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Un document produit en version numйrique par Pierre Palpant, bйnйvole, 1 страница



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Hippolyte TAINE

LES ORIGINES DE LA

FRANCE CONTEMPORAINE

I

L’ANCIEN RЙGIME

 

Un document produit en version numйrique par Pierre Palpant, bйnйvole,

Courriel: ppalpant@uqac.ca

 

Dans le cadre de la collection: “ Les classiques des sciences sociales ”

fondйe et dirigйe par Jean-Marie Tremblay,

professeur de sociologie au Cйgep de Chicoutimi

Site web: http://classiques.uqac.ca/

 

Une collection dйveloppйe en collaboration avec la Bibliothиque

Paul -Йmile Boulet de l’Universitй du Quйbec а Chicoutimi

Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/

 

Un document produit en version numйrique par Pierre Palpant, collaborateur bйnйvole,

Courriel: ppalpant@uqac.ca

 

а partir de:

 

LES ORIGINES DE LA FRANCE CONTEMPORAINE.

L’ANCIEN RЙGIME

par Hippolyte TAINE (1828-1893)

 

 

Editions Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1986, 315 pages sur 839.

Premiиre йdition: 1875.

 

Polices de caractиres utilisйe: Verdana, 12 et 10 points.

Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5 x 11’’

Йdition complйtйe le 1er dйcembre 2006 а Chicoutimi, Quйbec.

 

NOTE CSS

Taine a citй ses sources avec une grande prйcision. Aussi plusieurs centaines de liens hypertextes ont-ils pu кtre placйs, vers d’autres sites mais essentiellement vers Gallica, pour accйder aux ouvrages rйfйrencйs, le plus souvent а la page mкme de la citation. Attention, pour Gallica, ne pas oublier d’insister, si nйcessaire lourdement, en actualisant (F5): la page se livre, aprиs s’кtre fait mйriter.

Diverses notes renvoient aux diffйrents tomes des Origines. Pour accйder aux renvois, ouvrir le tome concernй et entrer, dans Йdition/Rechercher, la page indiquйe entre crochets prйcйdйe de p. [‘p.xxx’]

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Les origines sont disponibles sur Gallica (11 volumes, йdition 1901-1904), en mode image, et sans liens avec les ouvrages citйs en note.


T A B L E D E S M A T I И R E S

Prйface

L’ANCIEN RЙGIME

I. La structure de la sociйtй — II. Les mњurs et les caractиres — III. L’esprit et la doctrine — IV. La propagation de la doctrine — V. Le peuple.

 

Livre premier

La structure de la sociйtй

Chapitre I. ORIGINE DES PRIVILИGES

I. Services et rйcompense du clergй.

II. Services et rйcompense des nobles.

III. Services et rйcompense du roi.

Chapitre II. LES PRIVILИGES

I. Nombre des privilйgiйs.

II. Leurs biens, capital et revenu.

III. Leurs immunitйs.

IV. Leurs droits fйodaux. — Ces avantages sont des dйbris de la souverainetй primitive.

V. Ils peuvent кtre justifiйs par des services locaux et gйnйraux.

Chapitre III. SERVICES LOCAUX QUE DOIVENT LES PRIVILЙGIЙS

I. Exemples en Allemagne et en Angleterre. — Les privilйgiйs ne rendent pas ces services en France.

II. Seigneurs qui rйsident. — Restes du bon esprit fйodal. — Ils ne sont point durs avec leurs tenanciers, mais ils n’ont plus le gouvernement local. — Leur isolement. — Petitesse ou mйdiocritй de leur aisance. — Leurs dйpenses. — Ils ne sont pas en йtat de remettre les redevances. — Sentiments des paysans а leur endroit.

III. Seigneurs qui ne rйsident pas. — Enormitй de leurs fortunes et de leurs droits. — Ayant des avantages plus grands, ils doivent de plus grands services. — Raisons de leur absence. — Effet de leur йloignement. — Apathie dans les provinces. — Йtat de leurs terres. — Ils ne font pas l’aumфne. — Misиre de leurs tenanciers. — Exactions de leurs fermiers. — Exigences de leurs dettes. — Йtat de leurs justices. — Effets de leur droit de chasse. — Sentiments des paysans а leur endroit.

