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Chapitre XIX. Penser fait souffrir

Chapitre VIII. Petits йvйnements | Chapitre IX. Une soirйe а la campagne | Chapitre X. Un grand cњur et une petite fortune | Chapitre XI. Une soirйe | Chapitre XII. Un voyage | Chapitre XIII. Les Bas а jour | Chapitre XIV. Les Ciseaux anglais | Chapitre XV. Le Chant du coq | Chapitre XVI. Le Lendemain | Chapitre XVII. Le Premier Adjoint |


Читайте также:
  1. Chapitre I La ligne
  2. Chapitre II Les camarades
  3. Chapitre II. Entrйe dans le monde
  4. Chapitre II. Un maire
  5. Chapitre III L’Avion
  6. Chapitre III. Le Bien des pauvres
  7. Chapitre III. Les Premiers pas

 

Le grotesque des йvйnements de tous les jours vous cache le vrai malheur des passions.

 

BARNAVE.

 

En replaзant les meubles ordinaires dans la chambre qu’avait occupйe M. de La Mole, Julien trouva une feuille de papier trиs fort, pliйe en quatre. Il lut au bas de la premiиre page:

 

А S. S. M. le marquis de La Mole, pair de France, chevalier des ordres du roi, etc., etc.

 

C’йtait une pйtition en grosse йcriture de cuisiniиre.

 

«Monsieur le Marquis,

 

J’ai eu toute ma vie des principes religieux. J’йtais, dans Lyon, exposй aux bombes, lors du siиge, en 93 d’exйcrable mйmoire. Je communie; je vais tous les dimanches а la messe en l’йglise paroissiale. Je n’ai jamais manquй au devoir pascal, mкme en 93 d’exйcrable mйmoire. Ma cuisiniиre, avant la rйvolution j’avais des gens, ma cuisiniиre fait maigre le vendredi. Je jouis dans Verriиres d’une considйration gйnйrale, et j’ose dire mйritйe. Je marche sous le dais dans les processions, а cфtй de M. le curй et de M. le maire. Je porte, dans les grandes occasions, un gros cierge achetй а mes frais. De tout quoi les certificats sont а Paris au ministиre des finances. Je demande а M. le marquis le bureau de loterie de Verriиres, qui ne peut manquer d’кtre bientфt vacant d’une maniиre ou d’autre, le titulaire йtant fort malade, et d’ailleurs votant mal aux йlections, etc.

 

DE CHOLIN.»

 

En marge de cette pйtition йtait une apostille signйe De Moirod, et qui commenзait par cette ligne:

 

«J’ai eu l’honneur de parler yert du bon sujet qui fait cette demande», etc.

 

Ainsi, mкme cet imbйcile de Cholin me montre le chemin qu’il faut suivre, se dit Julien.

 

Huit jours aprиs le passage du roi de *** а Verriиres, ce qui surnageait des innombrables mensonges, sottes interprйtations, discussions ridicules, etc., etc., dont avaient йtй l’objet, successivement, le roi, l’йvкque d’Agde, le marquis de La Mole, les dix mille bouteilles de vin, le pauvre tombй de Moirod qui, dans l’espoir d’une croix, ne sortit de chez lui qu’un mois aprиs sa chute, ce fut l’indйcence extrкme d’avoir bombardй dans la garde d’honneur Julien Sorel, fils d’un charpentier. Il fallait entendre, а ce sujet, les riches fabricants de toiles peintes, qui, soir et matin, s’enrouaient au cafй а prкcher l’йgalitй. Cette femme hautaine, Mme de Rкnal, йtait l’auteur de cette abomination. La raison? les beaux yeux et les joues si fraоches du petit abbй Sorel la disaient de reste.

 

Peu aprиs le retour а Vergy, Stanislas-Xavier, le plus jeune des enfants, prit la fiиvre; tout а coup Mme de Rкnal tomba dans des remords affreux. Pour la premiиre fois elle se reprocha son amour d’une faзon suivie; elle sembla comprendre, comme par miracle, dans quelle faute йnorme elle s’йtait laissй entraоner. Quoique d’un caractиre profondйment religieux, jusqu’а ce moment, elle n’avait pas songй а la grandeur de son crime aux yeux de Dieu.

