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L'évolution sémantique des unités lexicales 7 страница

Le passage d'un mot d'une partie du discours dans une autre à la suite d'une ellipse est aussi bien fréquent de nos jours une [ville] capita­le, une [voiture] automobile, un [avion] supersonique.

§ 46. La composition. Ce procédé de formation, quoique moins pro­ductif que la dérivation affixale. occupe une place importante dans le système formatif du français d'aujourd'hui.

La composition est interprétée de façon différente en linguistique.

Selon une conception très répandue un mot composé en français n "est pas seulement celui qui est formé par l'adjonction de bases différentes comme, par exemple, en russe «пароход, самолет». mais n'importe quelle expression qui présente un groupement constant et usuel expri­mant une notion, un seul concept. C'est pourquoi les locutions telles que chemin de fer, boîte aux lettres, pomme de terre, etc.. sont traitées com­me de mots composés.

Dans la linguistique russe cette opinion simpliste sur le mot a été contestée: si chaque mot exprime effectivement une notion, un concept, il serait abusif d'affirmer que n'importe quelle expression ou locution exprimant une notion serait un mot. Selon l'académicien V. V. Vinogra-dov les groupes tels que chemin de fer, salle à manger, avoir envie (hâte, horreur, peur, pitié, etc.), chercher querelle, donner congé ne sont guère des mots composés, mais tantôt des unités phraséologiques, qui par leurs fonctions sont souvent des équivalents de mots, tantôt des groupes de mots libres [30, c. 210].

Il a été signalé précédemment1 que le professeur A.I. Smirnitsky avan­çait le critère de l'intégrité formelle permettant de distinguer les mots composés des groupes de mots. Dans chaque langue l'intégrité formelle revêt un caractère particulier. A.I. Smirnitsky a mis l'accent sur l'intégri­té morphologique des mots.

Pour le français l'intégrité formelle doit être comprise avant tout com­me l'absence de rapports syntaxiques entre les composants d'un vocable qui grammaticalement et phonétiquement fonctionne comme un tout indi­visible. Tant qu'il existe un rapport syntaxique vivant entre les éléments d'une formation on ne peut parler de mot. Quant à l'écriture liée des mots (la présence d'un trait d'union), elle n'est qu'un indice accessoire, l'or­thographe française étant conventionnelle.

Il en est ainsi pour les formations du type timbre-poste qui sont qua-lifiées de mots composés par les linguistes français. Ici, les rapports syn-taxiques sont les mêmes que dans les groupes de mots libres qui surgissent en abondance dans la parole, tels valise avion, climat festival, début janvier,fm décembre, etc. En conséquence, timbre-poste ne saurait être con­sidéré avec raison comme un mot composé, il devrait être traité de groupe de mots usuel. Il en va de même pour les néologismes tels que allocation-logement, crayon-feutre, assurance-maladie ou ville-dortoir, café-bar, école-pilote, homme-grenouille, mot-valise.

Par contre, il arrive que les éléments d'un vocable semblent présen­ter un rapport syntaxique vivant et toutefois ce vocable doit être qualifié de mot composé. Qu'est-ce qui nous y autorise? C'est parfois la non-conformité de sa structure morphologique à celle du groupe de mots cor­respondant. Dans gendarme on rétablit aisément gens d'arme(s). Cependant gens d'arme(s) est le pluriel de homme d'arme, alors qu'on dira tout aussi bien un gendarme que des gendarmes.

Même là où autrefois on avait un groupe de mots on peut se trouver aujourd'hui en présence d'un mot composé dont les éléments n'offrent plus de rapport syntaxique. Tel est le cas de rouge-gorge. Les rapports syntaxiques qui existaient dans l'ancien français entre les éléments de cette formation ne correspondent plus à ceux du français moderne; cela signifie qu'il n'y a plus aujourd'hui de rapport syntaxique à l'intérieur de ce vocable qui est devenu à la suite de son développement historique un mot composé. Le s que l'élément rouge prend au pluriel (rouges-gorges) n'est point la marque d'un rapport syntaxique actuel, mais rien autre qu'un vestige de l'ancien rapport syntaxique conservé par l'ortho­graphe traditionnelle et retardataire. Les vocables du type de rouge-gor­ge, rond-point, grand-rue doivent être traités de nos jours de mots composés formés par l'adjonction pure et simple de bases normatives différentes.

