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Rester jeune

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Prolonger son espérance de vie, c’est bien. Vieillir en restant jeune, c’est mieux. La science explore des pistes jusque-là jamais empruntées, accumule des découvertes, et fait même des miracles sur l’animal. Il n’y a plus qu’à vivre assez longtemps pour en bénéficier.

La science tend à changer la donne. Il n’y aurait plus besoin de vendre son âme au diable pour rester jeune. Il suffirait de confier son corps à la médecine anti-âge ou à la médecine esthétique, se moqueront les sceptiques. Reste que la progression de la longévité, due notamment aux progrès de la médecine et à la qualité de l’alimentation, s’accompagne du besoin de conserver un corps sain et jeune le plus longtemps possible. Il ne faudrait pas qu’un vieillissement excessif vienne ternir ces années de bonus.

C’est pourquoi les recherches scientifiques vont bon train, pour une meilleure connaissance de la biologie humaine, des mécanismes du vieillissement et des clés pour en freiner les effets.

«Tout n’a pas été élucidé sur les causes du vieillissement, mais un corpus de processus a été mis au jour, ouvrant des pistes prometteuses», explique le Pr Jean Mariani, directeur de l'Institut de la longévité.

Pourquoi ce vieillissement universel, irréversible, alors que les quelque 10.000 milliards de cellules qui composent notre corps se renouvellent sans cesse? Cette régénération permanente devrait nous tenir à l’abri du vieillissement. Il n'en est rien. Ces cellules qui forment tous les tissus de notre corps s'altèrent, se dérèglent, leur nombre diminue, leur remplacement se ralentit... Mais à un rythme plus ou moins rapide. Plusieurs hypothèses éclairent ce phénomène.

Deux objectifs: piéger les radicaux libres, renforcer les boucliers

Une des premières explications date des années 50, avec les travaux de Denham Harman. Le vieillissement est dû à la corrosion du matériel biologique sous l’effet des radicaux libres qui oxydent nos cellules. Ces derniers proviennent de notre environnement - notamment sous l’effet des radiations, de l’exposition au soleil, des examens radiologiques... - mais, plus encore, ils sont produits par notre propre organisme. Les mitochondries, organites qui convertissent l’oxygène et les nutriments en énergie exploitable par la cellule - notre carburant -, génèrent également des radicaux libres qui s’attaquent à nos cellules et à notre ADN. Le cercle serait vicieux, la spirale infernale. Ces radicaux libres viendraient détériorer le propre génome des mitochondries qui, affaiblies, multiplient davantage les radicaux libres. Heureusement, notre corps sécrète aussi des protecteurs naturels, des enzymes anti-oxydantes, mais pas toujours en quantité suffisante pour contrer une attaque massive. De ce constat découlent deux objectifs de recherche: d'une part, piéger les radicaux libres au moyen d’antioxydants, d’autre part, renforcer ces boucliers que sont ces enzymes.

D’où les travaux sur les vitamines, les minéraux et toutes sortes de molécules aux pouvoirs anti-oxydants. La découverte la plus récente a des allures révolutionnaires. Miroslav Radman, généticien de haut vol, professeur à l'université René-Descartes et directeur de recherche à l'Inserm, s’est intéressé à une bactérie, Deinococcus radiodurans, ultrarésistante aux radiations et à l’oxydation. «Elle est capable, explique-t-il, de survivre dans des conditions extrêmes mais aussi de ressusciter en quelques heures en réparant et en organisant son ADN.» Elle dispose de molécules protectrices des enzymes réparatrices de l’ADN que Miroslav Radman a identifiées et qu’il entend bien tester chez l'animal et chez l’homme. Dès qu’il aura obtenu les fonds nécessaires pour poursuivre cette piste novatrice et préventive.

