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La formation des locutions phraséologiques 2 страница

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La comparaison que renferment ces ensembles phraséologiques for­me leur intégrité.

L'intégrité des ensembles phraséologiques peut être créée par d'autres éléments composants:

- par la présence dans la locution de mots sémantiquement apparen­tés: parler clair et net. c'est-à-dire «d'une façon intelligible», ne re­muer ni pied ni patte ou «rester complètement immobile». tomber de fièvre en chaud mal - «tomber d'un mal dans un pire», jeter feu et flamme - «s'emporter violemment»;

- par la présence d'antonymes: c 'est le jour et la nuit - se dit de deux choses très différentes: entre ciel et terre - «à une certaine hauteur, en l'air»; aller du petit au grand - «commencer par de petites choses, pour arriver à de plus grandes»: passer du blanc au noir - «passer d'une extrémité à l'autre» '. faire la pluie et le beau temps - «être influent, puissant»: cela ne lui fait ni chaud ni froid - «cela lui est indifférent», discuter le pour et le contre - «discuter les deux opinions contraires». Ces locutions sont assez nombreuses dans la langue française.

- L'intégrité de la locution est due souvent à ce que les éléments composants sont liés par un rapport réel et objectif: de fil en aiguille. c'est-à-dire «de propos en propos, d'une chose à l'autre»; avoir bec et ongles - «être en état de se défendre»; se donner corps et âme - «se donner entièrement, sans réserve»; gagner des mille et des cents - «ga­gner beaucoup d'argent: ménager la chèvre et le chou - «ménager des intérêts contradictoires».

Parfois l'intégrité de la locution est formée par un effet phonique; par l'allitération: conter monts et merveilles - «conter des choses qui provoquent l'admiration». n 'avoir ni bure ni buron (buron - «hutte de berger»), c'est-à-dire «n'avoir pas même le vêtement, l'habit le plus humble», n 'avoir ni vent ni voie de qn - «n'avoir aucune nouvelle». demander qch à cor et à cri - «en insistant bruyamment pour l'obtenir». prendre ses cliques et ses claques - «s'en aller promptement»; par la rime: n 'avoir ni feu ni lieu - «être sans abri, sans gîte», n 'avoir ni foi ni loi - «n'avoir ni religion ni conscience».

Les dictons et les proverbes se laissent aussi ranger parmi les ensem­bles phraséologiques: il n'y a point de sots métiers: à quelque chose malheur est bon; la nuit porte conseil.

Les ensembles phraséologiqes signalés ci-dessus représentent des lo­cutions imagées à valeur affective. Les ensembles de ce genre sont large­ment utilisés dans des buts stylistiques comme moyens expressifs Toutefois il existe un grand nombre d'ensembles phraséologiques dé­pourvus de nuances affectives et ne contenant point d'image, tout au moins d'image pertinente: ces ensembles représentent des dénominations di­rectes d'objets et de phénomènes de la realité. Ils sont fort typiques du français moderne dont les tendances analytiques sont très prononcées. Parmi ces locutions les plus répandues sont des locutions nominales dont col blanc, col-bleu, homme d'affaires, autoroute de liaison, bande ma­gnétique, bilan de santé, emballage perdu, boîte noire, vol habité, pre­mier (deuxième, troisième) âge. Nombreuses aussi sont les locutions verbales et adverbiales qui servent à dénommer directement divers phé­nomènes ou aspects de la réalité: perdre pied, lâcher prise, être aux prises avec qn ou qch, mettre qn dans l'embarras, prendre qn au dépour­vu, chercher ses mots, enfin de compte, en bras de chemise, à part entiè­re, cousu main, (opération) à cœur ouvert.