Parfois c'est la non-conformité du fonctionnement syntaxique du mot composé à celui des éléments du groupe de mots correspondant. Un qu 'en dira-t-on, un sans- le-sou, le trop-plein (de l'âme), un prêt-à-porter fonc­tionnent comme des substantifs quoique souvent il n'y ait même pas un seul substantif parmi leurs composants.

C'est aussi la non-conformité de la prononciation des éléments d'un mot composé à celle du groupe de mots correspondant. Tels sont les cas de vinaigre, béjaune (cf. à la prononciation de vin aigre, bec jaune).

La disparition d'un rapport syntaxique ancien à l'intérieur d'un vo­cable a souvent pour conséquence que ce dernier constitue un modèle de formation pour la création d'autres mots composés.

La composition est surtout caractéristique des noms.

Passons en revue les types essentiels de mots composés dans le fran­çais moderne.

Les mots composés qui ont été originairement formés à l'aide de plusieurs bases formatives: microscope, galvanomètre, bibliophile, gy­rophare, téléscaphe: les bases formatives de certains de ces composés sont reliées par les voyelles-copules -o- et -i-. hydroplane, phonographe, magnétophone, fî/moscope, technocrate, tyrannicide; franco-russe, russophile, politico-économique, vermivore, fébrifuge, horticulture.

La plupart de ces composés sont des formations savantes créées et employées dans l'une ou l'autre terminologie spéciale. Pourtant il ne faut pas en conclure que les créations de ce genre restent àjamais confi­nées dans la terminologie. Avec la vulgarisation des réalisations techni­ques et scientifiques, tout comme les autres mots savants, elles pénètrent dans la langue commune. Même des créations récentes telles que cosmo­naute, cosmodrome, gazoduc, discophile sont devenues d'un usage cou­rant.

La présence dans ces composés d'éléments latins et grecs leur confè­re souvent une portée internationale.

Par contre les autres types de mots composés sont des créations po­pulaires d'un large emploi.

Tels les substantifs composés dont le premier élément est étymologi-quement un verbe transitif (à l'impératif, conçu plus tard comme la 3' personne du singulier du présent), le second - un substantif, exprimant le régime de l'action: hochequeue, presse-purée, presse-papier, monte-char­ge, porte-clefs, tire-bouchon, porte-plume, garde-robe, passe-thé, gagne-pain, hochequeue, perce-neige, brise-glace, couvre-chef, passe-temps, couvre-lit, coupe-ongles, passe-montagne, vide-ordures, épluche-légumes, pèse-personne, porte-savon, sèche-cheveux.

L'absence de l'article devant le substantif nous autorise à qualifier ces formations de mots composés (cf.: aux groupes de mots libres correspon­dants: il tire le bouchon, il passe le temps, etc.).

Ce procédé de formation est particulièrement fécond en français con­temporain. Parmi les formations récentes nommons: lave-linge, lave-gla­ce, lave-vaisselle, porte-bébé, porte-aéronefs, remue-méninges.

Il est à signaler que dans l'ancien français certaines formations de ce genre étaient créées à l'aide d'un verbe accompagné non seulement d'un complément direct, mais aussi d'un complément indirect ou circonstan­ciel Le français moderne a conservé des traces de cet ancien procédé de formation dans les verbes composés tels que colporter - «porter sur le cou», saupoudrer- «poudrer avec du sel “, fervêtir - «обть железом». «vêtir de fer». maintenir - «tenir en main». etc. Aujourd'hui ce modèle de formation a perdu sa vitalité.

