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Pour définir la valeur d’un fait de langue, on étudie les variantes stylistiques dont chacune constitue une manière particulière d’exprimer une même notion; on les compare, et c’est ainsi qu’on arrive à préciser la valeur stylistique de chacune de ces variantes. La comparaison est donc l’essence de l’analyse stylistique.
Les faits de langue (mots, locutions, formes grammaticales et phénomènes de phonétique) ont une certaine valeur stylistique. Les propriétés qui la déterminent sont:
1) la couleur stylistique des faits de langue;
2) leurs nuances expressives éventuelles d’ordre sémantique et affectif.
Pour faire ressortir la couleur stylistique, on n’a qu’à comparer des faits de langue qui sont synonymes, mais qu’on emploie dans différentes sphères de la communication. Ainsi, «demeure» qui est d’un usage général, c’est-à-dire employé dans toutes les sphères de la communication, par tous les styles, est neutre, privé de toute couleur stylistique; «domicile» est un synonyme du style officiel; «cambuse» et «piaule» ne sont de mise que dans la langue parlée familière.
Les nuances expressives d’ordre sémantique et affectif viennent s’ajouter au sens principal des faits de langue. Ces nuances expriment l’appréciation de tel objet et les émotions qu’il fait naître. Ainsi, les adjectifs «dégoûtant», «abominable», «exécrable», tous désignent quelque chose de mauvais. Mais, comparés à leur synonyme, l’adjectif «mauvais», ils ont tous des nuances supplémentaires, nuances sémantiques (qualitatives) et affectives (dépréciation émotive.)
Donc, la valeur stylistique contient:
1) la couleur stylistique d’un fait d’expression, c’est-à-dire l’empreinte que lui laisse la sphère de son emploi habituel;
2) les nuances expressives d’ordre sémantique et affectif qui peuvent s’ajouter au sens principal des mots, locutions et faits de grammaire et de phonétique.
On comprend trois composantes de la valeur stylistique: affective (axiologique), imagée et symbolique. La composante affective – c’est un caractère appréciatif ou dépréciatif. Il est important d’opposer l’appréciation affective et rationnelle. Certains mots tels que honte, amitié, amour, haine, mépris se rapportent au domaine notionnel des sentiments ils peuvent s’actualiser sans exprimer ni provoquer chez le destinataire de phénomènes affectifs.
Pour dégager un caractère axiologique affectif dans la sémantique du mot, il faut définir le degré de son intensité et de son importance informative dans la structure de la signification lexicale. L’axiologie affective se combine généralement avec une composante imagée et/ou une composante symbolique.
Le caractère imagé d’une dénomination est toujours associé à sa forme interne. La forme interne est une composante imagée mise à la base de la dénomination et saisie comme telle par les usagers de la langue en raison de la spécificité formelle et sémantique du mot assurant ses rapports avec l’unité motivante.
La composante symbolique est un sème «signalétique» indiquant les conditions situationnelles d’emploi des unités lexicales qu’elle marque et s’associant à une composante axiologique dans leur structure sémique. Cette notion correspond à celle des effets par évocation de Charles Bally.
Seules les unités lexicales neutres, employées dans toutes les sphères communicatives sont privées de sème signalétique. Tous les autres types du lexique contiennent cette composante qui précise la sphère et les conditions communicatives dans lesquelles ce lexique est généralement employé. Il s’ensuit que sa fonction est non seulement symbolique mais aussi régulatrice, car cette marque dicte, pour ainsi dire, certaines règles d’emploi du lexique.
La composante symbolique est saisie par les usagers grâce à l’opposition des mots neutres aux mots stylistiquement marqués: enfant – môme, mourir – décéder, médecin – toubib, etc. Cette composante se réalise à travers une des deux composantes précédentes ou toutes les deux dont elle a besoin pour subsister. Elle est de nature plus générale et se situe presque toujours au niveau catégoriel de la structure sémantique. Elle n’est presque jamais la composante dominante.
En définissant la valeur stylistique d’un fait de langue on peut définir la nature stylistique des faits de langue, grammaire et lexique. Les styles d’une langue sont des systèmes stylistiques qui se composent de différents éléments de la langue et qui se constituent au cours de l’évolution d’une langue pour satisfaire aux besoins de la communication dans les différentes sphères d’activité. C’est la stylistique qui étudie ces systèmes complexes et leur fonctionnement.
Дата добавления: 2015-10-21; просмотров: 563 | Нарушение авторских прав
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