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Le père Charles de Foucauld

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  1. SAVORGNAN DE BRAZZA (1852 1905) OU LE PÈRE DES ESCLAVES

(1853-1916)

RlEN ne semblait prédestiner Charles de Foucauld, jeune élève-officier
à devenir l'un des plus grands apôtres de la foi chrétienne en Afrique.
Pourtant, après une crise religieuse qui le conduisait à se retirer à la Trappe
(1800) puis à se faire ordonner prêtre (1901), il retourna, comme
missionnaire, en terre africaine et s'enfonça en plein Sahara, pour se fixer à
Tamanrasset, dans le Hoggar, où il devait être assassiné par des pillards, alors
qu'il jouissait de la vénération de tous les indigènes.

Après un long, voyage, le P. de Foucauld a décidé de s'arrêter et de s'installer
dans cet humble village du Hoggar.

Solitude totale, impressionnante! Le peloton1 qui l'accompagnait est
reparti, A 1500 kilomètres de Béni-Abbès2 à 700 kilomètres d'In-Salah1
l'Ermite est absolument seul au milieu des indigènes, sans relation avec la
France que4 le hasard de quelque caravane, sans possibilité d'aucun secours
matériel ni spirituel. «Faire tout mon possible pour le salut des peuples


infidèles de ces contrées, dans un oubli total de moi», écrit-il dans ses
notes le jour de son arrivée. L'oubli total de soi! Quoi de plus nécessaire
pour qui veut essayer de témoigner du Christ parmi des hommes violents,
cruels, pleins de convoitises de toutes espèces, de vrais barbares encore!
Lui, le saint, de quelles armes dispose-t-il? Il l'avoue lui-même:
uniquement de la prière et de la pénitence. C'est par son exemple qu'il
gagnera leur cœur.

Et le miracle se produit en effet. Comme àBéni-Abbès, il a construit son
ermitage avec les matériaux du pays, un petit groupe de cabanes mi-
sérables; comme à Béni-Abbès encore, il couche sur une claie de roseaux
portée par deux murets" et il mange une triste bouillie de farine d'orge et de
dattes écrasées, fade à vomir. Lever de nuit, longs offices, prières et visites
de charité: ainsi se passent ses journées. Il a parlé aux cultivateurs; il
a soigné des malades; aux femmes, il a appris à coudre avec des aiguilles
au lieu des épines dont elles se servaient. Peu à peu, on vient le voir. On lui
demande un conseil, un arbitrage, un remède. A tous il parle de Dieu, très
simplement, et on l'écoute. Le rôle admirable qu'il a joué à Béni-Abbès, en
plein cœur du Hoggar il le joue de même et avec le même bonheur*.

Neuf ans vont passer ainsi. Neuf années de silence et de travail obscur.
Peu d'incidents saillants au cœur de tant de journées de patience sainte. Le
départ de son ancien baptisé Paul, qui l'avait suivi et dont la santé
a chancelé, a failli l'empêcher de dire sa messe, mais l'autorisation est
arrivée de célébrer le Sacrifice sans servant, et le solitaire a pu continuer à
avoir sa grande consolation. Une fois, il manque de mourir d'une piqûre de
vipère à cornes (elles pullulent tant qu'il faut surélever de 70 centimètres le
seuil de l'ermitage pour leur interdire l'accès) et il a subi le terrible remède
des Touareg, la cautérisation au fer rouge de la plaie. Une autre fois
encore, la mort le frôle, car il est si épuisé par les jeûnes et les fatigues qu'il
a des défaillances: il faut que Laperrine6, prévenu, lui envoie des vivres et
l'ordre de manger.

Trois fois, pour de très brefs séjours, il revient en France, la dernière ел
amenant un jeune chef de tribu, pour qu'il puisse parler à ses compatriotes
de ce qu'il aura vu. Mais à peine débarqué, il a hâte de repartir. L'Afrique,
la fascinante Afrique, voilà son horizon, et son vrai destin est parmi ceux
qui, maintenant, l'aiment comme un des leurs (...).

