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Un point d’histoire

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Beaucoup de personnes se sont йtonnйes, а juste titre, de ne pas voir figurer mon nom dans la liste du nouveau ministиre.

 

Ne faut-il voir dans cette absence qu’un oubli impardonnable, ou bien si c’est un parti pris formel de m’йloigner des affaires?

 

La premiиre hypothиse doit кtre йcartйe. Quant а la seconde, la France est lа pour juger.

 

Le lundi 5 dйcembre 1892, au matin, sur le coup de neuf heures, neuf heures et demie, M. Bourgeois sonnait chez moi. Le temps d’enfiler un pantalon, de mettre mon ruban d’officier d’Acadйmie а ma chemise de flanelle, j’йtais а lui.

 

– M. Carnot vous fait demander, me dit-il. J’ai ma voiture en bas. Y кtes-vous?

 

– Un bout de toilette et me voilа.

 

– Inutile, vous кtes trиs bien comme зa.

 

– Mais vous n’y songez pas, mon cher Bourgeois…

 

M. Bourgeois ne me laissa pas achever. D’une main vigoureuse il m’empoigna, me fit prestement descendre les quatre йtages de mon rez-de-chaussйe de garзon et m’enfourna dans sa berline.

 

Cinq minutes aprиs nous йtions а l’Йlysйe.

 

M. Carnot me reзut le plus gracieusement du monde; sans faire attention а mes pantoufles en peau d’йlan, а mon incйrйmonieux veston, ni а mon balmoral (sorte de coiffure йcossaise), le prйsident m’indiqua un siиge.

 

– Quel portefeuille vous conviendrait plus particuliиrement? me demanda-t-il.

 

Un moment, je songeai aux Beaux-arts а cause des petites йlиves du Conservatoire chez qui le titre de ministre procure une excellente entrйe.

 

Je pensai йgalement aux Finances, а cause de ce que vous pouvez deviner.

 

Mais le patriotisme parla plus haut chez moi que le libertinage et la cupiditй.

 

– Je sollicite de votre confiance, Monsieur le Prйsident, le portefeuille de la Guerre.

 

– Avez-vous en tкte quelques projets de rйformes relatifs а cette question?

 

– J’ t’йcoute! rйpliquai-je peut-кtre un peu trivialement.

 

Avec une bonne grвce parfaite, M. Carnot m’invita а m’expliquer.

 

– Voici. Je commence par supprimer l’artillerie…

 

–!!!!!

 

– Oui, а cause du tapage vraiment insupportable que font les canons dans les tirs а feu, tapage fort gкnant pour les personnes dont la demeure avoisine les polygones!

 

M. Carnot esquissa un geste dont je ne compris pas bien la signifiance. Je continuai:

 

– Quant а la cavalerie, sa disparition immйdiate figure aussi dans mon plan de rйformes.

 

–!!!!!

 

– On йviterait, de la sorte, toutes ces meurtrissures aux fesses et ces chutes de cheval qui sont le dйshonneur des armйes permanentes!

 

– Et l’infanterie?

 

– L’infanterie? Ce serait folie et crime que de la conserver! Avez-vous servi, Monsieur le Prйsident, comme fantassin de deuxiиme classe?

 

Pendant quelques instants, M. Carnot sembla recueillir ses souvenirs.

 

– Jamais! articula-t-il а la fin d’une voix nette.

 

– Alors, vous ne pouvez pas savoir ce que souffrent les pauvres troubades, en proie aux ampoules, aux plaies des pieds, pendant les marches forcйes. Vous ne pouvez pas vous en douter, Monsieur le Prйsident, vous ne pouvez pas vous en douter!

 

– Et le gйnie?

 

– Je n’ai pas de prйvention particuliиre contre cette arme spйciale, mais… laissez-moi vous dire. J’avais, il y a quelques annйes, une petite bonne amie, gentille comme un cњur, qui se nommait Eugйnie, mais que moi, dans l’intimitй, j’appelais Gйnie. Un jour, cette jeune femme me lвcha pour aller retrouver un nommй Caran d’Ache qui, depuis… mais alors…! je conзus de cet abandon une poignante dйtresse, et encore а l’heure qu’il est, le seul profйrй de ces deux syllabes Gй-nie me rouvre au cњur la cicatrice d’amour…

 

Je m’arrкtai; M. Carnot essuyait une larme furtive.

 

– Nous arrivons aux pontonniers, poursuivis-je. Vous qui кtes un homme sйrieux, Monsieur le Prйsident, je m’йtonne que vous ayez conservй jusqu’а maintenant, dans l’armйe franзaise, la prйsence de ces individus dont la seule mission consiste а monter des bateaux!

 

А ce moment, le premier magistrat de notre Rйpublique se leva, semblant indiquer que l’entretien avait assez durй.

 

Pendant tout ce temps, on n’avait rien bu; j’offris а MM. Carnot et Bourgeois de venir avec moi prendre un vermouth chez le marchand de vin de la place Beauvau.

 

Ces messieurs n’acceptиrent pas.

 

Je ne crus pas devoir insister; je me retirai en saluant poliment.

 


Дата добавления: 2015-11-14; просмотров: 36 | Нарушение авторских прав


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