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IGOR. 17 ANS ET DEMI

JACQUES. 8 ANS | A PROPOS DE NATHALIE KIM | JACQUES. 14 ANS | VENUS. 14 ANS | JACQUES. 16 ANS | VENUS. 16 ANS | FREDDY AVEC NOUS | JACQUES. 17 ANS | Edmond Wells, | VENUS. 17 ANS ET DEMI |


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Je tape dans le ventre du type jusqu'à ce qu'il parle. Il finit par révéler que la batterie antichar est dissimulée dans les granges là-haut, sur la montagne. Les copains me félicitent.

Puis ils vont descendre le type dans les fourrés. Nous avons été envoyés sur le front sud après un entraînement aussi rapide qu'intensif de trois semaines.

J'ai vite appris le métier. On fonce, on tue, on ramène des prisonniers, on les torture, ils parlent et on apprend comme ça notre objectif du lendemain.

Inutile de dire qu'après le quartier d'isolement sensoriel, la guerre en Tchétchénie, c'est le paradis.

Notre commando a été baptisé «Les Loups» par le colonel Dukouskoff, et nous arborons tous une tête de loup en écusson sur notre uniforme. Je me sens bien dans ma peau de loup. La forêt, la lutte, la fraternité avec les autres loups semblent inscrites depuis toujours en moi. Je n'ai fait que réveiller le fauve assoupi.

Nous avons installé un campement et nous dînons autour d'un feu de bois. Je ne suis pas le seul orphelin dans ce commando, ni le seul ancien du centre de redressement pour mineurs de Novossibirsk, ni le seul ancien de l'asile d'aliénés de Brest-Litovsk.

Nous n'avons pas besoin de nous parler. Nous avons subi des blessures terribles dans notre jeunesse et nous sommes venus ici précisément pour en infliger aux autres.

Nous n'avons plus rien à perdre.

Notre sergent-chef nous a inculqué ceci: «La force n'a aucune importance, ce qui compte c'est la rapidité.» Et il a insisté sur la devise de notre commando de Loups: «Sois rapide ou sois mort.»

Il nous a dit aussi: «Entre le moment où l'adversaire s'apprête à frapper et celui où vous allez recevoir le coup dans la gueule, il s'écoule un temps infini.»

Depuis, je parviens à accomplir un tas de choses entre l'instant où j'aperçois la petite lueur dans un regard et celui où le coup m'arrive.

Le sergent nous contraint à toutes sortes d'exercices pour développer cette maîtrise du temps. Entre autres, il nous a appris à jongler. Lorsque l'on jongle, on lance une balle puis une deuxième avant que la première ne soit retombée et ainsi de suite. La notion de seconde devient subitement plus large. Si en une seconde, la plupart des gens comptent jusqu'à deux, moi j'arrive à sept. Ce qui signifie que j'ai davantage de chances de rester en vie que «la plupart des gens».

Tout à l'heure, deux autres commandos nous rejoindront, nous constituerons un groupe de trente-cinq hommes chargés de prendre la position occupée au sommet de la montagne par une cinquantaine de guerriers tchétchènes soutenus par les villageois du coin.

Encore une fois les stratèges en cravate du quartier général n'interviennent pas et nous laissent carte blanche. Tant mieux! J'examine avec des jumelles l'objectif à atteindre. Ça ne va pas être du gâteau. Il y a tout près une forêt où peuvent se dissimuler des renforts.

Les pots de graisse de camouflage passent de main en main et nous nous recouvrons le visage de peintures de guerre.

VENUS

Je me maquille. Je souligne mes paupières d'un trait d'eye-liner. J'enduis mes lèvres d'un rouge légèrement brillant et en dessine les commissures au crayon brun.

Je n'ai pas encore suffisamment fourbi mes armes. Pour être tout à fait sexy, même si le règlement l'interdit, je me suis acheté un Wonderbra afin d'ajouter du volume à mes seins.

Tous les moyens sont bons pour remporter une bataille.

ENCYCLOPEDIE

VICTOIRE: La plupart des éducations visent à enseigner la gestion de la défaite. Dans les écoles, les enfants sont avertis qu'ils risquent d'éprouver des difficultés à trouver du travail même s'ils décrochent le baccalauréat. Dans les familles, on s'efforce de les préparer à l'idée que la plupart des mariages débouchent sur des divorces et que la plupart des compagnons de vie s'avéreront décevants.

Les assurances entretiennent le pessimisme général. Leur credo: il y a de fortes chances que vous ayez un accident de voiture, un incendie ou une inondation. Soyez prévoyants, prenez votre police.

Aux optimistes, les informations rappellent matin, midi et soir que nulle part au monde les humains ne sont protégés. Écoutez les prédicateurs: tous annoncent l'Apocalypse, ou la guerre.