Chapitre IV. SERVICES GЙNЙRAUX QUE DOIVENT LES PRIVILЙGIЙS

I. Exemple en Angleterre. — Les privilйgiйs ne rendent pas ces services en France. — Influence et droits qui leur restent. — Ils ne s’en servent que pour eux-mкmes.

II. Assemblйes du clergй. — Elles ne servent que l’intйrкt ecclйsiastique. — Le clergй exemptй de l’impфt. — Sollicitations de ses agents. — Son zиle contre les protestants.



III. Influence des nobles. — Rиglements en leur faveur. – Prйfйrence qu’ils obtiennent dans l’Йglise. – Distribution des йvкchйs et des abbayes. – Prйfйrence qu’ils obtiennent dans l’Йtat. – Gouvernements, offices, sinйcures, pensions, gratifications. – Au lieu d’кtre utiles, ils sont а charge.

IV. Isolement des chefs. – Sentiments des subordonnйs. – La noblesse de province. – Les curйs.

V. Le roi. – Son privilиge est le plus йnorme de tous. – Ayant accaparй tous les pouvoirs, il s’est chargй de toutes les fonctions. – Pesanteur de cette tвche. — Il s’y dйrobe, ou n’y suffit pas. – Sйcuritй de sa conscience. – La France est sa propriйtй. – Comment il en abuse. – La royautй centre des abus.

VI. Dйsorganisation latente de la France.

 

Livre deuxiиme

Les mњurs et les caractиres

Chapitre I. PRINCIPE DES MЊURS SOUS L’ANCIEN RЙGIME

La cour et la vie de reprйsentation.

I. Aspect physique et caractиre moral de Versailles.

II. La maison du roi. – Personnel et dйpenses. – Sa maison militaire, son йcurie, sa vйnerie, sa chapelle, sa facultй, sa bouche, sa chambre, sa garde-robe, ses bвtiments, son garde-meuble, ses voyages.

III. La sociйtй du roi. – Officiers de sa maison. – Invitйs de son salon.

IV. Les occupations du roi. – Lever, messe, dоner, promenades, chasse, souper, jeu, soirйes. – Il est toujours en reprйsentation et en compagnie.

V. Divertissements des personnes royales et de la cour. – Louis XV. — Louis XVI.

VI. Autres vies analogues. – Princes et princesses. — Seigneurs de la cour. – Financiers et parvenus. – Ambassadeurs, ministres, gouverneurs, officiers gйnйraux.

VII. Prйlats, seigneurs et petite noblesse en province. – L’aristocratie fйodale est devenue une sociйtй de salon.

Chapitre II. LA VIE DE SALON

I. Elle n’est parfaite qu’en France. – Raisons tirйes du caractиre franзais. Raisons tirйes du ton de la cour en France. – Cette vie devient de plus en plus agrйable et absorbante.

II. Subordination des autres intйrкts et devoirs. – Indiffйrence aux affaires publiques. – Elles ne sont qu’une matiиre а bons mots. – Nйgligence dans les affaires privйes. – Dйsordre du mйnage et abus de l’argent.

III. Divorce moral des йpoux. – La galanterie. Sйparation des parents et des enfants. – L’йducation, ses lacunes et son objet. – Ton des domestiques et des fournisseurs. – L’empreinte mondaine est universelle.

IV. Attrait de cette vie. – Le savoir-vivre au dix-huitiиme siиcle. – Sa perfection et ses ressources. – Autoritй des femmes pour l’enseigner et le prescrire.

V. Le bonheur au dix-huitiиme siиcle. Agrйment du dйcor et de l’entourage. – Oisivetй, passe-temps, badi­nage.

VI. La gaietй au dix-huitiиme siиcle. – Ses causes et ses effets. Tolйrance et licence. – Bals, fкtes, chasses, festins, plaisirs. – Libertйs des magistrats et des prйlats.

VII. Principal divertissement, la comйdie de sociйtй. – Parades et excиs.

Chapitre III. INCONVЙNIENTS DE LA VIE DE SALON

I. Elle est artificielle et sиche. – Retour а la nature et au sentiment.

II. Trait final qui achиve la physionomie du siиcle, la sensibilitй de salon. Date de son avиnement. – Ses symptфmes dans l’art et la littйrature. – Son ascendant dans la vie privйe. – Ses affectations. – Sa sincйritй. – Sa dйlicatesse.