 

Jadis, au couvent du Sacrй-Cњur, elle avait aimй Dieu avec passion; elle le craignit de mкme en cette circonstance. Les combats qui dйchiraient son вme йtaient d’autant plus affreux qu’il n’y avait rien de raisonnable dans sa peur. Julien йprouva que le moindre raisonnement l’irritait, loin de la calmer; elle y voyait le langage de l’enfer. Cependant, comme Julien aimait beaucoup lui-mкme le petit Stanislas, il йtait mieux venu а lui parler de sa maladie: elle prit bientфt un caractиre grave. Alors le remords continu фta а Mme de Rкnal jusqu’а la facultй de dormir; elle ne sortait point d’un silence farouche: si elle eыt ouvert la bouche, c’eыt йtй pour avouer son crime а Dieu et aux hommes.

 

– Je vous en conjure, lui disait Julien, dиs qu’ils se trouvaient seuls, ne parlez а personne; que je sois le seul confident de vos peines. Si vous m’aimez encore, ne parlez pas: vos paroles ne peuvent фter la fiиvre а notre Stanislas.

 

Mais ses consolations ne produisaient aucun effet; il ne savait pas que Mme de Rкnal s’йtait mis dans la tкte que, pour apaiser la colиre du Dieu jaloux, il fallait haпr Julien ou voir mourir son fils. C’йtait parce qu’elle sentait qu’elle ne pouvait haпr son amant qu’elle йtait si malheureuse.

 

– Fuyez-moi, dit-elle un jour а Julien; au nom de Dieu, quittez cette maison: c’est votre prйsence ici qui tue mon fils.

 

Dieu me punit, ajouta-t-elle а voix basse, il est juste; j’adore son йquitй; mon crime est affreux, et je vivais sans remords! C’йtait le premier signe de l’abandon de Dieu: je dois кtre punie doublement.

 

Julien fut profondйment touchй. Il ne pouvait voir lа ni hypocrisie ni exagйration. Elle croit tuer son fils en m’aimant, et cependant la malheureuse m’aime plus que son fils. Voilа, je n’en puis douter, le remords qui la tue; voilа de la grandeur dans les sentiments. Mais comment ai-je pu inspirer un tel amour, moi, si pauvre, si mal йlevй, si ignorant, quelquefois si grossier dans mes faзons?

 

Une nuit, l’enfant fut au plus mal. Vers les deux heures du matin, M. de Rкnal vint le voir. L’enfant, dйvorй par la fiиvre, йtait fort rouge et ne put reconnaоtre son pиre. Tout а coup Mme de Rкnal se jeta aux pieds de son mari: Julien vit qu’elle allait tout dire et se perdre а jamais.

 

Par bonheur, ce mouvement singulier importuna M. de Rкnal.

 

– Adieu! adieu! dit-il en s’en allant.

 

– Non, йcoute-moi, s’йcria sa femme а genoux devant lui, et cherchant а le retenir. Apprends toute la vйritй. C’est moi qui tue mon fils. Je lui ai donnй la vie, et je la lui reprends. Le ciel me punit, aux yeux de Dieu je suis coupable de meurtre. Il faut que je me perde et m’humilie moi-mкme; peut-кtre ce sacrifice apaisera le Seigneur.

 

Si M. de Rкnal eыt йtй un homme d’imagination, il savait tout.

 

– Idйes romanesques, s’йcria-t-il en йloignant sa femme qui cherchait а embrasser ses genoux. Idйes romanesques que tout cela! Julien, faites appeler le mйdecin а la pointe du jour.

 

Et il retourna se coucher. Mme de Rкnal tomba а genoux, а demi йvanouie, en repoussant avec un mouvement convulsif Julien qui voulait la secourir.

 

Julien resta йtonnй.

