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TABLE DES MATIÉRES: Le vouloir d'une architecture française | Des villes, des villages et des fortifications | Des constructeurs | La présence du classicisme français | La pierre crépie et la pierre de taille | Les toits et les charpentes | Le toit comme ornement | Les portes et les fenêtres | La naissance d'une architecture «canadienne» | L'art d'habiter | Châteaux et palais | L'appartement et l'unité salle-chambre | Le corps de logis double | Le poids de l'héritage
L'architecture du Régime français est faite de projets plus que de réalisations; l'histoire en est celle d'une lente adaptation, entre les ambitions de la France de l'ère classique et la Nouvelle-France au climat difficile, où la disponibilité des matériaux autant que celle des constructeurs dressent de multiples barrières devant ce qui n'aurait été, autrement, que la transposition des modèles métropolitains. Le vouloir français a surtout légué au Canada une mémoire, qui, pour l'essentiel, survit à travers la «canadianisation» des ambitions originelles de la mère-patrie.
Le vouloir d'une architecture française
Les Européens qui découvrent le Nouveau Monde aux XVIe et XVIIe siècles tentent, tout naturellement, d'y transposer les acquis de leur civilisation. L'établissement en Nouvelle-France diffère cependant de celui de la Nouvelle-Angleterre: en effet, les Hollandais et les Britanniques qui abordent celle-ci sont en rupture avec leur terre d'émigration, et entreprennent de ce fait de s'adapter aux contrées dans lesquelles ils entendent s'installer définitivement. Pour ces individus en quête de liberté, la Nouvelle-Angleterre est une terre promise. À l'opposé, la Nouvelle-France est prise en charge comme colonie, par le Roi. Les Français, provenant d'un univers hiérarchisé, où des conventions rigides gouvernent tout, jusqu'aux représentations picturales, importent en Nouvelle-France des usages et des modèles qu'ils n'ont guère l'intention d'adapter au pays. C'est ainsi sous l'oeil stupéfait des amérindiens qu'ils entreprennent de construire leur établissement: alors que les iroquoiens, en effet, ont coutume de bâtir à l'aide de matériaux bruts (troncs d'arbres, branches, écorces...), les menuisiers et charpentiers européens n'utilisent que des pièces de bois sciées ou équarries, qu'ils assemblent à tenon et mortaise et bloquent par des chevilles. La manière des premiers ne contaminera jamais celle des seconds.
L'architecture de la jeune Nouvelle-France reste toutefois réduite au minimum, à tout le moins jusqu'en 1664. Cette année-là, deux ans après l'institution de son règne personnel, Louis XIV fait de l'ancienne colonie une province française de plein droit: on entreprend d'ériger sur le Cap-aux-Diamants une capitale digne de ce nom. Les bâtiments de bois font alors place aux bâtiments de pierre, jusque là fort rares; le paysage de la Nouvelle-France commence à se parer des formes du classicisme français.
Des villes, des villages et des fortifications
La ville classique, telle qu'on voudra dès lors l'établir, est un objet rigoureusement planifié, dont le dessin, l'organisation et, surtout, les fortifications sont tracées sur le papier avant d'être transposés sur le sol. Mais en Nouvelle-France, la vision de la «ville nouvelle», figure géométrique quadrillant un territoire régulier et vierge, se heurte à celle de la ville aristocratique issue du moyen-âge, dont l'image consacrée voit une ville haute (institutionnelle) dominer une ville basse (marchande), selon l'héritage d'une société fondée sur les privilèges et le droit du sang.
D'abord site d'un projet de ville nouvelle (Champlain l'appelait «Ludovica»), Québec, suivie de Montréal et de Trois-Rivières, naît ainsi autour de deux pôles, l'un s'érigeant sur une butte (figurant la «motte» du château médiéval); les enceintes fortifiées qui encerclent ces villes, fortement symboliques, servent pour l'essentiel à qualifier l'espace urbain, en distinguant le «bourg» aristocratique du «faux bourg», où le droit de cité n'a pas cours.
En dehors de ces villes, la Nouvelle-France s'établit sous la forme de villages linéaires, épousant le profil des concessions le long du Saint-Laurent. Mais là aussi, l'on construit autour de deux pôles: le domaine seigneurial (où se trouvent le manoir et le moulin banal) et l'enclos paroissial (où s'érigent l'église, le presbytère et le cimetière), qui attire notables, artisans et marchands.
Il faut attendre 1664, et la volonté de Louis XIV d'un peuplement en noyaux urbains, pour qu'apparaissent quelques premières véritables villes nouvelles (Charlesbourg, Bourg-la-Reine, Bourg-Royal, Boucherville), et un premier plan en damier pour Montréal (1671); c'est après cette date, aussi, qu'on entreprend de régulariser le tracé des rues de Québec, sous l'impulsion du projet d'une nouvelle enceinte fortifiée, oeuvre des ingénieurs du roi qui orchestrent alors le développement urbain.
Ces «ingénieurs du roi» - ce sont des militaires de carrière, initiés à l'art de la fortification et aux conventions du dessin - apportent en effet un souffle nouveau sur le paysage de la Nouvelle-France quand, à partir de la fin du XVIIe siècle, ils y sont envoyés pour veiller à la construction des bâtiments du roi (château Saint-Louis, palais de l'intendant, casernes, etc.) et des ouvrages militaires. Formés aux préceptes de l'ingénieur français Vauban, ils assurent la défense de la colonie en projetant des forts le long des voies de pénétration, d'abord (Fort Chambly, Fort Senneville), puis, après la passation du Traité d'Utrecht (1713), en dressant un chapelet de places fortes aux frontières de la Nouvelle-France, sur les rives du lac Champlain (fort Carillon, fort Saint-Frédéric), sur les Grands Lacs (fort Duquesne, fort Niagara, fort Frontenac), et sur l'île du Cap-Breton (LOUISBOURG).
Port-Royal (dessin de Champlain)
Les bâtiments de Port-Royal, dessin de Samuel de Champlain, dans «Les Voyages», 1613 (avec la permission de la Bibliothèque nationale du Canada).
Fort Niagara (New York)
Les baraquements ou «maisons à mâchicoulis», construits en 1726 à partir des plans de l'ingénieur Gaspard Chaussegros de Léry (photo de Luc Noppen).
Louisbourg, forteresse de
Louisbourg était une forteresse stratégique dans l'empire français d'Amérique (Corel Professional Photos).
Дата добавления: 2015-10-26; просмотров: 153 | Нарушение авторских прав
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