Contrairement aux groupements soudés, les ensembles phraséologi­ques sont généralement formés conformément aux normes syntaxiques du français moderne, ils ne renferment guère de mots et de tournures vieillis, archaïques. Les ensembles phraséologiques admettent parfois la substitution d'autres mots à l'un de leurs mots-composants sans que le sens de la locution entière change. Ainsi il existe plusieurs variantes de l'expression dormir comme une marmotte; on peut dire également dor­mir comme un loir, dormir comme une souche, dormir comme un son­neur, dormir comme un sabot. Il en est de même pour pleurer comme une fontaine dont la variante est pleurer comme une Madeleine. On dit pa­reillement être triste comme un bonnet de nuit ou être triste comme une porte de prison, avoir le cœur gros ou avoir le cœur serré, monter sur les planches ou monter sur les tréteaux.

Les ensembles phraséologiques admettent dans certains cas la trans­position de leurs mots-composants sans que le sens du tout change: on dit aussi bien un temps de chien qu'un chien de temps, entendre pous­ser l'herbe qu'entendre herbe pousser.

Les mots-composants des ensembles phraséologiques prennent plus facilement que dans les groupements soudés une position distante:

On fait de la dépense devant les autres de temps en temps, et puis, dans le secret, du ménage, on tondrait, comme on dit, sur un œuf (G. S an d)

 

Amrouche s'y est si bien pris que même Roger M. du Gard, qui refuse d'ordinaire, a cru devoir s'exécuter... tout en m'en­voyant sans cloute, avec Amrouche, à tous les diables (A. Gide).

 

Des cas se présentent lorsque l'un des mots-composants de quelque ensemble phraséologique est déterminé par un terme de la proposition ne faisant point partie de cet ensemble:

 

Je n 'ai pas à mettre mon petit grain de sel mais, vous voyez, je me tords de toutes les avanies qu 'elle vous prodigue (M. Proust).

 

De même que pour les groupements soudés la structure lexicale des ensembles phraséoloqiques peut correspondre à celle des agencements libres (cf.: tirer une épine du pied et laver son linge sale en famille au sens direct et figuré).

Les rapports sémantiques entre les ensembles phraséologiques et les agencements libres sont pareils à ceux qui s'établissent entre les accep­tions différentes d'un mot polysémique. Notons que la démarcation entre les locutions de types différents n'est pas rigide compte tenu d'un certain entrecroisement de leurs traits caractéristiques ce qui entraîne un certain subjectivisme quant à l'interprétation de ces types. Ce fait a été mentionné par P. Guiraud [35. p. 7 et les suiv.] et rendu de façon imagée par V.N. Telia1.

§ 57. Les variantes phraséologiques. Un des traits particuliers de la phraséologie française est la variabilité de ses unités. En effet, un grand nombre de locutions phraséologiques est sujet à des modifications por­tant sur leur structure formelle. Ces modifications ne sont que partielles, elles ne portent atteinte ni au sens, ni à F image qui en principe restent les mêmes.

Il faut distinguer entre les variantes et les synonymes phraséologi­ques qui parfois prêtent à confusion Avons-nous variantes ou synony­mes dans tirer profit de et tirer parti de. ou dans ne pas remuer son petit doigt et ne pas bouger son petit doigt?

Il y a synonymie si les distinctions formelles sont accompagnées d'une modification sémantique, dans le cas contraire nous avons varian­tes. C'est pourquoi il faudrait qualifier de variantes ne pas remuer (bou­ger) du petit doigt et de synonymes tirer profil de et tirer parti de.

Quant aux modulations stylistiques elles ne détruisent pas l'intégrité des locutions phraséologiques (se mettre [se foutre] en colère).

Les variations affectent parfois la structure grammaticale des locu­tions phraséologiques: on dira également jouer des mâchoires si jouet-dé la mâchoire, écorcher une anguille (ou! 'anguille) par la queue, met­tre dam la (sur la, en) balance.

