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Le terme d’argot possède trois valeurs différentes. Premièrement l’argot désigne le langage secret des malfaiteurs, du milieu, comme on dit encore.
L’argot a été inventé par les malfaiteurs au XV siècle pour ne pas être compris par des non-initiés.
Dès la fin du XIX siècle les mots argotiques commencent à pénétrer dans la langue commune. Les derniers temps une grande partie de l’argot a perdu son caractère secret et s’emploie largement par les Français, comme nous l’avons vu plus haut. Cette couche spécifique d’origine argotique dans le vocabulaire des Français est aussi désignée par le terme d’argot.
Aujourd’hui ce terme s’applique à toute sorte de langages professionnels: on parle de l’argot militaire, de l’argot des écoles, de l’argot du théâtre, de l’argot des aviateurs, etc.
Quelques exemples de l’argot scolaire: antisèchе, plonger, exam, exo (exercice), bouquin (livre), colle (punition).
L’argot du spectacle: les planches (scène), répète (répétition).
L’argot n’a pas de grammaire ni de phonétique spéciales. L’argot crée des mots nouveaux parallèlement au lexique courant. De cette façon il double la langue commune par son vocabulaire.
A côté de l’argot il existe aussi différents jargons. Selon la définition de J. Marouzeau, le jargon c’est une «langue artificielle employée par les membres d’un groupe désireux de ne pas être compris des non initiés ou au moins de se distinguer du commun». Tel est le jargon des jeunes: une nana (une fille), manque de bol (pas de chance), être fourrés ensemble (être toujours ensemble), avoir les boules (être en colère), craquer pour (être séduit, attiré par), ne pas pouvoir voir quelqu’un en peinture (détester, ne pas supporter qn.), etc.
Beaucoup de mots sont empruntés à l’Anglais, une certaine partie au verlan, très à la mode aujourd’hui.
Le verlan (à l’envers) est un type de transformation verbale argotique consistant à inverser l’ordre des syllabes, parfois des phonèmes, parfois de segments plus longs, dans un mot. Si le résultat n’est pas facilement prononçable, on modifie phonétiquement le mot obtenu: laisse tomber – laisse béton, les flics –les keufs, branché –chébran, musique –zikmu, féca – café, tromé – métro, zarbi – bizarre, teuf – fête.
On remarque que le verlan:
1) tend à simplifier l’orthographe: qu devient k; s devant voyelle ou entre voyellle devient z;les lettres muettes sont souvent supprimées;
2) procède à des altérations vocaliques ou consonantiques importantes, surtout dans le cas des monosyllabes: les femmes – les meufs, cheug – gauche;
3) traite séparément les éléments d’un mot complexe: chrlaoim → lâche-moi, «lâché» devient chela et «moi» devient oim.
Le verlan porte sur des mots relativement «pleins» et ne concerne pas les mots longs.
Parlant des mots empruntés à l’anglais on peut noter qu’un grand nombre d’anglicismes dans le français, mots à l’orthographe exotique et à la prononciation inhabituelle ont permis à R. Etiemble de parler d’une nouvelle langue qu’il a appelé le franglais. En voici un petit exemple:
C’était un meeting avec tous les VIP, vraiment le top, quoi... Le big boss voulait nous briefer au sujet du timing du prochain planning. Il fait du forcing.
Le français parlé s’enrichit souvent son matériel de mots par des emprunts qu’il fait à l’argot. Par exemple, les noms «barda» (bagage encombrant, sens primitif: «équipement du soldat»):
«lascar» – homme brave – soldat
«toubib» – médecin – le bib
«frangin,-e» – frère, sœur
«chialer» – pleurer
S’incorporant au vocabulaire commun, ces emprunts perdent avec le temps leur qualité d’argot et prennent la marque de l’ambiance nouvelle.
Ainsi, «flemme» – paresse, «lascar» appartiennent aujourd’hui au lexique familier; «barda», «chialer», «frangin» – au populaire.
Il y en a qui deviennent des mots littéraires neutres:
«malingre» – chétif, malade
«narquois» – qui se plaît à railler.
Дата добавления: 2015-10-21; просмотров: 113 | Нарушение авторских прав
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