III. Insuffisance du caractиre ainsi formй. – Adaptй а une situation, il n’est pas prйparй pour la situation contraire. – Lacunes dans l’intelligence. – Lacunes dans la volontй. – Ce caractиre est dйsarmй par le savoir-vivre.

 

Livre troisiиme

L’esprit et la doctrine

Chapitre I. COMPOSITION DE L’ESPRIT RЙVOLUTIONNAIRE. — PREMIER ЙLЙMENT, L’ACQUIS SCIENTIFIQUE

I. Accumulation et progrиs des dйcouvertes dans les sciences de la nature. Elles servent de point de dйpart aux nouveaux philosophes.

II. Changement du point de vue dans la science de l’homme. — Elle se dйtache de la thйologie et se soude comme un prolongement aux sciences de la nature.

III. Transformation de l’histoire. — Voltaire. — La critique et les vues d’ensemble. — Montesquieu. — Aperзu des lois sociales.

IV. Transformation de la psychologie. — Condillac. — Thйorie de la sensation et des signes.

V. Mйthode analytique. — Son principe. — Conditions requises pour qu’elle soit fructueuse. — Ces conditions manquent ou sont insuffisantes au dix-huitiиme siиcle. — Vйritй et survivance du principe.

Chapitre II. DEUXIИME ЙLЙMENT, L’ESPRIT CLASSIQUE

I. Ses indices, sa durйe, sa puissance. — Ses origines et son public. — Son vocabulaire, sa grammaire, son style. — Son procйdй, ses mйrites, ses dйfauts.

II. Sa lacune originelle. — Signes de cette lacune au dix-septiиme siиcle. — Elle s’accroоt avec le temps et le succиs. — Preuves de cet accroissement au dix-huitiиme siиcle. — Poиmes sйrieux, thйвtre, histoire, romans. — Conception йcourtйe de l’homme et de la vie humaine.

III. Conformitй de la mйthode philosophique. — L’idйolo­gie. — Abus du procйdй mathйmatique. — Condillac, Rousseau, Mably, Condorcet, Volney, Sieyиs, Cabanis, Tracy. — Excиs des simplifications et tйmйritй des constructions.

Chapitre III. COMBINAISON DES DEUX ЙLЙMENTS

I. La doctrine, ses prйtentions et son caractиre. — Autoritй nouvelle de la raison dans le gouvernement des choses humaines. — Jusqu’ici ce gouvernement appartenait а la tradition.

II. Origine, nature et valeur du prйjugй hйrйditaire. — En quoi la coutume, la religion et l’Йtat sont lйgitimes.

III. La raison classique ne peut se mettre а ce point de vue. — Les titres passйs et prйsents de la tradition sont mйconnus. — La raison entreprend de la dйtruire.

IV. Deux stades dans cette opйration. — Premier stade, Voltaire, Montesquieu, les dйistes et les rйformateurs. — Ce qu’ils dйtruisent et ce qu’ils respectent.

V. Deuxiиme stade, le retour а la nature. — Diderot, d’Holbach et les matйrialistes. — Thйorie de la matiиre vivante et de l’organisation spontanйe. — Morale de l’instinct animal et de l’intйrкt bien entendu.

VI. Rousseau et les spiritualistes. — Bontй originelle de l’homme. — Erreur de la civilisation. — Injustice de la propriйtй et de la sociйtй.

VII. Les enfants perdus du parti philosophique. — Naigeon, Sylvain Marйchal, Mably, Morelly. — Discrйdit complet de la tradition et des institutions qui en dйrivent.

Chapitre IV. CONSTRUCTION DE LA SOCIЙTЙ FUTURE

I. Mйthode mathйmatique. — Dйfinition de l’homme abstrait. — Contrat social. — Indйpendance et йgalitй des contractants. — Tous seront йgaux devant la loi, et chacun aura une part dans la souverainetй.

II. Premiиres consйquences. — L’application de cette thйorie est aisйe. Motifs de confiance, persuasion que l’homme est par essence raisonnable et bon.