Très souvent c'est la composition lexicale qui varie. L'envergure sémantique du composant variable est très large. Ce peuvent être aussi bien des synonymes (abandonner / quitter la partie: saper les ba:;es /les fondements de...; jeter des perles aux cochons /aux pourceaux: face / visage de carême) que des vocables à valeur sémantique éloignée (met­tre/réduire à la besace; couper/manger son blé en herbe: faire flèche/ feu de tout bois: parler à un sourd/à un mur, aux rochers). Toutefois le plus souvent ce sont des vocables à sens plus ou moins voisin parmi lesquels: - des dénominations d'animaux (brider son cheval / son âne par la queue; ne pas se trouver dans le pas d'un cheval /d'un âne, d'un mulet); donner sa langue au(x) chat(s) /aux chiens; un froid de loup/de canard): - des parties du corps (avoir un chat dans la gorge /le gosier; jeter qch à la figure /à ta face, au nez de qn; se tordre les mains /les bras, les doigts: river une chaîne au cou / au bras, aux pieds de qn).

Parfois c'est le changement de l'ordre respectif des mots-compo­sants qui crée des variantes: mettre du noir sur blanc et mettre du blanc sur noir.

Les variantes peuvent être aussi une conséquence de la coexistence de la locution phraséologique pleine et elliptique (sortir blanc [comme neige]: manger son bien [par les deux bouts}: boire le calice [jusqu 'à la lie}; se laisser tondre [la laine sur le dos}).

Les variantes phraséologiques sont particulièrement fréquentes par­mi les combinaisons (le fardeau [lepoids] des années: lier \nouer\ amitié avec qn; brûler [bouillir, griller] d'impatience). les ensembles phra-séologiques (garder, observer, sauver) les décors: contes (histoires) à dormir debout): elles sont rares parmi les locutions soudées la bailler bonne (belle) - «se moquer de».

Le vocabulaire du français d'aujourd'hui abonde en locutions phra-séologiques. Cette richesse de la phraséologie confère à la langue françai­se un aspect expressif et imagé et minimise les affirmations de certains linguistes qui. se référant aux phénomènes de la formation des mots, in­sistent sur son caractère foncièrement abstrait.

 

CHAPITRE IV

LES EMPRUNTS

§ 58. Remarques préliminaires.

Outre les sources internes, telles que l'évolution sémantique et la formation des mots et de leurs équiva­lents, le français possède, comme toute autre langue, une source externe de l'enrichissement du vocabulaire - l'emprunt aux autres idiomes.

Notons que l'acception du ternie «emprunt» est étendue outre me­sure dans certains travaux de linguistique.

C'est à juste raison que dans son œuvre capitale sur l'emprunt lin­guistique L. Deroy remarque qu' «on ne peut logiquement qualifier d'em­prunts dans une langue donnée que des éléments qui y ont pénétré après la date plus ou moins précise marquant conventionnellement le début de cette langue» |36, p. 6]

Le français a réellement fait des emprunts seulement après s'être' affranchi des caractères essentiels du latin, après avoir acquis les traits fondamentaux d'une langue romane particulière. C'est pourquoi il est incorrect de considérer comme emprunts proprement dits les mots d'ori­gine celtique (par ex: bouleau, bec. tonneau, etc.) et germanique (par ex.: jardin, fauteuil, gare, etc) introduits à l'époque de la formation du français en tant que langue indépendante

L'emprunt à proprement parler se fait à un idiome foncièrement dif­férent de la langue emprunteuse. En ce sens il est abusif de parler d'em­prunts faits par le français à l'argot ou à des terminologies diverses, car l'argot et les nombreuses terminologies sont autant de rejetons du fran­çais commun. Il est difficile pour la même raison de qualifier de vérita­bles emprunts les mots dialectaux qui ont pénétré dans le vocabulaire commun, les dialectes étant aussi des variétés de la langue française na­tionale'.

Donc, nous appellerons «emprunts» uniquement les vocables (mots et locutions) et les éléments de mots (sémantiques ou formels) pris par le français à des langues étrangères ainsi qu'aux langues des minorités na­tionales (basque, breton, flamand) habitant le territoire de la France. On emprunte non seulement des mots entiers quoique ces derniers soient les plus fréquents. Les significations, les traits morphologiques et syntaxi­ques sont aussi empruntables. C'est ainsi que l'acception récente du ver­be français réaliser «concevoir, se rendre compte» est un emprunt sémantique fait à l'anglais. Croissant (de boulanger) et lecteur (de l'Uni­versité) sont des emprunts sémantiques venus de l'allemand. Créature a pris à l'italien le sens de «protégé, favori». («C'est une créature du dictateur»). Sous l'influence de l'anglais contrôler et responsable ont reçu respectivement le sens de «dominer, maîtriser» («contrôler ses passions») et «raisonnable, sérieux» («une attitude responsable»). Le sens de l'anglo-américain undésirable a déteint sur le français indésira­ble qui lui aussi désigne à présent une personne qu'on refuse d'accueillir dans un pays.