 

Voilа donc l’adultиre! se dit-il… Serait-il possible que ces prкtres si fourbes… eussent raison? Eux qui commettent tant de pйchйs auraient le privilиge de connaоtre la vraie thйorie du pйchй? Quelle bizarrerie!…

 

Depuis vingt minutes que M. de Rкnal s’йtait retirй, Julien voyait la femme qu’il aimait, la tкte appuyйe sur le petit lit de l’enfant, immobile et presque sans connaissance. Voilа une femme d’un gйnie supйrieur rйduite au comble du malheur, parce qu’elle m’a connu, se dit-il.

 

Les heures avancent rapidement. Que puis-je pour elle? Il faut se dйcider. Il ne s’agit plus de moi ici. Que m’importent les hommes et leurs plates simagrйes? Que puis-je pour elle?… la quitter? Mais je la laisse seule en proie а la plus affreuse douleur. Cet automate de mari lui nuit plus qu’il ne lui sert. Il lui dira quelque mot dur, а force d’кtre grossier; elle peut devenir folle, se jeter par la fenкtre.

 

Si je la laisse, si je cesse de veiller sur elle, elle lui avouera tout. Et que sait-on, peut-кtre, malgrй l’hйritage qu’elle doit lui apporter, il fera un esclandre. Elle peut tout dire, grand Dieu! а ce c… d’abbй Maslon, qui prend prйtexte de la maladie d’un enfant de six ans pour ne plus bouger de cette maison, et non sans dessein. Dans sa douleur et sa crainte de Dieu, elle oublie tout ce qu’elle sait de l’homme; elle ne voit que le prкtre.

 

– Va-t’en, lui dit tout а coup Mme de Rкnal en ouvrant les yeux.

 

– Je donnerais mille fois ma vie pour savoir ce qui peut t’кtre le plus utile, rйpondit Julien: jamais je ne t’ai tant aimйe, mon cher ange, ou plutфt, de cet instant seulement, je commence а t’adorer comme tu mйrites de l’кtre. Que deviendrai-je loin de toi, et avec la conscience que tu es malheureuse par moi! Mais qu’il ne soit pas question de mes souffrances. Je partirai, oui, mon amour. Mais, si je te quitte, si je cesse de veiller sur toi, de me trouver sans cesse entre toi et ton mari, tu lui dis tout, tu te perds. Songe que c’est avec ignominie qu’il te chassera de sa maison; tout Verriиres, tout Besanзon parleront de ce scandale. On te donnera tous les torts; jamais tu ne te relиveras de cette honte…

 

– C’est ce que je demande, s’йcria-t-elle, en se levant debout. Je souffrirai, tant mieux.

 

– Mais, par ce scandale abominable, tu feras aussi son malheur а lui!

 

– Mais je m’humilie moi-mкme, je me jette dans la fange; et, par lа peut-кtre, je sauve mon fils. Cette humiliation, aux yeux de tous, c’est peut-кtre une pйnitence publique? Autant que ma faiblesse peut en juger, n’est-ce pas le plus grand sacrifice que je puisse faire а Dieu?… Peut-кtre daignera-t-il prendre mon humiliation et me laisser mon fils! Indique-moi un autre sacrifice plus pйnible, et j’y cours.

 

– Laisse-moi me punir. Moi aussi, je suis coupable. Veux-tu que je me retire а la Trappe? L’austйritй de cette vie peut apaiser ton Dieu… Ah! ciel! que ne puis-je prendre pour moi la maladie de Stanislas…

 

– Ah! tu l’aimes, toi, dit Mme de Rкnal, en se relevant et se jetant dans ses bras.

 

Au mкme instant, elle le repoussa avec horreur.

 

– Je te crois! je te crois! continua-t-elle, aprиs s’кtre remise а genoux; ф mon unique ami! ф pourquoi n’es-tu pas le pиre de Stanislas! Alors ce ne serait pas un horrible pйchй de t’aimer mieux que ton fils.

 

– Veux-tu me permettre de rester, et que dйsormais je ne t’aime que comme un frиre? C’est la seule expiation raisonnable, elle peut apaiser la colиre du Trиs-Haut.

 

– Et moi, s’йcria-t-elle en se levant et prenant la tкte de Julien entre ses deux mains, et la tenant devant ses yeux а distance, et moi, t’aimerai-je comme un frиre? Est-il en mon pouvoir de t’aimer comme un frиre?