III. Insuffisance et fragilitй de la raison dans l’humanitй. Insuffisance et raretй de la raison dans l’humanitй. — Rфle subalterne de la raison dans la conduite de l’homme. — Les puissances brutes et dangereuses. — Nature et utilitй du gouvernement. — Par la thйorie nouvelle le gouvernement devient impossible.

IV. Secondes consйquences. — Par la thйorie nouvelle l’Йtat devient despote. — Prйcйdents de cette thйorie. — La centralisation administrative. — L’utopie des йconomistes. — Nul droit antйrieur n’est valable. — Nulle association collatйrale n’est tolйrйe. — Aliйnation totale de l’individu а la communautй. Droits de l’Йtat sur la propriйtй, l’йducation et la religion. — L’Йtat, couvent spartiate.

V. Triomphe complet et derniers excиs de la raison classique. — Comment elle devient une monomanie. — Pourquoi son њuvre n’est pas viable.

 

 

Livre quatriиme

La propagation de la doctrine

Chapitre I. SUCCИS DE CETTE PHILOSOPHIE EN FRANCE. — INSUCCИS DE LA MКME PHILOSOPHIE EN ANGLETERRE

I. Causes de cette diffйrence. — L’art d’йcrire en France. А cette йpoque il est supйrieur. — Il sert de vйhicule aux idйes nouvelles. Les livres sont йcrits pour les gens du monde.— Les philosophes sont gens du monde et par suite йcrivains. — C’est pourquoi la philosophie descend dans les salons.

II. Grвce а la mйthode, elle devient populaire.

III. Grвce au style, elle devient agrйable. — Deux assaisonnements particuliers au XVIIIe siиcle, la gravelure et la plaisanterie.

IV. Art et procйdйs des maоtres. Montesquieu. — Voltaire. — Diderot.— Rousseau. — Le Mariage de Figaro.

 

Chapitre II. LE PUBLIC EN FRANCE

I. L’aristocratie. — Ordinairement elle rйpugne aux nouveautйs. — Condi­tions de cette rйpugnance. — Exemple en Angleterre.

II. Les conditions contraires se rencontrent en France. — Dйsњuvrement de la haute classe. — La philosophie semble un exercice d’esprit. — De plus, elle est l’aliment de la conversation. — La conversation philosophique au XVIIIe siиcle. — Sa supйrioritй et son charme. — Attrait qu’elle exerce.

III. Autre effet du dйsњuvrement. — L’esprit sceptique, libertin et frondeur. — Anciens ressentiments et mйcontentements nouveaux contre l’ordre йtabli. — Sympathies pour les thйories qui l’attaquent. — Jusqu’а quel point elles sont adoptйes.

IV. Leur propagation dans la haute classe. — Progrиs de l’incrйdulitй en religion. Ses origines. — Elle йclate sous la Rйgence. — Irritation croissante contre le clergй. — Le matйrialisme dans les salons. — Vogue des sciences. Opinion finale sur la religion. — Scepticisme du haut clergй.

V. Progrиs de l’opposition en politique. — Ses origines. — Les йconomistes et les parlementaires. — Ils frayent la voie aux philosophes. Fronde des salons. — Libйralisme des femmes.

VI. Espйrances infinies et vagues. — Gйnйrositй des sentiments et de la conduite. Douceur et bonnes intentions du gouvernement. — Aveuglement et optimisme.

Chapitre III

I. La classe moyenne. — Ancien esprit du Tiers. — Les affaires publiques ne regardaient que le roi. — Limites de l’opposition jansйniste et parlementaire.

II. Changement dans la condition du bourgeois. — Il s’enrichit. — Il prкte а l’Йtat. — Danger de sa crйance. — Il s’intйresse aux affaires publiques.

III. Il monte dans l’йchelle sociale. — Le noble se rapproche de lui. — Il se rapproche du noble. — Il se cultive. Il est du monde. — Il se sent l’йgal du noble. — Il est gкnй par les privilиges.

IV. Entrйe de la philosophie dans les esprits ainsi prйparйs. — А ce moment celle de Rousseau est en vogue. — Concordance de cette philosophie et des besoins nouveaux. – Elle est adoptйe par le Tiers.