Le véritable chef spirituel de ce pays7, n'est-ce pas lui, l'ermite désarmé?
De loin à la ronde, on vient le consulter. Son nom est sur toutes les lèvres,
de tente en tente, de tribu en tribu. Des conversions au Christ, en a-t-il fait?
Mais n'a-t-il pas annoncé lui-même qu'il ne serait que l'avant-garde du


Seigneur? Il a donné son témoignage; il a appris à ces hommes qui
ignoraient tout du Christ, ce qu'est un Serviteur de Sa parole. Il suffit. Le
premier sillon est ouvert: le champ suivra**.

DAN1EL-ROPS. Les Aventuriers de Dieu (1951),
Примечания:

1. Взвод, небольшой кавалерийский отряд. 2. Бени-Аббес, деревня в Сахаре па
восточном краю Большого Эрга, где Шарль де Фуко жил долгое время. 3 Оазис
в алжирской Сахаре. 4. Sans autre relation que... 5.Он спал на плетеной из тростника
циновке, закрепленной между дв}мя невысокими стенками 6. Офицер. которому
было поручено управление сахарскими оазисами. 7. В горах Хоггар или Ахаггар

Вопросы:

* Comparez l'attitude de S. de Braiza et celle du P de Foncauld envers les indigènes
** Que signifie exactement cette
métaphore?

FERDINAND DE LESSEPS (1805-1894)

II faut reconnaître à Ferdinand de Lesseps au moins deux qualités: la foi dans
l'œuvre entreprise et la ténacité pour la mener à terme. Car celui qui devait
percer tout un continent -pour réunir la Méditerranée à la mer Rouge, n'eut
pas seulement des difficultés matérielles à vaincre: son projet se heurtait
également à des adversaires qui ne lui ménagèrent pas les embûches... Mais
rien n'arrêta le père du canal de Suez: à ses yeux, cette œuvre grandiose devait
être le lien, le symbole de la fraternité humaine.

Le Khédive (ou vice-roi) Ismaïl Pacha, désireux de donner un retentissement
mondial à l'ouverture du canal de Suez, avait convié plusieurs souverains aux
cérémonies d'inauguration. C'est pour répondre à cette invitation qu'Eugénie,
femme de Napoléon III et Impératrice de France, avait gagné l'Egypte à bord d'un
yacht pompeusement baptisé «L'Aide».

L'impératrice passe la nuit à bord de son yacht qui, le lendemain matin,
à 8 heures, s'engage dans le canal. «Le Greif», qui porte l'Empereur
d'Autriche et le Prince héritier de Prusse, suit «L'Aigle» puis c'est le
Khédive à bord de son yacht, «Le Maroussah», le Prince de Hollande
à bord d'un vaisseau hollandais et 60 navires de tous genres, de tous bords,
de tous tonnages... Chacun porte le grand pavois, et c'est un long ruban
multicolore qui se déroule au milieu des sables du désert.


Ferdinand de Lesseps a été invité par l'Impératrice à rester à ses côtés
à bord de «L'Aigle»... Au bout d'un moment, sans souci du protocole, il
s'endort dans le fauteuil où il s'est assis... C'est qu'il a passé une mauvaise
nuit... La veille, en grand secret, un de ses collaborateurs est venu l'avertir
qu'un rocher, qui a échappé à tous les sondages et dragages, vient de
provoquer un accident au milieu du canal: un petit bâtiment égyptien
chargé d'éclairer la route est venu se briser sur ce rocher et de telle manière
que le cortège officiel ne pourra passer... Mais ce n'est pas au moment où
tous ses efforts vont recevoir leur récompense qu'un homme comme
Ferdinand de Lesseps se décourage. Il a donc immédiatement pris ses
dispositions, donné ses ordres pour que le programme fixé puisse se
dérouler jusqu'au bout... Il faut que «L'Aigle» passe, et derrière lui les
68 vaisseaux qui prouveront à l'univers que le désert est vaincu, que la
Méditerranée est unie à la mer Rouge autrement que sur le papier... Repris
par son optimisme, Lesseps en arrive même à se féliciter de cet accident.
Que serait-il arrivé en effet si c'était «L1 Aigle» qui fût venu se briser sur ce
rocher? Toute la nuit on a travaillé... Et, avant que le signal du départ ait
été donné au cortège officiel, Ferdinand de Lesseps a appris que le bateau
échoué a pu, à bras d'hommes, être tiré jusqu'à la rive et que l'on a fait
sauter à la dynamite le malencontreux rocher. Le passage est libre... Une
fois de plus, l'ancien diplomate a eu raison d'être optimiste... Une fois de
plus la chance s'est trouvée à ses côtés comme elle s'y est trouvée le 171 au
matin quand, après une journée et une nuit de pluie ininterrompue, le soleil
s'est levé radieux pour éclairer la première cérémonie prévue, la
bénédiction du canal... L'Impératrice, qui ignore tout des alarmes que son
cousin a traversées pendant les dernières heures, l'admire de conserver son
calme, d'être maître de ses nerfs au point de pouvoir prendre quelques
instants de repos alors que, de toutes parts, les acclamations montent vers
lui...