 

Julien fondait en larmes.

 

– Je t’obйirai, dit-il en tombant а ses pieds, je t’obйirai quoi que tu m’ordonnes; c’est tout ce qui me reste а faire. Mon esprit est frappй d’aveuglement; je ne vois aucun parti а prendre. Si je te quitte, tu dis tout а ton mari, tu te perds et lui avec. Jamais, aprиs ce ridicule, il ne sera nommй dйputй. Si je reste, tu me crois la cause de la mort de ton fils, et tu meurs de douleur. Veux-tu essayer de l’effet de mon dйpart? Si tu veux, je vais me punir de notre faute en te quittant pour huit jours. J’irai les passer dans la retraite oщ tu voudras. А l’abbaye de Bray-le-Haut, par exemple: mais jure-moi pendant mon absence de ne rien avouer а ton mari. Songe que je ne pourrai plus revenir si tu parles.

 

Elle promit, il partit, mais fut rappelй au bout de deux jours.

 

– Il m’est impossible sans toi de tenir mon serment. Je parlerai а mon mari, si tu n’es pas lа constamment pour m’ordonner par tes regards de me taire. Chaque heure de cette vie abominable me semble durer une journйe.

 

Enfin le ciel eut pitiй de cette mиre malheureuse. Peu а peu Stanislas ne fut plus en danger. Mais la glace йtait brisйe, sa raison avait connu l’йtendue de son pйchй; elle ne put plus reprendre l’йquilibre. Les remords restиrent, et ils furent ce qu’ils devaient кtre dans un cњur si sincиre. Sa vie fut le ciel et l’enfer: l’enfer quand elle ne voyait pas Julien, le ciel quand elle йtait а ses pieds. Je ne me fais plus aucune illusion, lui disait-elle, mкme dans les moments oщ elle osait se livrer а tout son amour: je suis damnйe, irrйmissiblement damnйe. Tu es jeune, tu as cйdй а mes sйductions, le ciel peut te pardonner; mais moi je suis damnйe. Je le connais а un signe certain. J’ai peur: qui n’aurait pas peur devant la vue de l’enfer? Mais au fond, je ne me repens point. Je commettrais de nouveau ma faute si elle йtait а commettre. Que le ciel seulement ne me punisse pas dиs ce monde et dans mes enfants, et j’aurai plus que je ne mйrite. Mais toi, du moins, mon Julien, s’йcriait-elle dans d’autres moments, es-tu heureux? Trouves-tu que je t’aime assez?

 

La mйfiance et l’orgueil souffrant de Julien, qui avait surtout besoin d’un amour а sacrifices, ne tinrent pas devant la vue d’un sacrifice si grand, si indubitable et fait а chaque instant. Il adorait Mme de Rкnal. Elle a beau кtre noble, et moi le fils d’un ouvrier, elle m’aime… Je ne suis pas auprиs d’elle un valet de chambre chargй des fonctions d’amant. Cette crainte йloignйe, Julien tomba dans toutes les folies de l’amour, dans ses incertitudes mortelles.

 

– Au moins, s’йcriait-elle en voyant ses doutes sur son amour, que je te rende bien heureux pendant le peu de jours que nous avons а passer ensemble! Hвtons-nous; demain peut-кtre je ne serai plus а toi. Si le ciel me frappe dans mes enfants, c’est en vain que je chercherai а ne vivre que pour t’aimer, а ne pas voir que c’est mon crime qui les tue. Je ne pourrai survivre а ce coup. Quand je le voudrais, je ne pourrais; je deviendrais folle.

 

– Ah! si je pouvais prendre sur moi ton pйchй, comme tu m’offrais si gйnйreusement de prendre la fiиvre ardente de Stanislas!

 

Cette grande crise morale changea la nature du sentiment qui unissait Julien а sa maоtresse. Son amour ne fut plus seulement de l’admiration pour la beautй, l’orgueil de la possйder.