V. Effet qu’elle produit sur lui. – Formation des passions rйvolutionnaires. – Instincts de nivellement. – Besoin de domination. Le Tiers dйcide qu’il est la nation. – Chimиres, ignorance, exaltation.

VI. Rйsumй.

 

Livre cinquiиme

Le peuple

Chapitre I

I. La misиre. – Sous Louis XIV. – Sous Louis XV. – Sous Louis XVI.

II. Condition du paysan pendant les trente derniиres annйes de l’ancien rйgime. – Combien sa subsistance est prйcaire. – Йtat de l’agriculture. – Terres incultes. – Mauvaise culture. – Salaires insuffisants. – Manque de bien-кtre.

III. Aspect de la campagne et du paysan.

IV. Comment le paysan devient propriйtaire. – Il n’en est pas plus а l’aise. – Aggravation de ses charges. – Dans l’ancien rйgime il est le «mulet».

Chapitre II. PRINCIPALE CAUSE DE LA MISИRE. L’IMPФT

I. Impфts directs. – Йtat de divers domaines а la fin de Louis XV. Prйlиvements du dйcimateur et du fisc. – Ce qui reste au propriйtaire.

II. Йtat de plusieurs provinces au moment de la Rйvolution. – Taille, accessoires, capitations, vingtiиmes, impфt des corvйes. – Ce que chacune de ces taxes prйlиve sur le revenu. – Enormitй du prйlиvement total.

III. Quatre impфts directs sur le taillable, qui n’a que ses bras.

IV. La collecte et les saisies.

V. Impфts indirects. – Les gabelles et les aides.

VI. Pourquoi l’impфt est si pesant. – Les exemptions et les privilиges.

VII. Octrois des villes. – La charge retombe partout sur les plus pauvres.

VIII. Plaintes des cahiers.

Chapitre III

I. Йtat des cerveaux populaires. – Incapacitй mentale. – Comment les idйes se transforment en lйgendes.

II. Incapacitй politique. – Comment les nouvelles politiques et les actes du gouvernement sont interprйtйs.

III. Impulsions destructives. – А quoi s’acharne la colиre aveugle. – Mйfiance contre les chefs naturels. – De suspects ils deviennent haпs. – Dispositions du peuple en 1789.

IV. Recrues et chefs d’йmeute. – Braconniers. – Contrebandiers et faux-sauniers. – Bandits. – Mendiants et vagabonds. – Apparition des brigands. – Le peuple de Paris.

Chapitre IV

I. La force armйe se dissout. – Comment l’armйe est recrutйe. – Comment le soldat est traitй.

II. L’organisation sociale est dissoute. – Nul centre de ralliement. – Inertie de la province. – Ascendant de Paris.

III. Direction du courant. – L’homme du peuple conduit par l’avocat. Les seuls pouvoirs survivants sont la thйorie et les piques. – Suicide de l’ancien rйgime.

Chapitre V. RЙSUMЙ

 

Notes sur l’ancien rйgime

Note I. Sur le nombre des ecclйsiastiques et des nobles.

Note 2. Sur les droits fйodaux et sur l’йtat d’un domaine fйodal en 1783.

Note 3. Diffйrence du revenu rйel et du revenu nominal des dignitйs et bйnйfices ecclйsiastiques.

Note 4. Sur l’йducation des princes et princesses.

Note 5. Sur le chiffre de l’impфt direct.

 