Les autres types de composés sont moins productifs. Ce peuvent être des composés représentant des substantifs formés à l'origine d'un subs­tantif et d'un adjectif dont l'ordre réciproque est archaïque: rouge-gorge, rouge-queue «горихвостка». blanc-bec, blanc-manger, rouge-barbet -« султанка (рыба)»

Un groupe semblable de composés comprend des adjectifs formés his­toriquement d'un participe précédé d'un adverbe: bienveillant, bienséant, maldisant, malfamé.

Un autre type de composés correspond à un substantif précédé d'une préposition ou d'un adverbe: avant-scène, après-dîner, contrepoison, presqu'île, etc. L'absence de l'article devant le substantif est l'indice de l'appartenance de ces formations aux mots composés (cf aux groupes de mots libres correspondants: avant la scène, après le dîner, etc.).

Tels sont les principaux modèles des mots composés. La plupart d'entre eux remontent historiquement à une construction syntaxique. Pour­tant à l'époque actuelle rien ne révèle plus cette construction syntaxique devenue un archaïsme. Il est notoire qu'un grand nombre de ces forma­tions n'ont jamais été conçues comme étant des constructions syntaxi­ques, étant créées spontanément sur les modèles existants: brise-glace, gratte-ciel, chasse-neige. Dans le français moderne tous ces types de com­posés peuvent être considérés comme étant directement formés par la simple adjonction de bases formatives différentes.

§ 47. Le télescopage. Par ce procédé on forme des mots issus de la fusion de deux mots exprimant des notions contiguës [23, p. 245-248J. Ainsi, sur le modèle de motel > mo[tor (car)] + [hô]tel - formation anglo-américaine - on a créé en français aquatel- «hôtel flottant qui se déplace sur l'eau» de aqua[tique] et [hô]tel. Ces formations sont très en vogue à l'heure actuelle. Citons, entre autres, cybernation de cybern[étique] et [autom]ation, t élésiège de télé[férique] et siège, altiport - «petit aéro­drome qui dessert une station de montagne» de alti[tude] et port, diathèque de dia[positive] et -thèque. eurovision de euro[péen] et [télé]vision, franglais de fran[çais] et [an]glais, panlacourt de panta[lon] et court, restaurante de restau[rant] et route, universiade - «compétition sporti­ve internationale entre équipes universitaires» de univers[ité ] et [olymp]iade, vertiport de verti[cal] et [air-]port - «terrain destiné à l'atterrissage et au décollage des hélicoptères et des avions à décollage court», futurible de futur et [poss]ible, synonyme de futurologue.

Ce procédé économique et baroque à la fois est utilisé, d'une part, dans la publicité et dans certaines terminologies, et de l'autre, dans le langage parlé familier où il sert à fabriquer des mots plaisants comme applaudimètre de applaudi[ssements] et mètre, copocléphile de co[lleclionneur], de po[rte]-clé et phile, gastronomade de gastro[nome] et nomade.

§ 48. L'abréviation. Le français parlé qui de tout temps a répugné aux mots trop longs continue à les abréger, surtout lorsque l'aspect en révèle l'origine savante. Cette tendance à l'abréviation s'est considéra­blement accrue depuis la fin du XIXe siècle.

On distingue différents types d'abréviations. Parmi les plus fréquen­tes sont les troncatures telles que amphi[théâtre] - «salle de cours». auto[mobile], cyclo [moteur], baro[mètre], dactylo [graphe], kilogram­me], loco [motive], métropolitain], micro[pnone], phono[graphe], photo [graphe], polio [myélite], stéréo [phonique], télévision] (f), télé-[viseur] (m), taxi[mètre], vidéo[phonie] qu'on forme en laissant tomber le deuxième élément d'un mot composé. Ces formations apparues dans le parler du peuple de Paris pénètrent de plus en plus dans la langue littérai­re.