Autre voie de recherche, celle des hormones. Certaines jouent un rôle essentiel dans le vieillissement comme l’hormone de croissance qui décroît dès l’âge de 30 ans, ce qui réduit la production de la masse musculaire, avec, pour corollaire, l'augmentation de la masse graisseuse. De même, après 40 ou 50 ans, le niveau des hormones sexuelles (œstrogène, progestérone, testostérone) chute, entraînant ménopause et andropause. Les scientifiques se penchent donc sur l’effet des supplémentations hormonales en prévention du vieillissement. D’aucuns misent sur l’hormone de croissance pour rajeunir la peau et les muscles. D’autres mettent en avant la calcitonine pour renforcer les os. D’autres encore jouent la carte de la mélatonine, impliquée dans le contrôle des rythmes biologiques et puissants piégeurs de radicaux libres, ou vantent les mérites de la DHEA... «Mais on s’aperçoit que longévité et rajeunissement ne vont pas toujours de pair, prévient le Pr Mariani. Certaines hormones pourraient doper des parties de notre organisme: la peau, les muscles, le sexe, les os, mais avoir pour revers de la médaille d'accélérer l'activité des cellules.» En d'autres termes, un sujet trop «boosté» aux hormones pourrait payer son rajeunissement par la perte de quelques années de vie. Un choix cornélien, ou faustien.

La génétique au service de la longévité

C’est là que les recherches génétiques entrent en scène, rajeunissant les connaissances sur le vieillissement. A la suite du décryptage du génome ont été mis en évidence un certain nombre de gènes impliqués dans les effets de l’âge. Le premier découvert étant celui de l’apolipoprotéine E, l’une des molécules qui transportent le cholestérol. Mais des chercheurs sont allés bien plus loin. Cynthia Kenyon, une brillante biologiste de l'université de Californie à San Francisco, est parvenue à décoder tout un processus génétique impliqué dans la durée de la vie. Elle a pris pour cobaye Caenorhabditis elegans, un ver nématode de 1 millimètre de long, doté de 1100 cellules et de 17 jours d’espérance de vie. Une caractéristique qui fait de cette bestiole un modèle unique pour étudier l’impact de stratégies de lutte contre le vieillissement. Cynthia Kenyon démontre qu’une mutation d'un seul gène, appelé DAF-2, multiplie par deux la durée de vie de ce ver, mais également son potentiel jeunesse. Pour le ver nématode, 34 jours, pour l’homme, 160 ans, avec, au moins, 80 années de pleine jeunesse.

L’équation comme la perspective laissent rêveur. D’autant que ce gène DAF-2, qui contrôle une série de gènes actifs dans la croissance, dans le métabolisme et dans les systèmes de lutte contre les radicaux libres, a un équivalent chez le mammifère, donc chez l’homme, dans ce que l’on appelle la «cascade insuline IGF-1». Or, dès lors que l’on connaît le mode de fonctionnement de ces gènes, on peut agir sur eux en les bloquant, en les stimulant ou en les copiant. Une thèse corroborée par des études portant notamment sur la restriction calorique ainsi que sur le resvératrol, un antioxydant que l’on trouve dans le vin. Un axiome à consommer, bien sûr, avec modération. Il ne s’agit pas de moins manger et de boire plus d’alcool. L’histoire montre avant tout que la génétique n'est pas une fatalité. Elle offre aussi des moyens d’action potentiels pour un surcroît d’existence et de jeunesse.

Plus spectaculaires encore, les travaux du Pr Ronald DePinho de l'université Harvard. Il prend le problème à la racine en agissant directement sur le renouvellement des cellules de souris vieillies prématurément. Toutes les cellules se divisent pour se renouveler. Or, à chaque division, les extrémités des chromosomes, les télomères, raccourcissent. Au bout d'un certain nombre de divisions, la taille du télomère s’atrophie et la cellule cesse de se diviser, entre en sénescence ou s'autodétruit. Cette mort cellulaire diminue la reproduction des tissus et contribue au vieillissement. Or, le Pr Ronald DePinho a réactivé la production d’une enzyme, la télomérase, intervenant notamment durant le développement embryonnaire. Celle-ci est capable de rallonger les télomères. Miracle de la régénérescence, le processus s’est inversé, les souris ont rajeuni! Pourquoi pas nous? Elles ont retrouvé leur fertilité, et leurs organes tels le foie ou les intestins en parfait état. Et, nec plus ultra, le cerveau, lui-même, se trouve régénéré avec le développement de nouveaux neurones. La démonstration est faite - du moins chez le rongeur – qu’en maintenant la taille optimale des télomères, on préserve, voire on améliore la jeunesse cellulaire.

Mais cette cure de jouvence n’est pas sans dangers. Si la télomérase est bénéfique aux cellules saines en maintenant leur capacité à se diviser, elle bénéficie également et malheureusement aux cellules malignes. Faust appartient désormais au passé. Il ne s’agit plus de vendre son âme au diable, mais d’arbitrer entre vieillir tout simplement ou rajeunir... en prenant le risque de vivre moins longtemps.