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PRЙFACE

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En 1849, ayant vingt et un ans, j’йtais йlecteur et fort embarrassй; car j’avais а nommer quinze ou vingt dйputйs, et de plus, selon l’usage franзais, je devais non seulement choisir des hommes, mais opter entre des thйories. On me proposait d’кtre royaliste ou rйpublicain, dйmocrate ou conserva­teur, socialiste ou bonapartiste: je n’йtais rien de tout cela, ni mкme rien du tout, et parfois j’enviais tant de gens convaincus qui avaient le bonheur d’кtre quelque chose. Aprиs avoir йcoutй les diver­ses doctrines, je reconnus qu’il y avait sans doute une lacune dans mon esprit. Des motifs valables pour d’autres ne l’йtaient pas pour moi; je ne pouvais comprendre qu’en politique on pыt se dйcider d’aprиs ses prйfйrences. Mes gens affirmatifs con­struisaient une constitution comme une maison, d’aprиs le plan le plus beau, le plus neuf ou le plus simple, et il y en avait plusieurs а l’йtude, hфtel de marquis, maison de bourgeois, logement d’ou­vriers, caserne de militaires, phalanstиre de com­munistes, et mкme campement de sauvages. Chacun disait de son modиle: «Voilа la vraie demeure de l’homme, la seule qu’un homme de sens puisse habiter». Аmon sens l’argument йtait faible: des goыts personnels ne me semblaient pas des au­toritйs. Il me paraissait qu’une maison ne doit pas кtre construite pour l’architecte, ni pour elle-mкme, mais pour le propriйtaire qui va s’y loger. — Demander l’avis du propriйtaire, soumettre au peuple franзais les plans de sa future habitation, c’йtait trop visiblement parade ou duperie: en pareil cas, la question fait toujours la rйponse, et d’ailleurs, cette rйponse eыt-elle йtй libre, la France n’йtait guиre plus en йtat que moi de la donner: dix mil­lions d’ignorances ne font pas un savoir. Un peuple consultй peut а la rigueur dire la forme de gouvernement qui lui plaоt, mais non celle dont il a be­soin; il ne le saura qu’а l’usage: il lui faut du temps pour vйrifier si sa maison politique est com­mode, solide, capable de rйsister aux intempйries, appropriйe а ses mњurs, а ses occupations, а son caractиre, а ses singularitйs, а ses brusqueries. Or, а l’йpreuve, nous n’avons jamais йtй contents de la nфtre: treize fois en quatre-vingts ans, nous l’avons dйmolie pour la refaire, et nous avons eu beau la refaire, nous n’avons pas encore trouvй celle qui nous convient. Si d’autres peuples ont йtй plus heu­reux, si, а l’йtranger, plusieurs habitations politiques sont solides et subsistent indйfiniment, c’est qu’elles ont йtй construites d’une faзon particuliиre, autour d’un noyau primitif et massif, en s’appuyant sur quelque vieil йdifice central plusieurs fois raccom­modй, mais toujours conservй, йlargi par degrйs, appropriй par tвtonnements et rallonges aux be­soins des habitants. Nulle d’entre elles n’a йtй bвtie d’un seul coup, sur un patron neuf, et d’aprиs les seules mesures de la raison. Peut-кtre faut-il admet­tre qu’il n’y a pas d’autre moyen de construire а demeure, et que l’invention subite d’une constitution nouvelle, appropriйe, durable, est une entreprise qui surpasse les forces de l’esprit humain.

 

En tout cas, je concluais que, si jamais nous dйcouvrons celle qu’il nous faut, ce ne sera point par les procйdйs en vogue. En effet, il s’agit de la dйcouvrir, si elle existe, et non de la mettre aux voix. Аcet йgard, nos prйfйrences seraient vaines; d’avance la nature et l’histoire ont choisi pour nous; c’est а nous de nous accommoder а elles, car il est sыr qu’elles ne s’accommoderont pas а nous. La forme sociale et politique dans laquelle un peuple peut entrer et rester n’est pas livrйe а son arbitraire, mais dйterminйe par son caractиre et son passй. Il faut que, jusque dans ses moindres traits, elle se moule sur les traits vivants auxquels on l’applique; sinon elle crиvera et tombera en morceaux. C’est pourquoi, si nous parvenons а trouver la nфtre, ce ne sera qu’en nous йtudiant nous-mкmes, et plus nous saurons prйcisйment ce que nous sommes, plus nous dйmкlerons sыrement ce qui nous convient. On doit donc renverser les mйthodes ordinaires et se figurer la nation avant de rйdiger la constitution. Sans doute, la premiиre opйration est beaucoup plus longue et plus difficile que la seconde. Que de temps, que d’йtudes, que d’observations rectifiйes l’une par l’autre, que de recherches dans le prйsent et dans le passй, sur tous les domaines de la pensйe et de l’action, quel travail multipliй et sйculaire, pour acquйrir l’idйe exacte et complиte d’un grand peuple qui a vйcu вge de peuple et qui vit encore! Mais c’est le seul moyen de ne pas construire а faux aprиs avoir raisonnй а vide, et je me promis que, pour moi du moins, si j’entreprenais un jour de chercher une opinion politique, ce ne serait qu’aprиs avoir йtudiй la France.