Ce mouvement est allé encore plus loin: on rejette une ou plusieurs dernières syllabes sans se soucier de ce que ces syllabes représentent ou non un morphème. L'abréviation s'effectue même lorsque les syllabes retranchées paraissent être indissolublement liées au corps même du mot af[faire], anar[ chiste], accu[mulateur], bac[calauréat], collabo[rationniste], aéb[utante]- « jeune fille qui débute dans la vie mondaine». puis «très jeune fille». édito[rial], écolo[giste], fac[ulté], fortif[ication], imper[méable], labo[ratoire], lino[léum], manif[estation], para[chutiste], philo[sophie], réac[tionnaire], sana[torium], frigo[rifique], hebdo[madaire], provo[cateur,-cation], pub[licite], rétro[grade], réac[tionnaire], l'Huma[nité] et même Saint-Êx (Saint-Exupéry).

Parfois on remplace ces syllabes retranchées par un -o final qui re­présente un pseudo-suffixe populaire: anarcho < anarchiste, apéro < apéritif, camaro < camarade, convalo < convalescent, mécano < mécani­cien, métallo < métallurgiste, Montparno < Montparnasse, pharmaco < pharmacien, populo < populaire, prolo < prolétaire, proprio < proprié­taire.

Généralement on réduit le mot par l'ablation des syllabes finales (ap o -cope), toutefois l'ablation des syllabes initiales (aphérè se) est possi­ble: pitaine < capitaine, cipal < (garde) municipal, Ricain < Américain: signalons aussi chandai l formé de marchand d'ail.

Un tout autre type d'abréviations est représenté par les sigles, c'est-à-dire des mots formés par la prononciation des lettres ou des syllabes initiales des composants de quelque locution, par exemple: C.G.T. -«Confédération générale du travail», P.C.F. - «Parti communiste fran­çais». O.N.U. - «Organisation des nations unies». P.N.B. - «Produit national brut», R.E.R. - «Réseau Express Régional». R. T.F. - «Radio­diffusion -télévision française». S.N.C.F. - «Société nationale des che­mins de fer français», I. G.A.M ou igame - «Inspecteur général en mission extraordinaire», Z.U.P. - «Zone à urbaniser en priorité». D.C.A. -«Défense contre avions». T.G. V. - «Train à grande vitesse». E.N.A. -«École nationale d'administration», C.A.P.E.S. - «Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement secondaire. D.E. U.G. - «Diplôme d'étu­des universitaires générales» qui sanctionne le premier cycle de l'ensei­gnement supérieur en France: BD - «Bande dessinée». GR - «(sentier de) Grande randonnée», OVNI - «Objet volant non identifié», HLM-«Habitation à loyer modéré». PDG - «Président - directeur général». S.F. - «Science-fiction». ORL - «Oto-rhino-laryngologue». Bénélux -Belgique. Néerlande (Pays-Bas). Luxembourg. TOM - «Territoires d'Outre-Mer».

Les abréviations de ce genre sont généralement des tenues diffé­rents. La vitalité de certaines de ces formations se manifeste par le fait qu'elles servent de base à de nouvelles créations, par exemple: cégétiste - «membre de la C.G.T.», igamie - «circonscription comprenant plu­sieurs départements et administrée par un igame», onusien - «membre de l'O.N.U.», zupéen, -ne - «habitant d'une Zup», énarque - «ancien élève de l'E.N.A», capésien - «étudiant, professeur titulaire du C.A.P.E.S.».

La création de sigles est une des tendances les plus accusées du fran­çais actuel qui s'est surtout manifestée à partir de la deuxième moitié du XXe siècle. Il arrive que les sigles deviennent un handicap au cas où l'on doit les décoder. Nous citerons à l'appui les paroles de G. Molinié: «Une institution à siglaison étrangère comme l'UNESCO verra peu d'indivi­dus capables de développer en clair l'énumération des mots dont on a la suite d'initiales: United Nations Educational Scientific andCultural Or­ganisation, ce qui n'empêche pas, ajoute-t-il, de savoir très bien (c'est-à-dire très en gros) de quoi on parle» [31, p.55].