Une façon toute particulière d'emprunter est celle d'adopter non seu­lement la signification, mais aussi la «forme interne» du vocable étranger. Ce type d'emprunt est appelé «calque». En guise d'exemple signalons surhomme modelé sur l'allemand Ûbermensch; franc-maçon et bas-bleu reproduisant les formations anglaises free-mason et blue-stocking; prêt-à-porter est aussi un calque de l'anglais; gratte-ciel correspond à l'anglo-américain sky-scraper. Les locutions marée noire, plein emploi sont calquées sur des tours anglais black tide et full employment.

Les éléments morphologiques sont introduits dans la langue par l'in­termédiaire d'une série de mots d'emprunt comportant ces éléments. Le suffixe -ade, avant de devenir un suffixe français faisait partie de nom­breux substantifs pris à d'autres langues romanes. Les suffixes -esque et

-issime sont venus par le biais d'italianismes. C'est par le truchement d'une multitude d'emprunts faits au latin que le suffixe -ation a pris raci­ne en français; -isme y a été introduit à la suite de la pénétration de nombreux mots latins formés avec ce suffixe de provenance grecque.

Il est possible d'emprunter non seulement des éléments significatifs, mais aussi des sons ou des combinaisons de sons. Pour ce qui est du français c'est le cas du léger «coup de glotte» introduit avec les mots d'origine germanique et rendu graphiquement par le h dit aspiré: hache, hareng, haricot, héros, hors-d"œuvre, etc. À l'heure actuelle on signale l'intrusion du son [h] par l'intermédiaire des mots anglais en -ing, fait qui est déploré par beaucoup de linguistes: aujourd'hui l'articulation de ce son soulève encore des difficultés, son assimilation (si assimilation il y a!) dans l'avenir pourrait porter atteinte au système phonique du fran­çais.

Si la langue s'oppose à l'intégration des sons étrangers, elle accueille plus facilement les nouvelles combinaisons ou positions de sons exis­tants. Ainsi, par exemple, les combinaisons [sn], [st], [sk], [sp] impossi­bles au début des mots en ancien français, ne choquent plus depuis l'adoption de nombreux mots latins les comportant (cf.: stérile, stimuler, statue, spectacle, spécial, spatule, scandale, scalper, scander, stade, sta­ble, stagner, etc.).

L'étude des emprunts révèle nettement le lien existant entre la lan­gue et l'histoire du peuple qui en est le créateur.

Le vocabulaire du français moderne compte un assez grand nombre d'emprunts faits aux idiomes étrangers à des époques différentes.

Chaque période du développement du français est caractérisée par le nombre et la qualité des mots empruntés, ce qui découle des conditions historiques concrètes, du caractère des relations entre le peuple français et les autres peuples.' Parfois l'emprunt est dicté par la mode ou par un snobisme ridicule. Mais, en règle générale, c'est la langue d'un peuple qui, à une époque donnée, a acquis un grand prestige dans l'arène mon­diale, une influence économique et culturelle prépondérante qui devient une féconde source d'emprunt. C'est pourquoi les emprunts présentent un grand intérêt non seulement pour le linguiste, mais aussi pour l'histo­rien, en tant que document historique et culturel.

Afin que l'emprunt s'effectue aisément l'influence politique, cultu­relle d'une nation sur une autre à une époque donnée n'est guère suffisan­te à elle seule. L'emprunt est surtout facilité lorsque la langue qui puise et celle qui sert de source appartiennent à la même famille et surtout à la même branche.