Qu’est-ce que la France contemporaine? Pour rйpondre а cette question, il faut savoir comment cette France s’est faite, ou, ce qui vaut mieux en­core, assister en spectateur а sa formation. Аla fin du siиcle dernier, pareille а un insecte qui mue, elle subit une mйtamorphose.. Son ancienne organisation se dissout; elle en dйchire elle-mкme les plus prйcieux tissus et tombe en des convulsions qui semblent mortelles. Puis, aprиs des tiraille­ments multipliйs et une lйthargie pйnible, elle se redresse. Mais son organisation n’est plus la mкme: par un sourd travail intйrieur, un nouvel кtre s’est substituй а l’ancien. En 1808, tous ses grands traits sont arrкtйs et dйfinitifs: dйpartements, arrondis­sements, cantons et communes, rien n’a changй depuis dans ses divisions et sutures extйrieures: Concordat, Code, Tribunaux, Universitй, Institut, Prйfets, Conseil d’Йtat, impфts, percepteurs, Cour des Comptes, administration uniforme et centralisйe, ses principaux organes sont encore les mкmes; noblesse, bourgeoisie, ouvriers, paysans, chaque classe a dиs lors la situation, les intйrкts, les sentiments, les traditions que nous lui voyons aujour­d’hui. Ainsi la crйature nouvelle est а la fois stable et complиte; partant, sa structure, ses instincts et ses facultйs marquent d’avance le cercle dans lequel s’agitera sa pensйe ou son action. Autour d’elle, les autres nations, les unes prйcoces, les autres tardives, toutes avec des mйnagements plus grands, quelques-unes avec succиs meilleur, opи­rent de mкme la transformation qui les fait passer de l’йtat fйodal а l’йtat moderne; l’йclosion est uni­verselle et presque simultanйe. Mais, sous cette forme nouvelle comme sous la forme ancienne, le faible est toujours la proie du fort. Malheur а ceux que leur йvolution trop lente livre au voisin qui subitement s’est dйgagй de sa chrysalide et sort le premier tout armй! Malheur aussi а celui dont l’йvolution trop violente et trop brusque a mal йquilibrй l’йconomie intйrieure, et qui, par l’exagй­ration de son appareil directeur, par l’altйration de ses organes profonds, par l’appauvrissement gra­duel de sa substance vivante, est condamnй aux coups de tкte, а la dйbilitй, а l’impuissance, au milieu de voisins mieux proportionnйs et plus sains! Dans l’organisation que la France s’est faite au commencement du siиcle, toutes les lignes gйnй­rales de son histoire contemporaine йtaient tracйes, rйvolutions politiques, utopies sociales, divisions des classes, rфle de l’Йglise, conduite de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple, dйveloppement, direction ou dйviation de la philosophie, des lettres et des arts. C’est pourquoi, lorsque nous voulons comprendre notre situation prйsente, nos regards sont toujours ramenйs vers la crise terrible et fйconde par laquelle l’Ancien Rйgime a produit la Rйvolution, et la Rйvolution le Rйgime nouveau.

 