Par Martine Betti-Cusso

LE FIGARO

06/08/ 2011

http://www.lefigaro.fr/sciences/2011/08/06/01008-20110806ARTFIG00003-rester-jeune.php

 

Devoir 4

Faites l’analyse de l’article.

Les intermittents du couple: toi, moi et deux toits

De plus en plus de couples, trentenaires ou quadras, choisissent cette solution: être en couple, oui... mais pas tous les jours. Une nouvelle façon de vivre l’intimité: quotidiens séparés, certes, mais soirées à deux, week-ends ensemble, vacances communes, résidence secondaire partagée... Le point sur ce phénomène.

Il y a deux ans, les sociologues ont découvert une nouvelle catégorie de couples, dans laquelle on trouve ceux qui vivent sous deux toits différents (les couples non cohabitants) et ceux qui, vivant sous le même toit, continuent de sortir chacun de leur côté, de partir seul(e) en vacances, bref qui continuent de «vivre leur vie».

Deux ans plus tard, il semble que cette intermittence soit devenue le nouveau modèle de la vie à deux. «On voit bien que le virage a été pris, remarque le psychanalyste Robert Neuburger, même si, statistiquement, cette tendance est difficile à mesurer. Mais l’important n’est pas de prouver que le nombre de couples «intermittents» augmente. C’est de faire comprendre aux autres qu’ils feraient mieux de s’y mettre! Un avis que partagent nombre de spécialistes. Ils constatent que les couples qui se voient le plus ne sont pas forcément ceux qui partagent le plus de choses. Un paradoxe? À voir. Alors qu’il était én train d’écrire «Libres ensemble» (éd. Nathan), François de Singly demande à ses étudiants de consigner sur un petit carnet ce qu’ils font avec leur conjoint. Le résultat étonne jusqu’aux observés: autant ces jeunes couples se donnaient des occasions de rencontre quand ils n’habitaient pas ensemble - un dîner au restaurant, un cinéma, une balade, etc. - autant ils ont peu d’activités communes dès qu’ils s’installent sous le même toit. Une observation qui permet d’énoncer cette loi d’airain du couple moderne: plus on se voit, moins on se voit. Ou, plus exactement, plus on passe de temps ensemble, moins on a d’activités communes.

Le mariage... facteur de rupture?

 

Bref, les couples intermittents seraient plus intimes que les couples permanents. De là à assurer que le couple intermittent est l’avenir de la vie à deux... Ce qui est sûr, c’est que, loin d’être des couples «light», les couples intermittents sont des hommes et des femmes qui s’engagent. Loin du mariage à l’essai, il s’agit bien d’une alternative au mariage, explique Jean-Claude Kaufmann dans «Sociologie du couple» (éd. Que sais-je?). Mieux: l’intermittence peut même être pratiquée chez des couples mariés.

Reste donc à savoir comment l’aménager. La forme la plus radicale d’intermittence, très prisée des jeunes couples, est la non cohabitation. Chacun chez soi, on s’appelle, et on se voit; quand on est disponible à l’autre. [...]

Intermittence géographique, intermittence temporelles: l’important aujourd’hui n’est pas d’être tous le temps ensemble, mais d’être vraiment ensemble à intervalles réguliers. [...] Un réalisme que l’on retrouve chez les quadras intermittents, qui pratiquent beaucoup la non cohabitation, mais pas pour les mêmes raisons que les trentenaires. Séparés avec les enfants, ils ont souvent fait l’expérience de la recomposition d’un foyer. [...] Pour le Dr Neuburger, c’est exactement là que se situe la frontière entre la trentenaires et les autres. «Chez les trentenaires, la non cohabitation est souvent transitoire, car l’arrivée d’un enfant y mettra un terme. Tandis que, chez les séparés, on remarque la non cohabitation constante. On s’occupe de sa famille d’un coté. Et de son couple de l’autre.»

On aura beau alléger nos modes de rélation, on ne pourra pas revenir sur cette évidence: le couple foncionne comme la Bourse. Si on investit, on risque certes de perdre, mais, si on n’investit pas, on ne risque pas de gagner. La seule nouveauté, c’est que miser sur un schéma de couple traditionnel n’est plus forcément le meilleur placement.

