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Le mariage manquй

Le langage des fleurs | Le Pauvre Bougre et le bon gйnie | Un point d’histoire | Inanitй de la logique | Le bahut Henri II | Un clichй d’arriиre-saison | Un fait-divers | IV Ce qu’йtait Mathias | VI Les larmes d’un nиgre | Fausse manњuvre |


Boulevard Saint-Michel, Sapeck passait un dimanche soir, lorsqu’il fut accostй par un jeune potache qui lui demanda, le kйpi а la main:

 

– Pardon, monsieur, vous plairait-il de me rendre un petit service?

 

– Tel est le plus cher de mes vњux. De quoi s’agit-il?

 

– Tout simplement de me rentrer au lycйe Saint-Louis. Devant le censeur, vous me ferez vos adieux comme si vous йtiez mon oncle.

 

Les voilа partis, Sapeck et le potache; Sapeck grave, le potache enchantй.

 

Dans le parloir, devant le censeur qui prйside а la rentrйe des йlиves, Sapeck redouble de gravitй:

 

– Bonsoir, mon neveu.

 

– Bonsoir, mon oncle.

 

– Travaille bien, mon neveu, et ne sois pas collй dimanche. Que ta devise soit celle de Tacite: Laboremus et bene nos conduisemus, car, comme l’a trиs bien fait observer Lucrиce dans un vers immortel: Sine labore et bona conducta ad nihil advenimus. Et surtout sois poli et convenable avec tes maоtres: Maxima pionibus debetur reverentia.

 

Le pauvre potache, pendant ce discours, semblait un peu gкnй de la latinitй cuisiniиre de son oncle improvisй. Il risqua un: Bonsoir, mon oncle! timide.

 

Mais Sapeck ne l’entendait pas ainsi. Il venait d’apercevoir, luisant sur le gilet du lycйen, une superbe chaоne d’or.

 

– Comment! s’йcria-t-il, petit malheureux, tu emportes ta montre au collиge? Ne sais-tu donc pas qu’а Rome, а la porte de chaque йcole, se trouvait un fonctionnaire chargй de fouiller les petits йlиves et de leur enlever les sabliers et les clepsydres qu’ils dissimulaient sous leur toge? On appelait cet homme le scholarius detrussator, et Salluste avait dit а cette йpoque: Chronometrum juvenibus discipulis procurat distractiones.

 

– Mais, mon oncle…

 

– Remets-moi ta montre.

 

Le censeur intervint:

 

– Remettez donc votre montre а monsieur votre oncle. D’ailleurs, vous n’en avez nul besoin au lycйe.

 

Le potache commenзait а йprouver de sйrieuses inquiйtudes pour son horlogerie, quand le bon Sapeck, dont le cњur est d’or, conclut avec une infinie mansuйtude:

 

– Allons, mon enfant, garde ta montre, et qu’elle soit pour moi le symbole du temps qui passe et ne saurait se rattraper: Fugit irreparabile tempus.

 

Cette histoire de mon ami Sapeck m’est revenue au souvenir, ces jours-ci, а l’йpilogue d’une aventure qui m’arriva l’annйe derniиre, et dont le dйbut prйsente quelque analogie avec la premiиre.

 

Moi aussi, je fus accostй par un potache. C’йtait un dimanche aprиs-midi, а la fкte de Neuilly.

 

Comme а Sapeck, mon potache me demanda, le kйpi а la main:

 

– Pardon, monsieur, vous plairait-il de me rendre un petit service?

 

– Si cela ne me dйrange en rien[7], rйpondis-je poliment, je ne demande pas mieux. De quoi s’agit-il?

 

– Voici, monsieur… Permettez-moi d’abord de vous prйsenter ma bonne amie, dont je suis йperdument amoureux.

 

Et il me prйsenta une maniиre de petite brune drфlichonne qui louchait un peu.

 

Кtes-vous comme moi? J’adore les petites brunes drфlichonnes qui louchent un peu.

 

Je m’inclinai.

 

– Je suis trиs dйsireux, reprit le potache, d’avoir le portrait de mademoiselle sur ma cheminйe. Mais ma mиre ne consentira jamais а laisser traоner un portrait de demoiselle sur ma cheminйe. Aussi ai-je imaginй un subterfuge. Elle se fera photographier en votre compagnie, et je dirai а ma mиre que c’est le portrait d’un de mes professeurs et de sa femme. Зa vous va-t-il?

 

Au fond, je suis bon; cela m’alla.

 

Nous entrвmes chez un photographe forain, qui nous livra en quelques minutes un pur chef-d’њuvre de ressemblance sur tфle, encadrй richement, le tout pour 1 franc 75.

 

Tout derniиrement, j’ai йtй sur le point de me marier.

 

Un jour, mon ex-futur beau-pиre me demanda, non sans raideur:

 

– Au moins, avez-vous rompu dйfinitivement?

 

– Rompu? fis-je. Rompu avec qui?

 

– Avec certaine petite brunette qui louchait un peu.

 

Je fouillai au plus profond de mes souvenirs. Aucun fantфme de brunette qui louche un peu.

 

Je niai carrйment.

 

– Et зa? brandit mon beau-pиre.

 

Comment s’йtait-il procurй le malheureux portrait, je ne le sus jamais, mais il l’avait en sa possession.

 

– Qu’on ait des maоtresses, disait-il, je le comprends, et mкme je l’admets… Mais qu’on s’affiche avec!…

 

Et il ne concluait mкme pas.

 

Il me refusa sa fille.

 

Зa m’est йgal, j’ai appris depuis qu’elle avait des habitudes invйtйrйes d’ivrognerie.

 


Дата добавления: 2015-11-14; просмотров: 44 | Нарушение авторских прав


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La bonne fille| Le nommй Fabrice

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