Ancien Rйgime, Rйvolution, Rйgime nouveau, je vais tвcher de dйcrire ces trois йtats avec exacti­tude. J’ose dйclarer ici que je n’ai point d’autre but; on permettra а un historien d’agir en naturaliste. J’йtais devant mon sujet comme devant la mйtamorphose d’un insecte. D’ailleurs, l’йvйnement par lui-mкme est si intйressant, qu’il vaut la peine d’кtre observй pour lui seul, et l’on n’a pas besoin d’effort pour exclure les arriиre-pensйes. Dйgagйe de tout parti pris, la curiositй devient scientifique et se porte tout entiиre vers les forces intimes qui conduisent l’йtonnante opйration. Ces forces sont la situation, les passions, les idйes, les volontйs de chaque groupe, et nous pouvons les dйmкler, pres­que les mesurer. Elles sont sous nos yeux; nous n’en sommes pas rйduits aux conjectures, aux divi­nations douteuses, aux indications vagues. Par un bonheur singulier, nous apercevons les hommes eux-mкmes, leurs dehors et leur dedans. Les Franзais de l’Ancien Rйgime sont encore tout prиs de nos regards. Chacun de nous, dans sa jeunesse, a pu frйquenter quelques-uns des survivants de ce monde йvanoui. Plusieurs de leurs hфtels subsistent encore, avec leurs appartements et leurs meubles intacts. Au moyen de leurs tableaux et de leurs estampes, nous les suivons dans leur vie domestique; nous voyons leurs habillements, leurs attitu­des et leurs gestes. Avec leur littйrature, leur philo­sophie, leurs sciences, leurs gazettes et leurs corres­pondances, nous pouvons reconstituer toute leur pensйe et jusqu’а leur conversation familiиre. Une multitude de Mйmoires, sortis depuis trente ans des archives publiques ou privйes, nous conduisent de salon en salon, comme si nous y йtions prйsentйs. Des lettres et journaux de voyageurs йtrangers contrф­lent et complиtent, par des peintures indйpendantes, les portraits que cette sociйtй a tracйs d’elle-mкme. Elle a tout dit sur son propre compte, sauf ce qu’elle supposait banal et familier aux contemporains, sauf ce qui lui semblait technique, ennuyeux et mesquin, sauf ce qui concernait la province, la bourgeoisie, le paysan, l’ouvrier, l’administration et le mйnage. J’ai voulu supplйer а ces omissions, et, outre le petit cercle des Franзais bien йlevйs et lettrйs, connaоtre la France. Grвce а l’obligeance de M. Maury et aux prйcieuses indications de M. Boutaric, j’ai pu dйpouiller une multitude de docu­ments manuscrits, la correspondance d’un grand nombre d’intendants, directeurs des aides, fermiers gйnйraux, magistrats, employйs et particuliers, de toute espиce et de tout degrй pendant les trente derniиres annйes de l’Ancien Rйgime, les Rapports et Mйmoires sur les diverses parties de la maison du roi, les procиs-verbaux et cahiers des Йtats gйnй­raux en cent soixante-seize volumes, la correspon­dance des commandants militaires en 1789 et 1790, les lettres, mйmoires et statistiques dйtaillйes contenus dans les cent cartons du Comitй ecclйsias­tique, la correspondance en quatre-vingt-quatorze liasses des administrations de dйpartement et de municipalitй avec les ministres de 1790 а 1799, les rapports des conseillers d’Йtat en mission а la fin de 1801, la correspondance des prйfets sous le Con­sulat, sous l’Empire et sous la Restauration jusqu’en 1825, quantitй d’autres piиces si instructives et si inconnues, qu’en vйritй l’histoire de la Rйvo­lution semble encore inйdite. Du moins il n’y a que ces documents pour nous montrer des figures vi­vantes, petits nobles, curйs, moines et religieuses de province, avocats, йchevins et bourgeois des villes, procureurs de campagne et syndics de villa­ges, laboureurs et artisans, officiers et soldats. Il n’y a qu’eux pour nous faire voir en dйtail et de prиs la condition des hommes, l’intйrieur d’un pres­bytиre, d’un couvent, d’un conseil de ville, le sa­laire d’un ouvrier, le produit d’un champ, les im­positions d’un paysan, le mйtier d’un collecteur, les dйpenses d’un seigneur ou d’un prйlat, le budget, le train et le cйrйmonial d’une cour. Grвce а eux, nous pouvons donner des chiffres prйcis, savoir, heure par heure, l’emploi d’une journйe, bien mieux, dire le menu d’un grand dоner, recomposer une toilette d’apparat. Nous avons encore, piquйs sur le papier et classйs par dates, les йchantillons des robes que la reine Marie-Antoinette a portйes et, d’autre part, nous pouvons nous figurer l’habillement d’un paysan, dйcrire son pain, nommer les farines dont il le composait, marquer en sous et deniers ce que lui en coыtait une livre. Avec de telles ressources, on devient presque le contempo­rain des hommes dont on fait l’histoire, et plus d’une fois, aux Archives, en suivant sur le papier jauni leurs vieilles йcritures, j’йtais tentй de leur parler tout haut.


Дата добавления: 2015-09-30; просмотров: 28 | Нарушение авторских прав







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