Guillaume Allary, Elle, 7 octobre 2002

 

 

Devoir 5

Faites l’analyse de l’article.

Vivre séparés pour mieux s’aimer

On ne va pas se priver d’une grande histoire sous prétexte que l’on n’arrive pas à vivre ensemble. De plus en plus de couples «impossibles» choisissent de faire apparts séparés pour sauver leur amour. Plaidoyer pour une non-cohabitation constructive.

Les «couples non-cohabitants». Si le nombre de «couples non-cohabitants» (c’est le terme de l’Institut national d'études démographiques) ne cesse d’augmenter, c’est qu’il s’agit peut-être d’une solution moderne à une réalité de notre temps. Une forme nouvelle de résistance à la pente fatale et aux statistiques. 120 000 divorces en moyenne sont prononcés chaque année (125 000 en 2003, toujours selon l’Ined). Un projet de réforme prévoit de simplifier les démarches. La rupture est banalisée, on parle désormais de vies «séquentielles». L’espérance de vie du couple ne cesse de diminuer.

Or ce n’est pas toujours l’amour qui est en question. Et si le vieux schéma du domicile conjugal était tout simplement «has been»? Anachronique, à une époque où le «je» n’a plus aucune raison de s’effacer devant le «nous». Quel couple rêve-t-il encore de ne plus faire qu’un, de devenir les Blanchard ou les Giraud. Aujourd’hui, chacun reste soi-même, on se confronte dans ses différences. Et si c’est plus compliqué, tant pis! On invente.

L’amour est forcément une construction hors norme. Il s’étouffe dans des schémas imposés. Il a besoin de «jeu», dans tous les sens du terme. D’un espace de respiration (parfois infime, symbolique) entre les deux partenaires. Et de légèreté. Pour ne pas se vautrer l’un sur l’autre, déborder, se répandre et s’oublier, il est nécessaire de repenser la distance qui nous sépare et nous relie, à l’intérieur du couple. De la moduler. Et s’il faut se résoudre à séparer les corps, pourquoi pas? De nombreux duos de fortes personnalités l’ont fait avant nous (Sartre et Beauvoir, Morgan et Oury, Dutronc et Hardy...), pour le meilleur.

D’ailleurs, au nom de quoi envisager le pire? En vue de quelle gratification? Même les enfants ont tout à gagner à ce choix plutôt mature. Ils continuent ainsi à avoir leurs parents unis, avec qui ils partagent tous les grands moments (week-ends, vacances...) et qui leur offrent, en prime, deux mondes, deux modes de vie. Mais pas une semaine sur deux, comme le prévoit la résidence alternée qui les arrache régulièrement de chez l’un et de chez l’autre. Et où se sentent-ils vraiment chez eux?

Un luxe, vont hurler les tenants de l’ordre établi. Pas forcément beaucoup plus cher, en fait, qu’un bon divorce (faites le calcul). De toute façon, ce n’est pas non plus le choix de la facilité, reconnaissent ceux qui l’on fait. C’est parfois épuisant (le mieux, c’est de prendre deux lieux pas trop éloignés l’un de l'autre, pour que se voir ne devienne pas un périple), frustrant (il faut renoncer aux petits bonheurs des petits moments banals de tous les jours), décevant (quand le rendez-vous que l’on attend comme le grand soir s’achève en flop devant la télé)... Mais c’est tellement plus exaltant que de sacrifier l’amour.

Oui, mais c’est dangereux, renchériront ceux qui n’osent pas essayer. Comme si vivre ensemble était une manière de mieux tenir l’autre... Naïf. Car à vivre séparés, on entretient en outre un désir qui se nourrit lui aussi de distance, de manque. Et c’est encore le meilleur moyen de résister à la concurrence.

Les autres, de toute façon, n’ont jamais de mots assez forts pour vous mettre en garde contre un choix de vie qui n’est pas le leur. Qui les dérange, les trouble, les contrarie. Qui les remet en question, en réalité. Et c’est tant mieux pour tous. Car tant qu’il est en question, l’amour reste en vie.

Marie Claire, Août 2012

Pour en savoir plus: http://www.marieclaire.fr/,vivre-separes-pour-mieux-s-aimer,20296,957.asp#?

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