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L’Académie française

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L’Acadélie française, fondé en 1635, joua un rôle important dans cette tentative de «normalisation» qui devait aboutir au classicisme. Elle exerça une double action: d’une part, elle contribua à la fixation de la langue, d’autre part, elle intervint dans l’élaboration des règles.

La fondation de l’Académie témoigne de l’esprit du temps où l’on juge qu’il faut officiellemnt veiller sur la langue et définir le «bon usage». Elle fut chargée de faire un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique, et de prendre soin de la langue. Son objet est de «travailler à la pureté de la langue et la rendre capable de la plus haute éloquence», «donner des règles certaines à notre langue», «la rendre … capable de traiter les arts et les sciences». L’Académie faisait aussi une sélection de «gens d’esprit», dont l’autorité pourrait exercer une heureuse influence sur la langue française et sur la littérature. Les réunions de l’Hôtel de Rambouillet (1610 1650) permirent de vulgariser ces idées de régularité en les répandant dans les milieux de la cour et en facilitant l’osmose entre courtisans et écrivains.

En 1694, paraît la première édition du Dictionnaire de l’Académie qui devait fixer le sens des mots. C’est à C. Vaugelas qu’est d’abord confiée la rédaction du dictionnaire. Dans ce dictionnaire le XVII e s. est déclaré être le plus florissant dans l’histoire de la langue, puisqu’elle ne s’éloigne pas de l’ordre naturel de la penséé.

Tout comme les sujets de Louis XIV, les mots furent regroupés par classes; le vocabulaire ne comprenait que les termes permis à l’«honnête homme» et s’appuyait sur la tradition du «bon usage» de C. Vaugelas.

Le Dictionnaire de l’Académie a ainsi défini le bon usage de la langue française, mais en excluant des domaines spécialisés comme les arts et les sciences, les mots populaires et «bas»: «C’est dans cet estat [de perfection] où la Langue Françoise se trouve aujourd’huy qu’a esté composé ce Dictionnaire; et pour la representer dans ce mesme estat, l’Académie a jugé qu’elle ne devoit pas y mettre les vieux mots qui sont entierement hors d’usage, ni les termes des Arts et des Sciences qui entrent rarement dans le Discours; Elle s’est retranchée à la Langue commune, telle qu’elle est dans le commerce ordinaire des honnestes gens, et telle que les Orateurs et les Poëtes l’employent; Ce qui comprend tout ce qui peut servir à la Noblesse et à l’Elegance du discours.» Ayant éliminé tous les mots jugés «bas», le purisme de l’Académie perd de la sorte son caractère progressiste du début du siècle et revêt l’aspect du purisme aristocratique donnant naissance au «style noble» dans les lettres françaises.

Mais ce ne sont pas tous les académiciens qui partagent les idées du purisme. L’un d’eux, exclu de l’Académie, A. Furetière (1619 – 1688) alla à l’encontre du purisme aristocratique ayant créé son Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots français tant vieux, que modernes (1684). Le Dictionnaire verra le jour seulement après la mort de A. Furetière en 1690, et sera édité par ses amis à La Haya (la Hollande). L’ouvrage porte un caractère encyclopédique puisque l’auteur en fait un dictionnaire de mots et de choses à la fois et y introduit tous les vocables français restés en marge du Dictionnaire de l’Académie.

Les grammairiens se mettent à l’œuvre de créer les dictionnaires (Dictionnaire des arts et des sciences 1694 et le Dictionnaire universel géographique et historique1706 – tous les deux rédigés par Thomas Corneille; la deuxième (1718) et la troisième (1740) éditions du Dictionnaire de l’Académie, etc.).

Il n’est pas étonnant qu’au XVII e s. on prête une plus grande attention au vocabulaire parce que la grammaire et la phonétique évoluent moins à l’époque, leurs systèmes se trouvant constitués en français littéraire. Les mouvements du vocabulaire sont désormais prédominants.

La préciosité

Les grammairiens préconisèrent l’usage d’un vocabulaire «choisi» et «élégant» à ceux qui estiment appartenir à la haute société. Donc, le langage, au même titre que la particule nobilière, devient une espèce d’étiquette: la personne est classée d’après son parler, et en particulier, suivant sa prononciation, les mots et les expressions qu’elle emploie. Sous l’influence des idées du purisme de l’Académie il s’est formé dans les salons aristocratiques un langage précieux, espèce de jargon social créé pour parler autrement que le peuple. Le nom de Précieuses apparaît en 1654; il est du féminin parce que ce mouvemant réunit les femmes désireuses de réformer le langage pour maintenir «dans l’Empire des conversations un juste tempérament (=température) entre le style rampant et le pompeux».