Les populations des villes, des villages du voisinage, des campements
qui sont nés là comme des champignons, se pressent en effet sur les deux
rives. L'Impératrice leur sourit, leur adresse des saints de la main et elle
sent monter des larmes à ses yeux quand, dans la rumeur qui l'enveloppe,
elle distingue le nom de la France et celui de Bounaberdi2.

«Comme c'est beau!., murmure-t-elle... Comme c'est beau!..»

A 11 heures 1/4, le cortège arrive à Raz-el-Ech, à 14 kilomètres de
Port-Saïd, à midi et demi, à Kantara, puis, par EI-Ferdane, El Guisr, on
atteint le lac Tim-sah et l'on s'arrête à Ismaïlia3, où l'on passera la nuit...

Soixante mille personnes sont accourues. Pour que cette foule ne


couche pas ù la belle étoile, le Khédive a mis à sa disposition mille tentes,
et, pour qu'elle ne meure pas de faim, deux cents tables où chacun peut
boire et manger gratuitement, et pour l'entretien desquelles un crédit de
deux millions a été ouvert a un restaurateur du Caire. Un palais qui
a féeriquement surgi des sables accueille le Khédive et ses invités qu'un
banquet réunit à la fin de la journée. A l'issue de ce banquet, M. de Lesseps
reçoit des mains de l'Impératrice la grand-croix de la Légion d'honneur et
des mains d'ismaïl la grand-croix de l'Osmanié4, pendant que dans la nuit
de velours éclate un feu d'artifice auquel succède un bal où, sur des
rythmes de Strauss et de Métra5, cinq mille danseurs et danseuses valsent
jusqu'au matin.

Le lendemain 19 novembre, le cortège qui s'égrène dans le sillage de
«L'Aigle» quitte Ismaïlia à midi et demi, passe à Toussorn et à Sérapéum
et atteint les lacs Amers à 4 heures et demie. Le 20 sera le dernier jour do
navigation à travers le désert: parti à 7 heures 1/4, on arrive à l'entrée de la
mer Rouge quatre heures plus tard. Le canal a été parcouru de bout en
bout,... Les 68 navires qui constituent la flotte impériale et khédiviale ont,
de Port-Saïd à Suez, parcouru sans accident ni incident l'itinéraire que
suivront les paquebots, les cargos qui, d'Europe, voudront désormais aller
vers Aden et l'Ethiopie, vers l'Inde et la Birmanie, vers Madagascar et le
Transvaal, vers le Japon et l'Australie, vers l'Indochine et vers Java
L'Europe est directement reliée à l'Asie*.

RENÉ JEANNE. Ferdinand de Lesseps (1942)
Примечания:

1. 17 ноября 1869 г. 2. Имя, данное на востоке Бонапарту. 3. Город на Синайском
полуострове, названный в честь хедива (вице-короля) Египта Исмаила-паши. 4. Ту-
рецкий орден, учрежденный в 1861 г. 5 Композиторы, авторы знаменитых вальсов

Вопросы:

* Suшмуя ыur une carte les étapes du cortège Puis démontrez les avantages énormes qui
représentait l'ouverture du (anal pour les peuples du monde entier

HÉSITATIONS DE PASTEUR (1822 1895)

De tous les savants français. Pasteur est sans aucun doute le plus populaire.