Échec mondial, échec local, échec individuel, seuls sont entendus ceux qui parlent de lendemains qui déchantent. Quel augure oserait annoncer que, dans l'avenir, tout ira de mieux en mieux? Et au niveau individuel, qui oserait enseigner à l'école: que faire si vous obtenez l'oscar du meilleur rôle? Comment réagir si vous remportez un tournoi du grand chelem? Que faire si votre petite entreprise s'élargit en une multinationale?

Résultat: quand la victoire arrive, l'individu est dépourvu de repères et, bien souvent, il est si décontenancé qu'il organise vite fait sa défaite afin de se retrouver dans une «normalité» connue.

 

Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, tome IV.

JACQUES

J'enfile mes charentaises, je me cale dans le fauteuil, je débranche le téléphone, je verrouille la porte à double tour, je pose le chat sur mes genoux, je ferme un instant les yeux pour me concentrer sur un décor et je me prépare à écrire. Dans mon esprit, les personnages s'animent.

IGOR

Je les vois, ils sont tout là-haut sur la crête. Les ennemis. J'enfile mes cartouchières, insère mon poignard dans ma chaussure et introduis même ma petite pilule de cyanure dans ma dent creuse. C'est le règle ment. Il paraît que les Tchétchènes sont sadiques, mais ça m'étonnerait rudement qu'ils sachent me faire parler. J'ai le cuir épais. Merci maman, tu m'auras au moins donné ça.

VENUS

Zut, je me suis cassé un ongle. Zut! zut! et zut! Pas le temps de réparer avec un faux ongle. On me fait signe que ça va être mon tour. Ne pas paniquer.

IGOR

Le signal. Ça y est, ça va être à nous. Stanislas est à ma droite. Pourquoi suis-je si copain avec lui? Parce que c'est le gars chargé du lance-flammes. Si je ne veux pas me prendre par erreur un jet d'essence enflammée, autant rester à côté de lui. Ma volonté de survivre décide désormais de mes amitiés. Mon expérience avec Vania m'a appris à ne pas choisir mes amis pour ce que je peux leur apporter mais pour ce qu'ils peuvent m'apporter, eux. Fini la pitié, seul compte l'intérêt.

J'examine de nouveau à la jumelle notre objectif, la crête.

– Ça ne va pas être du gâteau, dis-je encore à Stanislas.

– Je ne crains rien, répond-il, j'ai un ange gardien qui me protège.

Un ange gardien…

– Ouais. Tous nous en avons un mais beaucoup oublient de l'invoquer lorsqu'ils en ont besoin. Moi, je n'oublie pas. Avant de me lancer à l'attaque, je l'appelle et je me sens protégé.

Il sort un médaillon doré orné d'un ange toutes ailes déployées et y appose les lèvres.

– Saint Stanislas, dit-il.

Moi, sur le médaillon que j’ai au cou, il y a un portrait de mon père mais si je le retrouve, ce ne sera pas pour le bénir.

J'avale une rasade de vodka pour me réchauffer. J'introduis dans mon baladeur une cassette qui donne la pêche. Pas une de ces musiques décadentes occidentales mais une composition classique bien de chez nous qui fleure bon l'âme slave: Une nuit sur le mont Chauve. Ça tombe bien car, là-haut, sur ce mont chauve tchétchène, ça va être leur nuit.

94. TECHNIQUE DE CONTRÔLE DE LA VITESSE

Avec Freddy, Raoul et Marilyn Monroe, nous mettons au point une procédure de navigation dans l'espace adaptée à notre état d'anges. Pour mieux nous entraîner, nous nous éloignons du Paradis et nous nous exerçons un peu au-dessus du système solaire, dans la zone de vide sidéral.

Tester d'abord la propulsion.

Évidemment, dépourvus de corps matériels, nous ne subissons pas de frottement et nous voguons des milliers de fois plus vite qu'une fusée humaine. Mais les distances sont telles que tout cela semble très poussif.

À force d'essais, nous parvenons à des pointes de 1 000 kilomètres-seconde, puis de 5 000 kilomètres-seconde.

– Nous pouvons accélérer encore, dit Freddy.

Je pense donc à une plus grande distance, en projetant mon regard plus loin. Tous nous accélérons. 10 000 kilomètres-seconde, 30 000 kilomètres-seconde, 100 000 kilomètres-seconde.

100 000 kilomètres-seconde! Rien que d'y songer, ça donne le vertige.

Comme toujours, Raoul cherche à renchérir:

– 300 000 kilomètres-seconde, la vitesse de la lumière, c'est ce que nous devons réussir.

– On ne perd rien à essayer, dit Freddy.