Ce n'est qu'avec une certaine réserve qu'on peut ranger l'abrévia­tion parmi les procédés de formation. Par l'abréviation on ne forme pas tant des mots nouveaux que des variantes, généralement des variantes stylistiques de mots existants. Si métro, auto, cinéma, stylo, dactylo ont effectivement enrichi le français en triomphant de leurs formes complètes initiales, prof, récré, perme, colon, expo ne sont que des variantes stylis­tiques de professeur, récréation, permission, colonel, exposition. Il en est de même pour les sigles qui présentent «les doubles» des locutions correspondantes.

Les défenseurs du bon style s'opposent à l'emploi abusif de l'abré­viation1 surtout lorsqu'on mutile des mots authentiquement français d'un emploi commun qui ont subi l'épreuve du temps (cf.: colon - pour «co­lonel», couverte pour «couverture»

§ 49. Le redoublement et la déformation des mots. Tout com­me l'abréviation le redoublement et la déformation mènent avant tout à l'apparition de variantes de mots déjà existants et non point à la création de nouvelles unités lexicales. Les unités formées par redoublement (l'élé­ment redoublé peut être une syllabe et même un son) reçoivent générale­ment des nuances mélioratives et familières. Tels sont, entre autres, fifils pour «fils», pépère ou pépé pour «grand-père», mémère ou même -«grand-mère», tata, tati(e) - «tante», tonton - «oncle», nounou -« nourrice»; pour «fille» on dira fifille qui peut pourtant prendre aussi une nuance ironique (la fifille à papa).

Le redoublement est typique des prénoms: Mimile, Juju, Titine -pour Emile, Julie, Augustine.

La déformation s'effectue par des procédés divers dont la pseudo­suffixation argotique, le verlan, Pargonji. Elle peut être illustrée par: boutanche - «bouteille», fastoche - «facile», dodo - «clochard», valdingue - «valise», cuistance - «cuisine». Dans tous ces cas il y a effectivement variantes du fait que les modifications de l'unité n'affec­tent pas la notion qui est le noyau de la signification, mais portent uni­quement sur les valeurs connotatives. Toutefois si la modification d'un mot s'accompagne d'un changement plus radical, précisément de la no­tion ou de la classe grammaticale, on devra constater l'apparition d'un mot nouveau. Ainsi pour roudoudou, désignant une sorte de confiserie, l'influence de doux qui était à l'origine de sa formation n'est plus sentie, burlain n'est pas un bureau, mais un employé de bureau, relou qui est une déformation de lourd a pris le sens de «ennuyeux» (cf.: rem, qui étant formé par le même procédé de mère, en est une variante).

Les variantes et les mots formés par la déformation pullulent dans le langage populaire et l'argot qui utilisent largement les vocables de la langue commune.

§ 50. L'onomatopée. Par l'onomatopée, signifiant proprement «for­mation de mots», on appelle à présent la création de mots qui par leur aspect phonique sont des imitations plus ou moins proches, toujours conventionnelles, des cris d'animaux ou des bruits différents, par exem­ple: cricri, crincrin, coucou, miaou, coquerico, ronron, glouglou, frou­frou.

Ce procédé de formation offre une particularité par le fait qu'il s'ap­puie sur une motivation naturelle ou phonique qui s'oppose à la motivation intralinguistique caractéristique de tous les autres procédés de forma­tion.

L'onomatopée est d'une productivité restreinte, ce qui s'explique en particulier par le caractère relativement réduit des sons perceptibles par l'oreille humaine. Signalons pourtant les créations récentes: bang [bâg] -«bruit produit par un avion supersonique», glop - «bruit ressem­blant à un cœur qui bat», yé-yé - formé par imitation du refrain d'une chanson américaine (de «yeah... yeah», altération de «yes»), blabla-(bla) employé familièrement pour «bavardage, verbiage sans intérêt». boum - «bruit sonore de ce qui tombe ou explose, baraboum! imitant un bruit de chute, bim! et bing! qui évoquent un coup.

