, tous en larmes, et Mark Darcy arpentait la pièce à longues foulées en téléphonant. Me suis sentie coupable, parce que, malgré la gravité de la situation, je trouvais très amusant que rien ne soit comme d’habitude, que le cours naturel des choses soit interrompu et qu’on ait le droit d’avaler des verres entiers de sherry et des canapés à la purée de saumon comme si c’était Noël. J’avais éprouvé le même genre de sentiment lorsque ma grand-mère avait perdu la boule, s’était déshabillée et avait couru toute nue dans le verger des Husbands-Bosworth, d’où la police avait finalement réussi à la déloger.


Дата добавления: 2015-10-31; просмотров: 95 | Нарушение авторских прав


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