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Pour en avoir le cњur net

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Ils s’en allaient tous les deux, remontant l’avenue de l’Opйra.

 

Lin, un gommeux quelconque, aux souliers plats relevйs et pointus, aux vкtements йtriquйs, comme s’il avait dы sangloter pour les obtenir; en un mot, un de nos joyeux rйtrйcis.

 

Elle beaucoup mieux, toute petite, mignonne comme tout, avec des frisons fous plein le front, mais surtout une taille…

 

Invraisemblable, la taille!…

 

Elle aurait certainement pu, la petite blonde, sans se gкner beaucoup, employer comme ceinture son porte-bonheur d’or massif.

 

Et ils remontaient l’avenue de l’Opйra, lui de son pas bкte et plat de gommeux idiot, elle, trottinant allиgrement, portant haut sa petite tкte effrontйe.

 

Derriиre eux, un grand cuirassier qui n’en revenait pas.

 

Complиtement mйdusй par l’exiguпtй phйnomйnale de cette taille de Parisienne, qu’il comparait, dans son esprit, aux robustesses de sa bonne amie, il murmurait, а part lui:

 

«Зa doit кtre postiche.»

 

Rйflexion ridicule, pour quiconque a fait un tant soit peu d’anatomie.

 

On peut, en effet, avoir des fausses dents, des nattes artificielles, des hanches et des seins rajoutйs, mais on conзoit qu’on ne peut avoir, d’aucune faзon, une taille postiche.

 

Mais ce cuirassier, qui n’йtait d’ailleurs que de 2e classe, йtait aussi peu au courant de l’anatomie que des artifices de la toilette, et il continuait а murmurer, trиs ahuri:

 

«Зa doit кtre postiche.»

 

Ils йtalent arrivйs aux boulevards.

 

Le couple prit а droite et, bien que ce ne fыt pas son chemin, le cuirassier les suivit.

 

Dйcidйment, non, ce n’йtait pas possible, cette taille n’йtait pas une vraie taille. Il avait beau, le grand cavalier, se remйmorer les plus jolies demoiselles de son chef-lieu de canton, pas une seule ne lui rappelait, mкme de loin, l’йtroitesse inouпe de cette jolie guкpe.

 

Trиs troublй, le cuirassier rйsolut d’en avoir le cњur net et murmura:

 

«Nous verrons bien si c’est du faux.»

 

Alors, se portant а deux pas а droite de la jeune femme, il dйgaina.

 

Le large bancal, horizontalement, fouetta l’air et s’abattit tranchant net la dame, en deux morceaux qui roulиrent sur le trottoir, tel un ver de terre tronзonnй par la bкche du jardinier cruel.

 

C’est le gommeux qui faisait une tкte!

 

Crime russe

Ce fut l’excиs mкme de la hideur de cette vieille, je crois bien, qui m’attira chez elle.

 

Quand, passant dans une ruelle sinistre et transversale, je l’aperзus а sa fenкtre, cette dйtestable vieille, avec son masque violвtrement blafard, ses petits yeux oщ luisaient toutes les sales luxures, et sa frisottante perruque brune, si manifestement postiche, il me monta au cerveau une bouffйe de cette lubricitй fangeuse qui vient hanter les rкveries de certains trиs jeunes hommes et de quelques vieux dйgoыtants.

 

De prиs, elle йtait rйpugnante au-delа de toute expression.

 

La couperose de ses vieilles joues molles se trouvait encore aggravйe par le poudroiement louche d’une veloutine acquise chez une herboriste de onziиme classe, sans doute avorteuse.

 

Des rйparations successives а son йnorme rвtelier avaient mis des dents d’azur trouble а cфtй d’autres qui semblaient de vieil ivoire.

 

Et si, en ce moment, je n’avais pas eu l’esprit si calme, je me serais certainement cru le jouet d’un angoissant cauchemar.

 

Ce n’йtait pas le besoin qui la poussait а accomplir son immonde profession, car tout, chez elle, sentait l’aisance presque confortable.