 

Leur bonheur йtait dйsormais d’une nature bien supйrieure, la flamme qui les dйvorait fut plus intense. Ils avaient des transports pleins de folie. Leur bonheur eыt paru plus grand aux yeux du monde. Mais ils ne retrouvиrent plus la sйrйnitй dйlicieuse, la fйlicitй sans nuages, le bonheur facile des premiиres йpoques de leurs amours, quand la seule crainte de Mme de Rкnal йtait de n’кtre pas assez aimйe de Julien. Leur bonheur avait quelquefois la physionomie du crime.

 

Dans les moments les plus heureux et en apparence les plus tranquilles: – Ah! grand Dieu! je vois l’enfer, s’йcriait tout а coup Mme de Rкnal, en serrant la main de Julien d’un mouvement convulsif. Quels supplices horribles! je les ai bien mйritйs. Elle le serrait, s’attachant а lui comme le lierre а la muraille.

 

Julien essayait en vain de calmer cette вme agitйe. Elle lui prenait la main, qu’elle couvrait de baisers. Puis, retombйe dans une rкverie sombre: L’enfer, disait-elle, l’enfer serait une grвce pour moi; j’aurais encore sur la terre quelques jours а passer avec lui, mais l’enfer dиs ce monde, la mort de mes enfants… Cependant, а ce prix, peut-кtre mon crime me serait pardonnй… Ah! grand Dieu! ne m’accordez point ma grвce а ce prix. Ces pauvres enfants ne vous ont point offensй; moi, moi, je suis la seule coupable: j’aime un homme qui n’est point mon mari.

 

Julien voyait ensuite Mme de Rкnal arriver а des moments tranquilles en apparence. Elle cherchait а prendre sur elle, elle voulait ne pas empoisonner la vie de ce qu’elle aimait.

 

Au milieu de ces alternatives d’amour, de remords et de plaisir, les journйes passaient pour eux avec la rapiditй de l’йclair. Julien perdit l’habitude de rйflйchir.

 

Mlle Йlisa alla suivre un petit procиs qu’elle avait а Verriиres. Elle trouva M. Valenod fort piquй contre Julien. Elle haпssait le prйcepteur, et lui en parlait souvent.

 

– Vous me perdriez, Monsieur, si je disais la vйritй!… disait-elle un jour а M. Valenod. Les maоtres sont tous d’accord entre eux pour les choses importantes… On ne pardonne jamais certains aveux aux pauvres domestiques…

 

Aprиs ces phrases d’usage, que l’impatiente curiositй de M. Valenod trouva l’art d’abrйger, il apprit les choses les plus mortifiantes pour son amour-propre.

 

Cette femme, la plus distinguйe du pays, que pendant six ans il avait environnйe de tant de soins, et malheureusement au vu et au su de tout le monde; cette femme si fiиre, dont les dйdains l’avaient tant de fois fait rougir, elle venait de prendre pour amant un petit ouvrier dйguisй en prйcepteur. Et afin que rien ne manquвt au dйpit de M. le directeur du dйpфt, Mme de Rкnal adorait cet amant.

 

– Et, ajoutait la femme de chambre avec un soupir, M. Julien ne s’est point donnй de peine pour faire cette conquкte, il n’est point sorti pour Madame de sa froideur habituelle.

 

Йlisa n’avait eu des certitudes qu’а la campagne, mais elle croyait que cette intrigue datait de bien plus loin.

 

– C’est sans doute pour cela, ajouta-t-elle avec dйpit, que dans le temps il a refusй de m’йpouser. Et moi, imbйcile, qui allais consulter Mme de Rкnal, qui la priais de parler au prйcepteur.

 

Dиs le mкme soir M. de Rкnal reзut de la ville, avec son journal, une longue lettre anonyme qui lui apprenait dans le plus grand dйtail ce qui se passait chez lui. Julien le vit pвlir en lisant cette lettre йcrite sur du papier bleuвtre et jeter sur lui des regards mйchants. De toute la soirйe le maire ne se remit point de son trouble, ce fut en vain que Julien lui fit la cour en lui demandant des explications sur la gйnйalogie des meilleures familles de la Bourgogne.


Дата добавления: 2015-11-14; просмотров: 56 | Нарушение авторских прав


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