§ 51. Les difficultés de l'analyse formative. Il est important de ne pas confondre l'analyse formative avec l'analyse morphémique. L'analy­se morphémique vise à déceler la quantité et la qualité des morphèmes constituant un mot (a-lun-iss-age), autrement dit, elle permet d'en établir la composition morphémique. L'analyse formative met en évidence l'or­ganisation des morphèmes d'un mot conformément à un modèle de for­mation, elle en révèle la structure formative (aluniss-age). Ces deux types d'analyse se trouvent dans une certaine interdépendance et constituent des variantes de l'analyse morphologique.

À une époque donnée l'analyse formative des mots s'effectue géné­ralement sans encombre; leurs éléments constitutifs se laissent aisément dégager. Tels sont les cas de patriotisme, activité, gratte-ciel. Où est la cause de cette facilité avec laquelle ces mots se laissent décomposer? Si l'on examine le dérivé activité on s'aperçoit que ses éléments constitutifs se retrouvent avec la même valeur sémantique dans d'autres mots, activ -dans actif(-ve). activement, activiste, -ité dans suavité, agilité, vénali­té. Il en est de même pour patriotisme et gratte-ciel La présence des éléments constitutifs d'un mot dans d'autres mots avec la même valeur sémantique est la condition nécessaire qui en permet l'analyse morpholo­gique et formative.

Toutefois à des époques différentes le même mot se prête à un degré différent à l'analyse formative: un mot qui originairement était dérivé ou composé peut devenir au cours de son développement un mot-racine, ou autrement dit, un mot simple. Ce processus ne s'effectue pas d'un coup, brusquement, mais graduellement, par étape. Un mot simple envisagé dans son sens propre est un mot immotivé dont les éléments qui le composaient à l'origine ne se laissent plus dégager. Pourtant des cas intermédiaires, transitoires où le mot est partiellement motivé se pré­sentent lorsqu'un des éléments peut être encore isolé, tandis que l'autre ne se dégage plus. Ce sont les cas de soleil, montagne dont seule la base formative se laisse vraiment dégager (cf.: solaire - inso­lation; mont - ïnontueux), tandis que -eil, -agne ne peuvent plus être considérés comme de véritables suffixes. Des cas analogues se présen­tent dans secrétaire, ovation où seul le suffixe se dégage encore (-aire, désignant l'homme -. fonctionnaire, antiquaire; -ation exprimant l'action: organisation, protestation).

Les causes de la transformation d'un mot composé ou dérivé en un mot simple sont bien diverses. Ce peuvent être:

- le changement du sens d'un mot; ainsi, panier, grenier, barricade, pommade ne se rattachent plus à pain, grain, barrique, pomme;

- l'effacement de l'image que le mot évoquait originairement com­me dans -. prunelle, chenet, venelle, chevalet, plafond où la comparaison à uns petite prune, à un petit chien, etc., ne se perçoit plus;

- la déviation de l'aspect phonique du mot dérivé ou composé de celui du mot générateur, par exemple, courage, cf.: cœur; bocage, cf.: bois;

- la disparition du mot générateur, par exemple, ordure, cf.: a.fr. ord -«sale, sordide»; orage, cf.: a.fr. ore - «vent»; taudis, cf.: a.fr. (se) tauder - «(s') abriter», balafre de l'a.fr. leffre - «(grosse) lèvre».

A ce processus morphologique qu'on pourrait conventionnellement qualifier de «simplification» du mot s'oppose le processus qui est connu dans la linguistique française sous le terme d'«irradiation» (ter­me introduit par M. Bréal) et dans la linguistique russe sous le terme de «décomposition» - «pa3.no>KeHne». D'après E. Pichon, ce processus consiste en ce qu'un fragment de vocable peut se trouver «...porteur d'une charge sémantique qu'il ne tenait point du tout de sa constitution phonétique primitive, mais du sens total du vocable dont il venait de se détacher.»'.


Дата добавления: 2015-12-08; просмотров: 110 | Нарушение авторских прав



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