 

Des draps fins et blancs garnissaient le lit, un lit de villageois cossus. Une armoire normande en chкne massif se carrait dans un coin de la chambre avec cet aspect riche, cette apparence – inexplicable par la raison – d’кtre remplie, qui fait que les gens comme moi distinguent infailliblement, mкme fermйes, les armoires pleines des vides.

 

D’une voix crapuliforme qu’elle essayait de faire gazouillante, la vieille me causait. Elle disait la gloire de mes bottes.

 

«Comme tes bottes sont belles!»

 

Effectivement, mes bottes, ancien cadeau que me fit а Plewna le gйnйral Sakapharine, йtaient plus belles que nulle langue humaine ne saurait l’exprimer.

 

Je goыtai la joie de contrarier la vieille:

 

«Mes bottes! Elles sont ignobles; je les ai payйes trente-cinq sous, ce matin, а un ramasseur de bouts de cigares, place Maubert.

 

– Sale blagueur!»

 

Pendant que la conversation continuait sur ce ton, l’idйe me vint, hantise vague d’abord, de tuer cette femme а propos de bottes.

 

Et je prononзai, а mi-voix, ces mots: а propos de bottes.

 

Dиs lors, la rйsolution d’assassiner la vieille s’installa en moi, irrйmissiblement.

 

Mon couteau йtait de ceux qu’on appelle couteaux de Nontron, et qu’on fabrique а Chвtellerault.

 

La lame de ces armes est droite et pointue. Le manche rond se rйtrйcit vers le bas pour кtre bien en main, et une large virole mobile empкche que la lame ne se referme.

 

А un moment, la vieille me tourne le dos. Je lui plantai le coup, trиs fort et trиs droit, а une place que je sais. Pendant qu’elle s’affaissait sur les genoux en une posture dйsespйrйe, je lui maintenais le couteau dans la plaie, et la large virole empкchait le sang de couler.

 

Quand elle eut poussй son dernier hou rauque, quand l’hйmorragie interne eut achevй de l’йtouffer, je pris dans un tiroir de son armoire ses piиces d’or et quelques valeurs, et, refermant la porte sur moi, je m’en allai…

 

Toute cette scиne n’avait pas durй dix minutes, et pas de bruit, pas de sang rйpandu.

 

Certes, pour de l’ouvrage bien faite, comme a dit le poиte Sarcey, c’йtait de l’ouvrage bien faite[10].

 

Je me dirigeai vers la maison de ma maоtresse, une jeune femme qui s’appelle Nini et que mes amis ont surnommйe Nini Novgorod, depuis que c’est moi son amant.

 

Un couple de sergents de ville arrivait lentement dans ma direction.

 

Je ne sais pas, mais leur air tranquille me fit passer а fleur de peau un frisson glacй. Ils me semblaient trop tranquilles.

 

Alors, effrontйment, je plantai dans leurs yeux mon regard hardi, et tous les deux, comme mus par un mouvement machinal portиrent, en passant prиs de moi, la main а la visiиre de leur kйpi.

 

D’autres gens de police, rencontrйs plus loin, et dйvisagйs de la mкme faзon, me saluиrent aussi, rйpondant а ma secrиte prйoccupation.

 

«Nous vous prenons si peu, semblaient-ils dire, pour un assassin, cher monsieur, que nous n’hйsitons pas а vous saluer respectueusement.»

 

Nini Novgorod n’йtait pas chez elle. Machinalement, je jetai un coup d’њil sur une glace du salon et me voilа secouй par le plus joyeux йclat de rire, peut-кtre, de toute ma vie.

 

Je m’expliquais mon prestige subit devant les gardiens de la paix.

 

La virole de mon couteau n’avait pas bouchй hermйtiquement la blessure de la vieille.

 

Par la solution de continuitй qui permet а la lame de se refermer, avait giclй un lйger filet de sang.

 

Ce filet йtait venu s’йpanouir en rosette sur la boutonniиre de ma redingote.

 

Tous ces imbйciles m’avaient pris pour un officier de la Lйgion d’honneur.

 


Дата добавления: 2015-11-14; просмотров: 74 | Нарушение авторских прав


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Une mort bizarre| Le drame d’hier

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