Le salon le plus brillant fut celui de la marquise de Rambouillet fréquenté par tous les grands noms littéraires de l’époque: Richelieu, Malherbe, Vaugelas, Conrart, Chapelain, Scudéry, Corneille, La Rochefoucauld, Mme de Sévigné, Mme de La Fayette, etc. Mecque de la préciosité, les écrivains y sont attirés par les plaisirs délicats de la conversation qui contrastaient avec la cour trop soldatesque d’Henri IV. D’autres salons seront créés, par exemple celui de la marquise de Scudéry, marquant l’interventionnisme des femmes sur la langue et exerçant une grande influence sur les lettres. La préciosité née dans ces salons se traduit par une recherche de distinction dans les manières, dans les sentiments et dans le langage: un raffinement de la langue, l’exclusion des mots «bas». Il s’agit avant tout de fuir la réalité commune.

L’art suprême de la conversation est soumis à un usage particulier du langage. Afin de ne pas ressembler au «vulgaire», on s’efforce de «châtier le style» en évitant les mots populaires, les termes de métier, les termes techniques, créant ainsi une distinction entre les mots «bas» et les mots «nobles» dont la langue française va souffrir jusqu’au XIXe siècle.

Le style précieux est un style imagé, encombré de procédés rhétoriques, raffolant notamment de l’antithèse et de l’hyperbole, marqué par la complicationn cultivant l’art de la surcharge et des détours.

On crée aussi de nouveaux mots, des néologismes, dont certains sont restés (incontestable, anonyme, enthousiasme) et l’on pratique les périphrases et les métaphores qui permettent de ne pas parler de manière commune: ainsi ne pas comprendre devient avoir l’intelligence épaisse, et être triste - avoir l’âme sombre.

Voici quelques néologismes de la préciosité restés dans la langue française: avoir l’âme sombre, travestir sa pensée, châtier la langue, un billet doux, le mot me manque, laisser mourir la conversation, faire figure dans le monde, c’est du dernier cri, être brouillé avec quelqu’un, avoir de l’esprit, perdre son sérieux, rire d’intelligence avec quelqu’un, briller dans la conversation.

Quelques périphrases amusantes tombées dans l’oubli.

Les chers souffrants: les pieds. Les belles mouvantes: les mains.

Les trônes de la pudeur: les joues. Les perles de la bouche: les dents.

Les miroirs de l’âme: les yeux. Le conseiller des grâces: le miroir.

La jeunesse des vieillards: la perruque. Le haut du jour: midi.

L’affronteur du temps: le chapeau. Le soutien de la vie: le pain.

L’universelle commodité: la table. Un bain intérieur: un verre.

Le supplément du soleil: le chandelier. \Le flambeau du silence: la lune.

Les commodités de la conversation: les fauteuils.

A.-B. Somaize publie même Le grand dictionnaire des précieuses en 1661 où il détermine la notion de «préciosité», sa nature sociale et son fonds linguistique.

Mais cet effort vers plus de finesse n’est pas sans excès, et l’on comprend que les habitués des salons soient devenus ridicules avant même la parution de la pièce de Molière, Les Précieuses ridicules (1659) où ils sont tournés en dérision. Il n’en reste pas moins que la préciosité a contribué à travers la pratique du portrait littéraire, de la maxime, du roman et de la lettre, à renouveler la littérature, tout en marquant la langue française du sceau du bel usage résultant de la recherche raffinée d’une expression éloignée de la formule commune.

Le mouvement est européen: l’euphuisme en Angleterre (du roman de J. Lily, Euphus), le marinisme (du nom d’un poète napolitain, Marin) ou le concettisme en Italie (du concetti, le trait d’esprit) constituent autant de mouvements précieux qui ont influencé l’esprit «précieux» français.


Дата добавления: 2015-08-03; просмотров: 106 | Нарушение авторских прав


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Le siècle des grammairiens| LA LITTERATURE DU XVII e s.

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