Ensemble, nous nous élançons. 100 000, 150 000,

200 000, ça y est: 300 000 kilomètres-seconde! À cette vitesse, nous entrevoyons les particules de lumière, les fameux photons, qui se précipitent à la même allure que nous. Ils nous servent de moyen pour connaître notre vitesse. Quand les photons sont immobiles, c'est que nous sommes pile à la même célérité. J'arrive même à les dépasser un peu!

Tout mon corps n'est que vitesse, fluidité. Je glisse sur le cosmos comme s'il s'agissait d'une table immense, à peine déformée par le poids des étoiles posées dessus.

Ça va vite.

Très vite.

«Vite», l'adjectif est faible pour décrire la sensation. Nous sommes comme des obus traversant l'espace. Ce n'est plus un voyage. Nous ne sommes plus seulement des êtres rapides. Nous sommes des… rayons lumineux.

ENCYCLOPEDIE

LE DILEMME DU PRISONNIER: En 1950 Melvin Dresher et Merrill Flood découvrent le dilemme du prisonnier. Voici son énoncé: deux suspects sont arrêtés devant une banque et enfermés dans des cellules séparées. Pour les inciter à avouer leur projet de hold-up, la police leur fait une proposition.

Si aucun des deux ne parle, ils seront condamnés à deux ans de prison chacun. Si l'un dénonce l'autre et que l'autre ne dit rien, celui qui dénonce est libéré, celui qui se tait est condamné à cinq ans de prison.

Si les deux dénoncent leur partenaire, les deux écopent de quatre ans de prison.

Chacun sait que l'autre s'est vu offrir le même marché.

Que se passe-t-il dès lors? Les deux pensent: «Je suis sûr que l'autre va craquer. Il va me dénoncer et je vais en prendre pour cinq ans, alors que lui va être libre, c'est vraiment trop injuste.» Donc les deux auront naturellement la même idée qui leur viendra à l'esprit: «Par contre, si je le dénonce je serai probablement libre et il ne sert à rien que nous soyons punis alors que l'un de nous peut s'en tirer.»

De fait, confrontés à cette situation, la grande majorité des sujets testés dénonce l'autre. Mais étant donné que leur comparse a aussi raisonné de la même manière, tous les deux se retrouvent avec quatre ans d'incarcération.

Alors que, s'ils avaient réfléchi, ils auraient tous les deux gardé le silence et purgé seulement deux ans de prison.

Encore plus étrange: si l'on refait l'expérience en laissant les deux discuter ensemble, on en arrive pourtant exactement au même comportement. Car les deux, même après avoir mis au point une stratégie commune, finissent pourtant par se trahir mutuellement.

 

Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, tome IV.

JACQUES

Il me manque encore quelque chose pour vivre plus pleinement parmi mes personnages. La musique. Je découvre que pour écrire mieux, la musique peut m'ai-der. Je l'écoute casque sur la tête. Le casque me permet non seulement de mieux percevoir les sons, mais m'isole du monde extérieur où vaquent les bruits «normaux» de cette réalité. La musique devient un support pour ma pensée. Elle rythme mon écriture. Lorsque la musique est hachée, je construis des phrases courtes. Lorsque surviennent de longs solos instrumentaux, mes phrases s'allongent. Pour les scènes paisibles, je choisis de la musique classique, pour les scènes guerrières, du «hard rock» et pour les rêveries, du «New Age».

La musique est un outil délicat à employer. Il suffit de peu pour que son aide se transforme en gêne. Parfois quelques paroles malvenues suffisent à me déconcentrer.

L'expérience m'apprend que les meilleures musiques pour écrire sont les bandes originales des films car elles sont déjà porteuses d'émotion et de suspense. Parfois, lorsque la musique entre en phase avec la scène que je décris, je me sens comme dans un rêve éveillé.

VENUS

Les premières mesures d'Ainsi parlait Zarathoustra annoncent la présentation des candidates au titre de Miss Univers. J'ai le trac.

Surtout ne pas trembler, cela se verra. Je me jette sur mon sac et en tire un tube de tranquillisants. Je sais que maman y a souvent recours. Deux comprimés par jour maximum, conseille la notice. J'en avale six. Je suis si nerveuse.

Il faut que j'obtienne le titre de Miss Univers. Il le faut. Me déhanchant à peine, je m'avance vers les projecteurs.

IGOR

L'aube se lève. Le ciel est encore rouge foncé. Nous repérons de petites lumières sur la crête, comme des taches de feu dans ce ciel couleur sang. Les cheminées fument. Les moutons sont dans la bergerie. Aux loups de les surprendre.


Дата добавления: 2015-11-13; просмотров: 46 | Нарушение авторских прав


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