C'est que ses découvertes ont sauvé des milliers et des milliers de vies
humaines en révélant la cause des maladies contagieuses et les moyens de les


prévenir. Il serait donc vain de faire le panégyrique de celui qui, entre autres
titres de gloire, parvint le premier à prévenir la rage après morsure de chien
enragé. Mais ce qu'il faut souligner, parce qu'on le sait moins peut-être, c'est
l'admirable conscience de l'illustre biologiste: ses scrupules, au moment où il
expérimenta son traitement sur le petit Meister, qui venait d'être mordu par un
chien enragé, montrent qu'en lui le savant n'avait point étouffé l'homme.

Pasteur est face à face avec cet enfant qui, dans quelques jours, va
mourir. Il hésite...

Lui qui, au cours de sa vie, a eu toutes les audaces, qui s'est, attaqué aux
plus grands des, savants et aux théories les plus solidement établies, lui qui
a détruit les dogmes scientifiques dont vivait l'humanité1 lui qui a brisé les
idoles et qui seul a secoué les colonnes du temple, le voilà qui, pour la
première fois, hésite.

«La séance hebdomadaire de l'Académie des sciences, a écrit Pasteur,
avait précisément lieu le 6 juillet; j'y vis notre confrère M. le docteur
Vulpian, à qui je racontai ce qui venait de se passer. M. Vulpian ainsi que
le docteur Grancher, professeur à la Faculté de Médecine, eurent la
complaisance de venir voir immédiatement le petit Joseph Meister et de
constater l'état et le nombre de ses blessures. Il n'en avait pas moins de
quatorze.

«Les avis de notre savant confrère et du docteur Grancher furent que,
par l'intensité et le nombre de ses morsures, Joseph Meister était exposé
presque fatalement à prendre la rage. Je communiquai alors à M. Vulpian
et à M. Grancher les résultats nouveaux que j'avais obtenus dans l'étude de
la rage depuis la lecture que j'avais faite à Copenhague, une année
auparavant.

«La mort de cet enfant paraissant inévitable, je me décidai, non sans de
vives et cruelles inquiétudes, on doit bien le penser, à tenter sur Joseph
Meister la méthode qui m'avait constamment réussi sur les chiens.»

Les inoculations furent faites chaque jour du 7 au 16 juillet. On
commença par la moelle de quatorze jours2 pour finir par celle de un jour.

«Le soir de cette épreuve redoutable, a écrit René Vallery-Radot, le
petit Meister, après avoir embrassé son «cher monsieur Pasteur», comme il
l'appelait, alla dormir paisiblement. Pasteur passa une nuit cruelle.
L'insomnie, qui épargne d'ordinaire les homm,es d'action, ne ménage pas les
hommes de pensée. Ce mal les étreint. A ces heures lentes et sombres de la
nuit où tout est déformé, où la sagesse est en proie aux fantômes, Pasteur,
hors de son laboratoire, perdant de vue l'accumulation d'expériences qui lui
donnaient la certitude du succès, s'imaginait que cet enfant allait mourir».


Seule, Mme Pasteur ne douta jamais.

Le traitement du petit Meister achevé, Pasteur, brisé par trop
d'émotions, consent à prendre quelques jours de repos avec sa fille et son
gendre dans un coin du Morvan.

Mais la pensée de l'enfant le hante. Chaque matin, il attend fiévreuse-
ment la lettre ou le télégramme de Grancher qui donnera des nouvelles de
Meister. Il passe des heures silencieuses à marcher, aux côtés de son
gendre, dans la solitude des bois.

Cependant, les jours passent. Pasteur se rassure. Le petit Meister est
sauvé*!

PASTEUR VALLERY-RADOT. Pasteur (1938)

Примечания:

l.Пacтep был создателем микробиологии. 2. Пастер прививал больным вытяжку
из спинного мозга кролика, зараженного бешенством, вирулентность (болезнетворная
способность) которого ослаблена с помощью специальных методов. La moelle de 14
jours.
— спинной мозг, выдерживавшийся для такого ослабления в течение 14 дней.

Вопросы:

* Qu'y a-t-il de pathétique dans ce récit?


Дата добавления: 2015-08-02; просмотров: 43 | Нарушение авторских прав


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