L'itinéraire des emprunts est parfois fort compliqué. Selon que l'em­prunt à une langue s'effectue immédiatement ou par l'entremise d'une autre langue, il est direct ou indirect. Les mots exotiques du vocabulaire français sont fréquemment des emprunts indirects. Ainsi pirogue est un emprunt fait à la langue des Caraïbes par l'intermédiaire de l`espagnol: bambou a été pris au portugais, qui à son tour l'a emprunté au malais: albatros et véranda, d'origine portugaise, tornade de provenance espa­gnole ont été introduits en français par l'anglais: barbecue - mot haïtien a pénétré dans le français par l'anglais via l'espagnol.

Signalons à part certains mots qui, après avoir été pris au français par d'autres langues, sont revenus méconnaissables à leur bercail linguisti­que: tel est budget emprunté directement à l'anglais et remontant à l'an­cien français bougette - «petit sac»; tennis venu de l'anglais n'est rien autre qu'une altération de la forme française «tenez». tenue de jeu de paume: humour pris aussi à l'anglais remonte au français humeur au sens de «penchant à la plaisanterie». Un cas curieux est offert par l'emprunt récent badlands fait à l'anglais qui à son tour est calqué sur le français «mauvaises terres».

Les emprunts faits par une langue sont parfois géographiquement limités. Ainsi en Belgique l'emprunt allemand bourgmestre est l'équiva­lent de «maire». Les tenues de football anglais goal, goal-keeper, back, half, shoot, shooter, hands, corner couramment employés en Belgique sont plus volontiers remplacés en France par les traductions françaises correspondantes: but, gardien de but, arrière, demi, tir, tirer, coup de main (ou main}, coup de coin... Il arrive souvent que l'emprunt prenne dans les pays de la francophonie un sens inconnu ou inemployé par les Français. Les Canadiens francophones emploient couramment char (lat.) pour «automobile». les petits chars pour «tramway», pamphlet (angl.) pour «brochure, tract, prospectus»: en Suisse le mot fanfaron a pris le sens de «musicien, membre d'une fanfare»: en Suisse et en Belgique auditoire (lat.) est employé pour «salle de cours». alors que pour les Français de l'Hexagone c'est «l'ensemble des personnes qui écoutent» ou «l'ensemble des lecteurs (d'un ouvrage, d'un journal): carrousel (ital.) qui en France signifie «variété de parade de cavaliers» a pris en Belgique et en Suisse le sens de «manège forain, chevaux de bois») (cf. en russe «карусель»): un cannibal (esp.) est pour les Français «un an­thropophage» alors qu'en Belgique il reçoit encore le sens de «pain de mie grillé garni de viande crue haché et assaisonné».

Passons à présent en revue les sources des emprunts faits par le fran­çais en suivant autant que possible l'ordre chronologique de leur pénétra­tion massive.

 

§ 59. Les emprunts aux langues classiques. Le latin, langue-mère des langues romanes, a profondément marqué la langue française. L'enrichissement du vocabulaire français par des vocables et des éléments la­tins date de la période de la formation de la langue française comme telle et se poursuit jusqu'à nos jours.

On peut dire que le latin a servi de tout temps au français de source inépuisable d'enrichissement. Quant à l'influence du grec ancien, tout en étant assez considérable à partir du XIVe siècle, elle n'est guère aussi illimitée que celle du latin.

C'est surtout au XVIe siècle, à l'époque de la Renaissance de la cul­ture et de l'art antique, que l'influence latine et grecque s'est fait sentir. On trouve une quantité de mots latins et grecs dans les œuvres de Rabe­lais, de Montaigne et d'autres écrivains de ce temps qui. conformément aux tendances dirigeantes du siècle exprimées dans la théorie de Du Bel­lay, usaient de tous les moyens et sources possibles pour combler les lacunes dans le vocabulaire de la langue maternelle.

