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Manifestation de grévistes

SAINT BERNARD | L'ABBÉ JEANNE | VOCATION DES CARMÉLITES | L'ESPRIT DE PORT-ROYAL | VIEUX PROTESTANTS DU PAYS CÉVENOL | UN ANTICLÉRICAL: LE PHARMACIEN HOMAIS | DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS | LES PARTIS POLITIQUES | JAURÈS DANS UN MEETING | Désintéressement. |


Les revendications sociales sont fort anciennes en France, où de nombreux
mouvements de grève se sont succédé depuis un siècle. Si la violence n'en fut,
pas toujours exclue, il faut comprendre qu'elle était suscitée par la misère
souvent révoltante de la condition ouvrière.

La scène se passe dans le nord de la France, dans la région de Koubaix-
Toureoing, où sont inflallées de puissantes industrie s textile s. Les patrons ayant
refusé l'augmentation demandée par les ouvriers, ceux-ci se sont mis en grève.

Une rumeur lointaine, lentement accrue, finit par tirer Denoots1 de sa
rêverie sombre. Des cris, des clameurs, un piétinement confus d'êtres en
marche... Ce moutonnement venait de la rue du Pays, envahissait l'entrée
de la rue de la Fosse-aux-Chênes. Denoots ouvrit sa fenêtre, jeta au-dehors
un coup d'œil. Une troupe de gardes à cheval2 arrivait. Ils passèrent sous sa
fenêtre. Derrière venait une fanfare, avec des grosses caisses3, qui menaient
grand bruit. Puis, encadrée entre deux files de gardes mobiles à cheval
alternant avec des gardes à pied et des policiers, lente, désordonnée,
tumultueuse, la foule des grévistes avançait en cortège.


Ce n'était pas d'abord, comme on eût pu le croire, un spectacle
dramatique. Cette masse, on la sentait trop bien contenue, trop fermement
endiguée par ces hommes en uniformes, avec leurs armes, leurs carabines
et leurs sabres. Des femmes hâves, en pantoufles, tramaient des enfants
sales. Les hommes étaient en espadrilles, en casquette. Beaucoup, malgic
la pluie, n'avaient pas de pardessus. Ils avaient relevé le col de leur veston
minable4. Ils chantaient sans entrain, malgré les encouragements des
dirigeants, qui, à côté, comme des caporaux, les guidaient en suivant de
l'œil, sur un papier, les paroles des couplets de L'Internationale, que bien
peu connaissent. Et, pressés, bousculés, passant en hâte entre deux rangées
d'hommes solides et armés pour la bataille, ils paraissaient plus pitoyables
qu'effrayants, avec leurs joues creuses et leur carrure étriquée5. Un mot
venait aux lèvres:

«Les malheureux*!»

Jusqu'au jour où, peut-être, la faim en ferait une bande de loups.

Beaucoup portaient des pancartes, au bout de longs bâtons. On y lisait

Cinq four cent d'augmentation!

La semaine de quarante heures!

Quinze jours de vacances payées!

La lutte jusqu'au bout! Le triomphe ou la mort!

Mélange de revendications pratiques et de phraséologie pompeuse.
comme l'aime le peuple. Tous les trente mètres, un grand cri soulevait la
foule:

«Du pain pour nos enfants! Du plomb8 pour nos patrons!»

Denoots regardait toujours. Le cortège arrivait à sa fin. Déjà, tout au
bout de la rue, on voyait le peloton de gardes à cheval qui fermait la
marche. A cet instant, une femme, sous la fenêtre de Denoots, leva la tête.
Elle aperçut le patron qui regardait le cortège. Elle le dit à d'autres. Des
gens s'arrêtèrent. On leva le poing vers lui. On lui cria:

«A mort! A mort!»

Les agents poussaient en vain cette foule qui ne voulait plus avancer
Des hommes cherchaient des pierres. Beaucoup se colletaient9 avec les
gardes, refusant de s'en aller. L'incident allait tourner en échauffourée-
malgré l'intervention de Denvaert10 et de quelques chefs du syndicat, qui
tentaient de calmer leurs hommes et s'opposaient aux violences des
policiers énervés. Un bâton, lancé par une femme, cassa un carreau de la

fenêtre d'où l'industriel regardait. Denoots referma la croisée. Mais les cris


continuèrent:

«A mort! A mort! La corde au cou, Denoots! La corde au cou!»

Cinq minutes encore, la bousculade se prolongea sous sa fenêtre. Puis
l'échauf-fourée se calma. Le cortège reprenait sa route. Lentement, decres-
cendo,
les vociférations s'éloignaient:

«Quand on n'aura plus d'pain, faudra taper dans l'tas! Taper dans l'tas! "
Taper dans l'tas!»

De nouveau, on le12 perçut comme une rumeur confuse et distante, qui
s'en allait ailleurs, porter en d'autres coins de la cité la terreur et la révolte.
«Du pain pour nos enfants! Du plomb pour nos patrons!» C'était là le grand
cri, celui où chacun mettait son exaspération de misère. On le reprenait
à chaque instant. Il dominait tous les autres, il résumait la volonté sauvage
de ce peuple: se venger, et manger.

Et tout s'était tu, la Fosse-aux-Chênes avait repris son calme de rue
morte, quand, écho lointain et farouche, revint encore, apporté par le vent
jusqu'aux oreilles de Denoots frissonnant et paie, la suprême clameur de
famine et de haine, dont on n'entendait que les premiers mots: «Du pain!..
Du plomb!.. Du pain!.. Du plomb**!..»

MAXENCE VAN DER MEERSCH.
Quand les sirènes se taisent (1933).

Примечания:

1. Промышленник, возле дома которого проходит демоне фация забастовщиков
2. Конной полиции, присланной для наведения порядка 3 Большой барабан, иногда
соединенный с металлическими тарелками. 4. Невзрачного, жалкого. 5 Их узкими
плечами 6. Продолжительность рабочей недели составляла тогда 48 часов. 7. Напы-
щенные выражения, фразы 8 Свинец, т.е пуля 9 Сцепились, дрались 10 Один из
Руководителей забастовки. 11. Навалиться, налететь на противника (разг) 12 Le
cortège.

Вопросы:

* Par quels détails précis est évoquée la misère des grévistes?

** Quelle impression se dégage de ce récit? Quel usage l'écrivain fait-il de certaine
ruthmes, de certaines allitérations? Quelle semble être la position de l'écrivain envers le
mouvement revendicatif qu'il décrit?


Дата добавления: 2015-08-02; просмотров: 43 | Нарушение авторских прав


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