C'est surtout pour remédier au manque de ternies abstraits qu'on a eu recours à l'emprunt aux langues mortes. Ce sont des mots tels que: évolution, concours, éducation, structure, social, énumération, explica­tion, exister, assimiler hésiter (au latin ); académie, épigramme, hypothè­se, sympathie, périphrase, anarchie, économie, politique, aristocratie (au grec).

À coté des emprunts de vocables entiers il faut mentionner un grand nombre d'emprunts d'éléments de mots, de bases formatives etd'affixes. Certains d'entre eux continuent jusqu'à nos jours à servir de moyens fé­conds de création de mots nouveaux. Signalons les affixes productifs empruntés: -ation < lat. -ationem, -ement < lat. - amentum, - ité < lat -itatem, - ible < lat. -ibilis, - ique < lat. -ïciis. -ïca confondu avec le grec -icos; -al < lat. -alis; -isme < lat. -ismus <gr. -ismos; -iste < lat. -ista < gr. -istes; -is(er) < gr. -izeïn: anti- < «contre» < gr. anti-. Pas mal de mots sont formés de bases formatives latines et grecques. Telles sont les formations latines: manuscrit (lat. manus + scriptum - «écrit à la main»). vermifuge (lat. vermis = «ver » + fugere = «fuir»): locomotive (lat locus = «lieu» + motus - «mouvement»): les formations grecques aérodrome (gr. aêr = «air» + dromos = «course»): mastodonte (gr mastos = «mamelle» et odous, odontos = «dent»). photographie (gr. photos - «lumière» + graphia = «inscription»): microphone (gr mikros = «petit» + phône = «voix»): aérolithe (gr. aêr + lithos = «pierre»). les formations hybrides, gréco-latines: vélodrome (lat velox - «rapide» + gr. dromos = «course»). coronographe (lat. corona + gr. graphia) «instrument d'étude de la couronne solaire».

On peut dire que l'influence latine sur le français a été si forte que sa structure même s'en est ressentie.

Notons que les mots et les éléments de mots empruntés au latin et au grec ancien sont par tradition appelés «savants» par opposition à ceux qui sont parvenus par la voie populaire.

Cependant le terme «mots savants» est devenu purement conven­tionnel dans le français moderne. Effectivement beaucoup d'emprunts aux langues mortes ne restent guère cantonnés, comme au moment de leur apparition, dans l'une ou l'autre terminologie spéciale; ils finissent par s'ancrer dans la langue commune. Nombre de mots étymologique-ment «savants» dont régiment, nature, imbécile, facile, fatiguer, habi­tuer, imaginer sont perçus comme étant d'origine française. Tout Français se sert non seulement des anciens emprunts tels que penser et réfléchir. mais aussi des créations réussies plus récentes comme avion, aviation, téléphone, photographie, magnétoscope, vidéothèque formés à partir d'élé­ments latins ou grecs.

§ 60. Les emprunts aux langues orientales. Les langues orientales ont enrichi le français d'un certain nombre de vocables ayant trait tant aux mœurs des peuples d'origine qu'aux acquisitions de la culture mon­diale.

De l'hébreu le français tient surtout des termes bibliques dont allé­luia < hallelou-yah - «louez l'Eternel >>, amen - «ainsi soit-il». cabale < quabbalah. proprement «tradition», chérubin < keroftbîm. plur. de keroûb - «sorte d'ange», sabbat < schahbat, proprement «repos». satan < satan - «adversaire». ensuite nom de l'esprit du mal dans la Bible, séraphin < seraphîm - «sorte d'ange». Ces mots ont été transmis en français par le latin ecclésiastique.

Le français a aussi adopté quelques mots persans dont la plupart lui sont venus par l'intermédiaire d'autres langues dont l'espagnol, l'italien, l'arabe. Certains d'entre eux qui reflétaient d'abord des phénomènes in­digènes ont reçu par la suite un emploi étendu; tels sont bazar < bazar, caravane < karwan. échec < shah - «roi». taffetas < tafia, proprement «tressé, tissé», derviche < dervich - «pauvre».


Дата добавления: 2015-12-08; просмотров: 90 | Нарушение авторских прав



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